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Critique du livre “Jeunes filles sur la route” de Tania Boteva-Malo

27 mai 2009
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Tania Boteva-Malo sur la route de la vie

Née en Bulgarie, elle est très jeune inscrite à l’Alliance française par son père, ancien étudiant à la Sorbonne. Diplômée de Lettres françaises à l’Université de Sofia, elle vit désormais en Belgique et partage sa vie entre ses deux passions : le cinéma (elle réalise en 1995 le court métrage « Jeux de miroir ») et la littérature.

 

Ce premier livre est court (160 pages) mais très dense. Composé de cinq nouvelles, il serait vain d’en résumer chaque histoire. Construites comme des tableaux, elles nous plongent dans l’esprit de Katia à travers le visage des autres. D’abord la jeune mère abandonnée par l’homme qu’elle aime, puis sa grand-mère morte Todora, celui de ses amours tourmentées et enfin celui de sa mère à l’instant de la mort.

A travers Katia, qui, à la fois forte et faible, doit détruire pour mieux comprendre, l’auteur nous livre des récits d’hommes et de femmes en souffrance, contes cruels et intimistes dont on ne ressort pas indemne. Si l’écriture est parfois complexe, construite comme autant de pensées que le personnage peut avoir et de sentiments qu’il éprouve, elle est de toute beauté, empreinte de mélancolie et de poésie douloureuse sur la vie qui s’écoule. Comme des jeux de miroirs, les nouvelles se répondent.

 

La romancière aborde ici des thèmes qui nous touchent directement avec une justesse de ton qui leur confère une gravité et une force insoupçonnable, qu’elle parle d’incompatibilité, de désir, de désillusion ou de vieillesse, cela sonne juste

« Un jour je serai comme elle. Un jour mes jambes ne me serviront qu’à marcher, mes fesses à m’asseoir, ma bouche à manger, à boire, à parler. Un jour mon corps flétri par la vieillesse, les yeux des hommes ne me caresseront plus dans la rue, ce jour-là aurai-je encore envie de vivre ? » (p49)
« Jeunes fille sur la route » est une magnifique œuvre littéraire, viscérale et sensible qui fait de Tania Boteva-Malo une auteure à suivre et à reconnaître. Belle révélation !

 

« J’ai entendu dire qu’après la mort les gens ont des visages sereins, presque embellis. Un état de repos éternel qui leur donne cette expression absente, une absence tranquille, quelque chose que les vivants n’ont pas, même quand ils dorment… » (p44)

 

Amélie Sudrot

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