La Mère – Petit Théâtre de Paris
Pour signifier l’enfermement, la folie même de la mère désœuvrée, Florian Zeller a choisi le thème de la répétition, de la variation sur un même thème avec des scènes qui se suivent et se ressemblent : ainsi se déroule le quotidien d’Anna, perdue entre un mari qu’elle soupçonne de la tromper lors de ses voyages d’affaires, et un fils qui ne retourne pas ses appels.
Dans un décor froid, clinique presque, sa paranoïa, ses fantasmes, ses délires résonnent sur le plateau pour mieux faire écho à son désespoir.
Dans le rôle de cette mère déchirée, Catherine Hiegel est exceptionnelle. Véritablement habitée par les soupçons qui la rongent, elle se métamorphose avec passion. Entre répliques au vitriol teintées d’un féroce humour noir et naufrage d’une femme délaissée, elle transporte le public du rire à l’émotion la plus poignante. Et comme pour mieux mettre en valeur personnage central, la mise en scène angoissante de Marcial Di Fonzo Bo semble l’enfermer sur le plateau aussi bien que sur elle-même, entre les quatre murs de sa folie.
Sombre et magnifique
Autour d’elle, Jean-Yves Chatelais dans le rôle du mari et Clément Sibony dans celui du fils incarnent avec sobriété et justesse les deux hommes de sa vie, aucun d’eux à la hauteur de cette femme qui à la fois les aime et les traîne dans la boue. Olivia Bonamy interprète à la fois la fille mal aimée, l’infirmière, la maîtresse présumée du mari et surtout, la petite amie détestée du fils. Aussi jeune et épanouie qu’Anne se sent vieille et frustrée, elle est, dans chacun de ses rôles, une autre incarnation de la femme que la mère regrette de ne plus être.
Le principal atout de cette production est donc Catherine Hiegel, qui construit un personnage à la fois diabolique et attachant, monstrueux et si compréhensible. Si la narration, complexe, touche parfois à la confusion, cela ne saurait altérer les qualités de cette pièce, puissante évocation du désœuvrement d’une femme qui a dévoué sa vie à sa famille, et qui sombre dans la dépression une fois cette raison de vivre évaporée. Personne ne ressortira intact de ce sombre, et pourtant magnifique tableau.
Audrey Chaix
enjoy the theatre
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La Mère
De Florian Zeller
Mise en scène de Marcial Di Fonzo Bo
Avec Catherine Hiegel, Jean-Yves Chatelais, Clément Sibony, Olivia Bonamy
Jusqu’au 2 janvier 2011
Du mardi au samedi à 21h, le samedi à 18h, le dimanche à 16h
Tarifs : 42 € (cat. 1), 33€ (cat. 2), 10 € pour les moins de 26 ans, dans la limite des places disponibles
Petit Théâtre de Paris
15, rue Blanche
75009 Paris
M° Blanche ou Trinité d’Estienne d’Orve
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