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Hugh Coltman – interview

8 juillet 2012
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« J’en avais vraiment marre du groupe à l’époque. »

Peux-tu me raconter ton itinéraire musical, de ton groupe à ta carrière solo ?

Hugh Coltman : Si tu chantes ce qu’il y a sur ton bras (un tatouage avec les accords de la chanson Don’t Look Back In Anger d’Oasis) ! C’est la première fois que je vois ça !

[S’installe directement une discussion sur le défunt groupe des frères Gallagher et sur le projet solo de l’aîné de la fratrie. Et à Hugh de reprendre sur le hit-maker : je suis allé voir Paul Weller en concert et il y avait Noel en première partie. Là, tu te dis : « Ok, en fait je connais toutes ses chansons ! ». C’était fou… Il y a très peu d’artistes qui peuvent faire quarante-cinq minutes de scène avec que des hits.]

J’ai sorti un disque fin 2008 (« History From The Safe House ») qui était un peu l’achèvement de ce que je désirais faire après mon groupe (The Hoax). Je suis venu en France au début des années 2000 où j’ai tenté ce que je n’avais jamais essayé avec mon ancien groupe… On a fait une tournée pendant quasiment deux ans, soit un peu plus que dans les cas habituels dans la musique et je sors un deuxième disque le 24 Septembre (« Zero Killed »).

Tu as quitté The Hoax en 1999… Vous vous êtes reformés en 2008 pour une tournée. Pourquoi ?

Pourquoi ? J’en avais vraiment marre du groupe à l’époque où je l’ai quitté. Même si c’est une musique qui m’est proche et que j’aime, j’ai entendu plein d’autres choses… On a fait sept ou huit dates en Angleterre, cinq ou six au Pays-Bas et en Belgique, et je me suis rendu compte que c’était bien comme ça. En fait, tu ne vas pas demander à Led Zep de faire du Beatles. Avec ce groupe, j’étais plutôt chanteur que compositeur et au fur et à mesure, je commençais à avoir des idées de chansons et c’était finalement différent de ce qu’il faisait eux (les autres membres du groupe) ! Je me suis éloigné, j’ai fait mon truc à moi, je me suis construit une confiance comme auteur-compositeur en faisant ici (en France) les scènes ouvertes, en jouant dans le métro, en arrivant de nulle part… J’ai engendré suffisamment de confiance sur mon projet personnel pour ensuite  accepter de rejouer avec eux pour quelques dates. J’ai beaucoup aimé parce que c’est vraiment une autre énergie, avec deux gros guitaristes qui font pas mal de solos…

Cela fait pas mal de temps que tu es en France. Que penses-tu de la culture française par rapport à la culture britannique, en général ?

C’est quand même une énorme question ça ! Tu as combien de temps là ? C’est hyper différent ! Pour la culture musicale actuelle, je pense qu’il y a un complexe d’infériorité en France… Cependant par rapport à mon disque, je ne sais pas si j’aurais pu signer avec une major en Angleterre parce que là-bas c’est soit des nouveautés, soit des grosses m….. commerciales (musique indé exclue précise-t-il). En France, il y a quand même une ouverture, comme par exemple avec The Dø, (duo franco-finlandais), un groupe extra… Je trouve qu’il est logique qu’ils aient signé en France et pas ailleurs parce qu’ici, il y a aussi moins d’à priori par rapport à l’âge. Par exemple moi, j’ai sorti mon premier album (solo) à trente-cinq balais ! Avec mon ancien groupe, ce n’était pas les mêmes conditions pour tourner en Angleterre.

Oui, mais vous fonctionniez pas mal tout de même…

Oui ! On était entre guillemets l’un des premiers groupes de blues à sortir un disque chez une major depuis les Stones quoi, ou Fleetwood Mac ! Aujourd’hui, ça aurait encore été possible quand tu vois les Black Keys. Ce qu’on faisait n’était pas éloigné des Black Keys… (il étend le sujet, comme pour se rappeler aux bons souvenirs) Je me rappelle d’une fois où on devait faire une séance photo pour notre deuxième disque : un grand photographe de Londres était venu nous voir dans nos patelins et il nous disait : “non non les gars, ne souriez-pas, je viens de prendre Metallica en photo et eux ne sourient pas !” … On est aussi passés à Jools Holland (une grande émission de télé), je suis passé en costume spiderman, fabriqué pour moi par la maman de l’un des guitaristes ! A l’époque, ça marchait un peu, surtout avec la musique que c’est (le genre) mais nous on a fait deux albums avec une major et un autre à nous qui s’est vendu bien autant que les deux précédents !

D’où viennent tes inspirations, tes références ?

Mes inspirations sont très anglophones ! Même si je parle bien le français, j’ai du mal à comprendre les jeux de mots des grands compositeurs français…

Ton deuxième disque sera-t-il dans un style un peu différent ?

J’ai toujours les mêmes appréciations dans la musique, je ne fais pas de l’électro minimale ! J’ai eu la chance de faire le premier disque (solo) avec un batteur qui s’appelle Raphael Chassin, qui a un jeu de batterie que j’apprécie… J’ai écrit des chansons en tournée pour qu’on puisse les jouer en balances…

Y a-t-il des rencontres qui ont été déterminantes plus que d’autres pour toi ?

Oui, il y a Spleen. C’est un mec que j’ai rencontré quand j’étais à la Flèche d’Or pour les scènes ouvertes. Lui jouait aussi, j’ai beaucoup apprécié, on s’est revus après et on a démarré un groupe (Heez Bus)… C’est largement grâce à lui que j’ai pu signer. Ensuite, il y a eu Krystle Warren, une énorme chanteuse…  On était signés sur le même label et elle m’a envoyé un message des Etats-Unis en disant « j’aime bien ce que tu fais »; alors j’ai écouté sur son site ce qu’elle faisait et petit à petit, une relation d’amitié s’est installée… Chaque fois qu’elle me montre une nouvelle chanson, c’est construit à la manière de Johnny Mitchell !  

« Dans Blur, ils étaient plus intelligents »

Te considères-tu comme un artiste blues, pop ?

(Pensif) Aucune idée. Moi j’écris des chansons avec mes influences. Peut-être qu’un jour je travaillerais avec Beck, peut-être que je sortirais un album électro, je ne sais pas. Quand je pense à écrire une chanson, je prends une guitare, un ukulélé ou un piano. Mes influences viennent de la discographie Jazz de ma mère, découverte quand j’avais 18 ans et de mon groupe… Il y a une différence entre ce que l’on est et ce que l’on fait. Par exemple, ce n’est pas parce que j’aime bien une chanson des Hives que je vais faire du Hives ! De manière générale, je pense que j’aurais toujours du blues ou de la soul en moi parce que c’est ce qui m’a bercé !

Plus Rolling Stones ou Beatles ?

J’aimerais bien être plus Rolling Stones mais je crois que je suis plus Beatles ! J’adore les Stones par rapport à mon ancien groupe mais maintenant que j’ai le moyen de m’épanouir dans ce côté un peu plus rock’n’roll  (il est très évasif)…

On parlait d’Oasis tout à l’heure… Alors, Blur ou Oasis ?

Blur ! En fait, ce qui fait chier avec Oasis, c’est le chanteur, je ne l’aime pas ! Prends l’exemple des Beatles qui ont dit : nous sommes plus connus que Jésus. C’était parce que Lennon avait une grande gueule mais en même temps c’était vrai ! Oasis, désolé mais malgré de très bonnes chansons, l’attitude ne suit pas ! Dans Blur, ils étaient plus intelligents. Country House est une super chanson, Charmless Man aussi… Ils avaient ce deuxième degré dans les chansons, comme Oasis parfois (il chante un couplet de She’s Electric) mais tout le reste était vraiment trop « chansons de stades ».

[S’en suit un débat sur les reformations en général, et notamment celle de Blur en 2009]. Et à Hugh de continuer : J’ai vu Primal Scream il y a quelques mois. A l’époque, c’était l’un des groupes « in » en Grande-Bretagne et maintenant, c’est devenu un sous Stones avec un Bobby Gillespie qui a une cinquantaine d’années… Pareil, les Inspiral Carpets se reforment… C’est fou parce que c’étaient les groupes de mon adolescence et les gens voient ça comme un revival. Si c’est ça, moi je préfère alors voir Kiss !

Quelle est la chose la plus rock’n’roll que tu aies fait?

J’en ai une bonne ! On jouait avec mon ancien groupe dans un camp de vacances où il y avait une espèce de salle des fêtes. Je ne sais pas pourquoi on avait été bookés là-bas mais il fallait bien jouer quelque part (rires). Un moment donné, je me prenais pour Roger Daltrey (The Who) alors je faisais tourner mon micro en hélico, j’ai lâché le câble et il est resté accroché au plafond. Les autres continuaient à jouer les solos et moi je tirais sur le câble pour que le micro redescende. A la fin des solos, je me retrouve avec le micro dans la main pour recommencer le couplet ! Après évidemment, putes et coke (rires)!

 
Propos recueillis par Olivier Cougot

Remerciements à BETC Music pour nous avoir accueillis pour la promo de l’artiste
 

Hugh Coltman – Zero Killed – en digital depuis le 7 mai 2012

Stories From The Safe House (ULM/Universal) – octobre 2008

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