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Edward Hopper – Grand Palais

16 juillet 2012
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Grand Palais

Conçue chronologiquement, elle se compose de deux grandes parties ; la première consacrée aux années de formation (de 1900 à 1924), rapproche les œuvres de Hopper de celles de ses contemporains, de celles, découvertes à Paris, qui ont pu l’inspirer. La seconde partie de l’exposition est vouée à l’art de la maturité, des premières peintures emblématiques de son style (House by the Railroad, 1924), à ses œuvres ultimes (Two Comedians, 1966). 

Hopper intègre l’atelier de Robert Henri à la New York School of art dans les premières années du XXe siècle. Figure haute en couleur, Henri sera, en 1908, le fondateur d’une « école de la poubelle » (Ashcan school), dont l’intitulé dit assez le parti pris de réalisme sans concession auquel étaient attachés les plus radicaux de ses membres. 

L’évocation des séjours parisiens de Hopper (en 1906, d’abord, où il passe près d’une année, puis, pour des périodes plus courtes en 1909 et en 1910) donne lieu au rapprochement de ses peintures avec celles qu’il découvre dans les galeries, les Salons parisiens. Degas lui inspire des angles de vus originaux, le principe poétique d’une « théâtralisation » du monde. A Albert Marquet, il emprunte la structure massive de ses vues des quais de Seine. Avec Félix Vallotton, il partage le goût d’une lumière inspirée de Vermeer. De Walter Sickert, il retient l’iconographie des lieux de spectacle, la peinture d’une chair damnée. A Paris, Hopper adopte le style de l’Impressionnisme, une technique qui lui semble avoir été inventée pour dire l’harmonie, le plaisir sensuel. 

De retour aux Etats-Unis, Hopper adopte le réalisme ingrat de Bellows ou de Sloan, celui de cette Ashcan school dont il partage la vision dystopique. Pour gagner sa vie, il pratique une illustration commerciale que présentera l’exposition parisienne. C’est par la pratique de la gravure (à partir de 1915), que s’opère la métamorphose à l’issue de laquelle se « cristallise » (la formule est celle de l’artiste) la peinture de Hopper. Une salle de l’exposition est consacrée à l’œuvre gravé de l’artiste américain. 

L’année 1924 marque un tournant dans la vie, dans l’œuvre de Hopper. L’exposition, au musée de Brooklyn, de ses aquarelles des résidences néo victorienne de Gloucester, leur présentation à la galerie de Franck Rehn, lui  valent une reconnaissance, un succès commercial qui vont lui permettre de se consacrer exclusivement à son art (il n’avait jusque-là vendu qu’un seul tableau, lors de l’Armory Show en 1913). Les aquarelles de Hopper ouvrent le second grand chapitre de l’exposition, qui présente les tableaux emblématiques du style, de l’iconographie du peintre américain. Un parcours chronologique permet de mesurer la continuité de son inspiration, le travail d’approfondissement de ses sujets de prédilection : les architectures qu’il dote d’une identité quasi « psychologique » (House by the Railroad, 1924, MoMA), les personnages solitaires abîmés dans leur pensées (Morning Sun, 1952, Columbus Museum of art), le monde du spectacle (Two on the Aisle, 1927, Toledo Museum of art), les images de la ville moderne (Nightawks, 1942, Art Institute Chicago). 

Le réalisme apparent des peintures de Hopper, le processus mental et abstrait qui prévaut à leur élaboration, destinent ces œuvres aux revendications les plus contradictoires. Bastion de la tradition réaliste américaine, le Whitney Museum of art consacre à son œuvre des expositions régulières. C’est toutefois le MoMA de New York, temple du Formalisme qui, en, 1933, lui consacre sa première rétrospective. Son Directeur, Alfred Barr, salue un peintre qui « parvient dans nombre de ses peintures à réussir des compositions intéressantes d’un point de vue strictement formel. » 

Cette complexité de l’œuvre de Hopper la place au croisement des deux définitions historiques de la modernité américaine : celle issue de l’Ashcan school qui revendique le principe baudelairien d’une modernité liée au sujet, celle issue des leçons de l’Armory Show qui, en 1913, révèle au public américain le formalisme des avant-gardes européennes (cubisme et cubo futurisme). Dans les années cinquante, l’étrangeté « surréelle », la dimension « métaphysique » de sa peinture vaut à Hopper d’être rapproché de De Chirico. Au même moment, dans les colonnes de la revue Reality, le peintre s’associe aux artistes du réalisme américain pour dénoncer l’art abstrait qui, selon eux, submerge collections et musées. 

Quelques mois à peine après la mort de l’artiste, réconciliant réalisme et art d’avant-garde, le commissaire de la section américaine de la Biennale de Sao Paulo Peter Seltz organise une exposition des œuvres de Hopper qu’il associe à la génération des artistes Pop. 

Aux mêmes dates au Grand Palais : 

  •  Bohèmes (du 26 septembre 2012 au 14 janvier 2013)

Edward Hopper

Commissaire : Didier Ottinger, directeur adjoint du MNAM – Centre Pompidou. 
Scénographie : agence bGc studio 

Du 10 octobre 2012 au 3 février 2013
Du mercredi au samedi, de 10h à 22h
Les dimanches et lundis, de 10h à 20h 

Pendant les vacances scolaires : ouvert tous les jours de 9h à 22h 

Du mardi 29 janvier au jeudi 31 janvier l’exposition sera ouverte de 9h à 23h puis jour et nuit du vendredi 1er février 9h au dimanche 3 février 23h, soit 62h d’ouverture sans interruption. 

Tarifs : 12 € // 8 € (16-25 ans)
Gratuit pour les bénéficiaires du RSA et du minimum vieillesse et nouveau, gratuit jusqu’à 15 ans (au lieu de 13 ans) 

Pendant la période de prolongation : la gratuité est étendue aux moins de 16 ans.

audioguides : 5€ : français, anglais, espagnol, allemand, italien, jeune public 

Grand Palais
Entrée Champs-Elysées
M° Champs-Elysées-Clemenceau


A découvrir sur Artistikrezo : 
– Les grandes expositions parisiennes en octobre 2012
 et décembre 2012

[Visuel : Vue depuis la Tour Eiffel, le Grand Palais, Paris, (France). Auteur : Gérard Ducher (user:Néfermaât). Licence Creative Commons Paternité – Partage des conditions initiales à l’identique 2.5 générique] 

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