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La Fille du régiment – Opéra Bastille

19 octobre 2012
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La Fille du régiment - Opéra Bastille

Ce qui est rare est précieux avons-nous l’habitude de dire. Car cela faisait bien longtemps que cette Fille du régiment n’avait pas été présentée à Paris. Certes, la mise en scène a déjà fait le tour du monde. Mais il ne manquait plus que notre capitale pour faire résonner ce coq si fier et si français. Oui, il est des moments dans la vie d’un amateur d’opéra qui restent gravés dans les mémoires. La représentation de cette production parisienne fera définitivement partie de ces instants. La raison ? Avant tout la présence du ténor péruvien Juan Diego Florez qui après son fameux air « Ah mes amis quel jour de fête » a récolté un tonnerre d’applaudissements comme on n’en avait plus entendu depuis fort longtemps à Paris. Et cela fait du bien !

Ce n’est pas tout. Dans le Classica du mois de septembre dernier, une interview de Natalie Dessay  présageait le pire. La soprano préférée des Français y affirmait sa fatigue, ses problèmes de santé et ses multiples amertumes. Pourtant, c’est l’inverse qui a pointé son nez sur la scène Bastille : une jeune fille emplie d’entrain, de vivacité et d’énergie à revendre, aux aigus toujours aussi limpides. Et comme deux ne va jamais sans trois, l’immense baryton Alessandro Corbelli en Sulpice s’ajoute à eux avec un français aux connotations d’accent du sud-ouest et un jeu d’acteur sans faille. En tout point de vue un trio qui fait des merveilles.

« Salut à la France ! »

Mais comme chacun sait, nous sommes en temps de crise et il faut remplir les salles. Raison pour laquelle l’Opéra Bastille a certainement été choisi pour présenter cette production. Bémol, cet opéra-comique n’a rien à faire dans cette immense salle où les dialogues retravaillés par Agathe Mélinand sont à peine audibles. Un mal pour un bien, le décor en forme de carte pliante de Chantal Thomas est lui à « taille humaine » et fonctionne à merveille. Il faut dire que la mise en scène de Laurent Pelly est d’une belle inventivité remplie d’innocence. Saupoudrée d’un humour british raffiné, celle-ci rappelle ses mises en scène offenbachiennes dont l’opéra lui-même porte de nombreuses références avant l’heure. La France peut être fière de ce metteur en scène réputé à travers le monde comme elle peut être fière d’avoir accueilli chez elle jusqu’à leur disparition les compositeurs italiens les plus reconnus entre Rossini, Bellini et Donizetti lui-même.

Capture_decran_2012-10-19_a_19.19.40Il ne faudra pas omettre les seconds rôles qui gravitent autour du trio, à commencer par le Chœur de l’Orchestre National de Paris. Celui-ci s’affirme de production en production comme une référence en la matière. Quel bonheur d’entendre à ses côtés Francis Dudziak (Hortensisu) qui sait se doter d’une expression française parfaite tandis que Dame Felicity Lott s’amuse avec son accent british forcément de circonstance. Et n’oublions pas Doris Lamprecht qui campe une Marquise de Berkenfield resplendissante.

Un opéra d’une simplicité ennuyeuse pour certains (quelque peu vrai), un opéra follement revigorant pour d’autres (quelque peu vrai aussi), voici en tout cas une production accessible pour tous et qui remplit bien son rôle : faire découvrir l’art lyrique au plus grand nombre. On ne peut que s’en réjouir.

Edouard Brane
Twitter : Cinedouard

A lire sur Artistik Rezo : 
– La Fille du régiment – triomphe de la nouvelle distribution

La Fille du régiment 

Marco Armiliato, direction musicale
Laurent Pelly, mise en scène et costumes

Chantal Thomas, décors // Joël Adam, lumières // Laura Scozzi, chorégraphie // Agathe Mélinand,  dramaturgie et adaptation des dialogues) // Patrick Marie Aubert, chef du Choeur

Natalie Dessay (15, 18, 21, 24, 27 et 30 oct.) / Desirée Rancatore (2, 6, 8 et 11 nov.), Marie
Doris Lamprecht, La Marquise de Berkenfield
Dame Felicity Lott, La Duchesse de Crakentorp
Juan Diego Florez (15, 18, 21, 24, 27 et 30 oct.) / Celso Albelo (2, 6, 8 et 11 nov.),  Tonio
Alessandro Corbelli, Sulpice
Francis Dudziak, Hortensius
Robert Catania, un Paysan
Daejin Bang, Le Caporal

Orchestre et chœur de l’Opéra national de Paris

Du 15 octobre au 11 novembre 2012

Tarifs : 5€, 15€, 35€, 70€, 100€, 130€, 150€, 170€ et 180€

Durée : 2h36 avec un entracte

Opéra Bastille
M° Bastille

www.operadeparis.fr

[Crédit : Opéra national de Paris/ Agathe Poupeney]

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