Bonsaï – film de Cristian Jimenez
Peu de films chiliens parviennent jusqu’à nous. Parce que peu de films chiliens, sans doute, sont tournés et, surtout, exportés. Est-ce la raison pour laquelle Cristian Jimenez, fort d’un bel accueil pour Illusions optiques, son premier opus, apporte autant de soins à sa nouvelle réalisation, histoire tout simplement d’attirer notre attention cinéphile (« hola, j’existe », en gros) ?
Bonsaï, sa deuxième « livraison », témoigne, de fait, d’une élégance formelle et d’un aplomb narratif immédiatement perceptibles. Un exercice de style, à n’en pas douter : il a d’ailleurs été remarqué au Festival de Cannes en mai dernier (il était présenté dans la sélection « Un certain regard »). Olé !
Adaptant le roman éponyme d’Alejandro Zambia – édité chez Rivages en français – le jeune cinéaste adopte ainsi, et avec pertinence, un ton littéraire pour dérouler les errances très… post-modernes de Julio, son anti-héros, jeune homme qui se rêve écrivain et qui, de petits mensonges, lâchetés, paresses et autres omissions, va peu à peu passer à côté de son existence. Non sans avoir fait un détour du côté de la fiction…
Au-delà des cadres, toujours très méticuleux, souvent plein d’idées, le culot de Jimenez, c’est de livrer d’emblée le secret de son histoire : « A la fin de ce film, Emilia meurt et Julio se retrouve seul », entend-on en voix off. Ce qui relève, au minimum, d’une confiance rare en son scénario ! Sophistiqué à souhait, en effet, puisqu’il repose sur une double structure – réel/fiction, amour/création, flash-back/flash-forward – oscillant entre deux temporalités – Julio et sa love-story avec Emilia, quand ils sont étudiants, puis Julio 8 ans après, prétendant être l’assistant d’un écrivain célèbre et ce qui s’en suit…
L’atout de ce montage, sensuel quand il n’est pas rythmé par une B.O. rock indé, c’est qu’il dit fort justement combien est ténue, souvent, la frontière entre le réel et la vie rêvée. En outre, il dynamise quelque peu la nonchalance du récit, parfois un rien soporifique il faut l’avouer, sans doute contaminé par la passivité de son personnage principal. Heureusement, l’humour, voire le sarcasme, affleurent en permanence, agaçant eux-aussi les flottements de cette chronique d’un ratage (sinon d’un raté). Et d’autant mieux que Cristian Jimenez joue aussi bien sur le langage que sur l’image (ah, le livre de Proust, extrait de La recherche du temps perdu bien sûr, qui imprime, à la plage, une marque de bronzage sur le torse de Julio !).
Reste qu’un sentiment de vacuité émerge peu à peu, soulignant – et c’est dommage – les mécanismes trop bien huilés (trop bien pensés, cf. la métaphore appuyée du bonsaï) de ce film un rien trop séducteur. Mais sans doute qu’il en faut, de la coquetterie, pour parvenir à se tailler une petite place au soleil de la cour des grands aujourd’hui.
Ariane Allard
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- 4 nominations : Prix Un Certain Regard, Prix du Jury Oecuménique – Mention Spéciale, Un Certain Regard – Prix du Jury et Un Certain Regard – Prix de la mise en scène
Festival du Film de Cabourg 2011
- 4 nominations : Grand Prix, Mention spéciale du Jury, Prix de la Jeunesse et Prix du Public
Festival de San Sebastian 2011
- 2 nominations : Prix Horizontes latinos et Prix Horizontes latinos – Mention spéciale
Bonsaï
De Cristian Jimenez
Avec Diego Noguerra et Natalia Galgani
En salle le 9 novembre 2011
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