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The Herbaliser – interview

14 décembre 2012
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The Herbaliser - interview

D’où vient le nom singulier de « The Herbaliser » ?

Jake : Il vient du nom de Peter Herbolzheimer, un musicien roumain qui vivait en Allemagne, décédé il y a 2 ans environ. Il avait créé un grand jazzband très funky à la fin des années 60 et dans les années 70. C’était un joueur de trombone. DJ Mallachi, un de nos amis, à Ollie et moi, nous a initié à sa musique, et il avait l’habitude de l’appeler « Peter Herbaliser ». A cette époque, notre premier maxi single était sur le point de sortir mais nous n’avions pas encore trouvé de nom. Finalement nous avons choisi The Herbaliser qui est en quelque sorte plutôt unique et mémorabe, et c’est resté. C’est arrivé au moment où The Chemical Brothers sont devenus très populaires, et du coup, on s’est dit qu’on prendrait un nom qui sonnerait plus naturel.

Ollie : c’est l’inverse des Chemical Brothers ! On a toujours été à l’opposé de ce genre de sons beaucoup plus rave, techno ou même house. C’est cool, mais nous préférons privilégier les sons naturels, funky, avec une vraie batterie, de vrais saxophones, etc. Et aussi de vraies voix, c’est important pour nous.

Si vous aviez la possibilité de changer votre nom, que choisiriez-vous ?

Jake : c’est très difficile de répondre. C’est comme de chercher un nom pour son enfant, c’est long et compliqué. En fait, on n’a jamais songé à changer de nom.

Comment pourriez-vous résumer votre aventure musicale ?

Ils réfléchissent…

Jake : c’est une bonne question. Jusque là, ça a été une lente ascension suivie d’une chute rapide (ils éclatent de rire) ! On ignorait vraiment à quoi s’attendre. Quand on a signé à nos débuts avec un petit label, on n’avait pas de groupe, pas de réputation. Pour les deux premiers disques, c’était juste Ollie et moi. Et lorsqu’on a fondé le groupe, tout à coup plein d’artistes et de musiciens ont été en demande, en nous découvrant lors de nos tournées en Europe, en Amérique et au Canada. Nous sommes les premiers surpris de notre longévité.

Vous êtes sur la scène musicale depuis combien de temps en fait ?

Jake : ça fait pas loin de 18 ans maintenant.

Ollie : C’est une durée relativement longue. La plupart des groupes sont morts au bout de quelques années. Ou si ce ne sont pas les groupes eux-mêmes qui éclatent, ce sont leur carrière ou l’assistance des maisons de disques. Nous sommes conscients d’avoir été très chanceux et je pense aussi que nous sommes arrivés juste au bon moment. Ce qui a toujours été important pour nous, c’est de créer notre propre musique. A un moment donné, on a été proches de la scène trip-hop ou même de la scène électro, mais sans vraiment en faire partie parce qu’on avait un style musical qui dénotait tout de même de ces scènes-là. Certains disaient « vous êtes trip-hop », d’autres disaient «  ah mais en fait, vous faites de la musique électronique », et puis finalement on nous disait « mais vous faites aussi du hip-hop ». En gros, on a toujours fait ce qu’on voulait faire. Au final, nous aussi nous aurions pu devenir plus grands en suivant le mouvement des groupes du milieu des années 90. Certains ont disparu, d’autres sont devenus énormes. Le plus important, c’est que nous sommes toujours là et que l’on continue à créer de la bonne musique pour les gens.

Du coup vous avez presque répondu à ma question suivante qui concerne votre style musical, relativement complexe à définir…

Jake : tout ça ensemble c’est vraiment du hip-hop ! On s’est inspirés de producteurs comme DJ Premier qui n’ont pas juste samplé de la musique black bien établie telle que celle de Fantasy Prestige, mais ces gens-là étaient aussi ouverts à la musique européenne en samplant Pierre Henry, par exemple. En fait, ce sont ces différents types de sons, de sources, qui nous ont donné envie de faire du hip-hop. Quand on a débuté, on ne connaissait aucun rappeur donc on faisait juste de l’instrumental qui évoquait le hip-hop et le cinéma. On a donc beaucoup été inspirés par les bandes originales de films des années 60-70 créées par des compositeurs comme Lalo Schifrin. On composait presque uniquement en utilisant plusieurs couches de samples issues de sources différentes, parfois même des samples de symphonies. Et avec le temps, on s’est un peu plus établis sur la scène musicale, on a voyagé, rencontré du monde et eu accès à différents rappeurs anglais ou américains.

(Ghettosocks, le rappeur de la tournée rentre au même moment dans les loges où nous sommes)


Quels films vous ont inspirés pour votre dernier album « There Were Seven » ?

Ollie : pas mal de choses en rapport avec le chiffre 7, particulièrement « Les 7 mercenaires » ou « Les 7 samouraïs », mais aussi « Les 7 vampires d’or ». En travaillant sur notre album précédent, on savait que celui-ci serait le numéro 7 et en plus, le groupe s’est agrandi avec à présent 7 membres. On a également été inspirés par les 7 péchés capitaux et les 7 jours de la semaine…. Considérant tout cela, on a donc décidé de jouer avec le chiffre 7 qui est devenu une sorte de trame de fond pour séquencer les morceaux. En fait, quand tu écoutes l’album, c’est comme si tu écoutais la bande originale d’un film ou si tu lisais un livre. Il est très cinématographique, il t’emmène en voyage et te raconte une histoire.

Alors si vous aviez la possibilité de composer l’intégralité de la bande originale d’un film, avec quel réalisateur aimeriez-vous collaborer ?

Jake : Tarantino !

Ollie : Et franchement, je pense que nous pourrions vraiment faire du bon travail avec Quentin. On ne sait jamais !

Jake : Voilà, il y a donc encore une chose que nous attendons toujours. Notre carrière a été une série d’ambitions et de concrétisations. La première fois que j’ai vu notre photo dans un magazine, j’étais là « wow ! », et puis il y a eu notre première diffusion radio, ensuite il y a eu notre premier live à la télé, puis la première fois que nous avons joué à Glastonbury, etc. On a donc eu la chance de faire tout ce qu’on voulait faire. Mais on n’a toujours pas fait la B.O. d’un film. Certains de nos morceaux ont été utilisés dans des films mais on attend toujours le bon appel ! Finalement c’est assez difficile parce que les artistes visuels et les réalisateurs parlent un langage différent de celui des musiciens. Il faut vraiment être super patients avec eux. On a déjà composé des bandes sonores pour des jeux vidéos. On a travaillé pendant 2 mois, en suivant précisément les instructions des créatifs. Et ils nous ont dit « Vous savez quoi ? On adore vraiment ce que vous avez fait, vous avez suivi nos instructions, mais il faudrait juste que vous écriviez quelque chose qui vienne de votre cœur ». Voilà, on a donc laissé tomber tout le boulot qu’on avait fait pendant 2 mois et on a tout recommencé !

Ollie : et là tu te dis « mais pourquoi ne nous avez-vous pas laissé faire ça en premier lieu ? ». C’est quand même mieux de faire confiance aux gens. Quand tu choisis quelqu’un pour réaliser un boulot, crois donc en lui, au lieu de tout le temps lui tenir la main !

L’expérience live en France est-elle différente de celle des autres pays ?

Ollie : Ouais carrément ! Nous avons toujours reçu un très bon accueil et un réel soutien de la part du public français. Du coup, nous n’avons plus vraiment besoin de le convaincre comme nous devons encore le faire en Suisse par exemple, où on n’a finalement pas énormément joué. C’est peut-être un auditoire festif… ou pas ! On ne sait pas. Les Français sont toujours partants pour partager un bon moment, quelle que soit la ville où l’on joue. On a toujours un super échange quand on joue chez vous.

Jake : On a fait 2 concerts déments à l’Elysée Montmartre, il y a 6-7 ans, pour la tournée « Take London ». Habituellement, le public des capitales est assez réservé parce qu’il a accès à des concerts de mecs super renommés qui font le tour du monde. Du coup, les gens ont un peu cette attitude de « vas-y, impressionne moi ! ». Ce qui fait qu’on a toujours été un peu nerveux de jouer à Paris, qui est donc en cela un endroit important où se produire. Les toutes premières fois à l’Elysée Montmartre, on a totalement emporté le public avec nous, c’était dingue.

Ollie : En réalité, ça nous a pris un peu de temps d’impressionner la France. Mais lorsque c’est enfin arrivé, c’était vraiment bon et avec de la consistance. Alors que les choses évoluaient différemment pour nous en Angleterre, les français étaient toujours là pour nous soutenir. Je pense que c’est parce que les français sont plus confiants dans leurs choix concernant l’art, le cinéma ou la musique. Les anglais sont peut-être plus victimes de la mode. Du coup, quand ce n’est plus la mode d’aimer quelque chose, ils zappent et vont écouter les nouveautés. Tandis que lorsque les français ont arrêté leur choix sur quelque chose, ils y restent fidèles.


Emportez-vous des objets fétiches en tournée ?

Jake : j’emporte mon oreiller personnel, celui de mon lit. Mais pas de gri-gri non.

Ollie :
(en désignant Ghettosocks) c’est lui notre porte-bonheur !

Si vous deviez choisir un seul disque, lequel serait-il ?

Ollie : tu veux dire si on était sur une île déserte et qu’on avait un seul disque à écouter jusqu’à la fin de nos jours ? Pour moi ce serait la bande originale du film Bedazzled. L’ancienne version des années 60 avec Peter Cooke et Dudley Moore, c’est la plus belle musique que je connaisse, c’est vraiment bon.

Jake : probablement Shaft ou en tous cas un vieux disque qui aurait différentes ambiances musicales comme c’est le cas sur cet album.

Ghettosocks : J’aime (il réfléchit)…. Je ne sais. C’est la pire question ça ! (il rit)

Ollie : Non, la pire question ce serait « avec qui aimerais-tu travailler » et j’espère que ce n’est pas la suivante d’ailleurs (tout le monde rit) !

Ghettosocks : Je choisirais Bobby Womack ou la B.O. d’un vieux film.

Ollie : Sinon il y a les bandes originales de films comme celles de Johnny Peck qui était aussi producteur de musique soul & jazz. Dudley Moore était comédien mais également pianiste de jazz. Enfin voilà, comme disent Jake et Ghettosocks, Bobby Womack, la soul musique, les musiques de films, etc., tout cela constitue notre bagage qui fait ceux que nous sommes aujourd’hui.


Si Herbaliser était un son, lequel serait-il ?

Jake : Wiiiizzzz !

Ollie : Pouh ! Ping ! (rires)

Ghettosocks : Vous pouvez aussi utiliser des mots si vous voulez les gars ! mais c’est vrai que les onomatopées c’est bien.

Si Herbaliser était un instrument de musique, ce serait lequel ?

Jake : ce serait une machine qui pourrait jouer de la batterie et de la basse. Une nouvelle machine.

Ollie : ce serait un sampler et quand tu ouvrirais la boîte, tu verrais plein de tout petits bonshommes dedans, tapotant sur des touches (il mime le geste de quelqu’un tapotant sur un clavier d’ordinateur)

Si Herbaliser était un chanteur ou un compositeur, qui serait-il ?

Ollie : Ennio Morricone !

Jake : James Brown !

Et si vous deviez trouver le mot de la fin pour terminer cette interview, que diriez-vous ?

Jake : achetez des CD les français !

Ghettosocks : ça fait plus qu’un mot ça Jake !

Jake : achetez notre dernier album mais surtout achetez la musique ! Ne téléchargez pas illégalement. Parce que si ça continue, si les gens n’achètent plus de musique, les musiciens ne vont pas survivre longtemps.

Ollie : C’est devenu vraiment difficile de gagner de l’argent avec la musique aujourd’hui. Même lorsqu’on fait des concerts, on n’est pas payés. Sur cette tournée, Jake et moi ne touchons rien du tout parce qu’il n’y a pas assez d’argent : le bus de la tournée est très cher, faire tourner une équipe aussi. C’est dur.

Ghettosocks : C’est vraiment au bon vouloir des fans d’aider les musiciens aujourd’hui. S’ils aiment la musique, ils apportent leur soutien.

Jake : De nos jours, les musiciens sont vraiment contrariés et parfois même déçus. Les gens sont prêts à payer 3 euros pour un café au Starbucks qui sera bu en 10 minutes, mais ils ne vont pas payer 10 euros pour un CD qui leur durera 20 ans.

Ghettosocks : En fait, la musique n’a plus de valeur.

Jake : Voilà ! ou alors ils vont acheter 100 euros un casque audio Docteur Dre, ou encore 300 euros un Ipod, mais ils n’achèteront pas de musique. C’est fou ! Et nous, on n’a pas envie de vendre des putains de casques audio ! enfin bref. En tous cas, on est sur Facebook et sur Twitter, et on a besoin de plus de fans sur ces médias ! Rejoignez-nous !

Ollie : C’est super satisfaisant de savoir qu’on a de nouveaux fans. Cela nous encourage toujours de savoir qu’on arrive à conquérir un nouveau public, à toucher de nouvelles personnes, souvent initiées à notre musique par leur entourage.

Tu as des questions pour Ghettosocks ?

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=NSUFCefufUM[/embedyt]

Ghettosocks, peux-tu résumer ton aventure avec The Herbaliser ?

Ghettosocks : c’est la première fois que je tourne en Europe avec The Herbaliser. On a déjà fait des concerts au Canada, des festivals de jazz, etc. Ça a été vraiment génial, une super expérience de travailler avec eux sur leur dernier album. En fait, je fais partie de 2 groupes, Twin Peaks et Teenburger, qui ont collaboré sur certains morceaux de l’album. Sinon, on a également tourné une vidéo de l’une des chansons, March of the Dead Things, à Halifax au Canada.

Ollie : C’est une vidéo super cool avec plein de zombies ! Sinon l’année prochaine, Jake et moi avons prévu de produire le prochain album de Teenburger, ce qui devrait figurer parmi les bonnes choses de 2013. On croise les doigts !

Alexandra Ferrero

5_etoiles

Musicast / Departement H

www.herbaliser.com
www.facebook.com/TheHerbaliserOfficial
twitter.com/theherbaliser

[Visuel : © Alexandra Ferrero]

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