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Shuck One – Wall Speech – Galerie Estace & Le 24Beaubourg

Galerie Estace & Le 24Beaubourg

From the wall. Cinq lettres tracent les contours identitaires à géométrie variable de l’artiste : S – H – U – C – K. Le geste reprend un exercice de style décliné sur les murs de la ville. Le lettrage surgit sur la toile qui s’en était émancipée au profit d’une abstraction singulière. Mais cet exercice formel signe des intentions qui dépassent la simple affirmation de soi, comme celle des origines urbaines de l’oeuvre. Le lettrage n’est que l’un des recours esthétiques d’une oeuvre portée par une toute autre ambition : questionner l’âme du graffiti.

Wall speech. Les titres des oeuvres en présence justifient celui de l’exposition : Global fusion ; Wild prize ; Life is war ; Diaspora express ; Funérailles des tabous ; Against Aids … Alors qu’il aborde la réalité d’une société contemporaine dont il dénonce les maux, le discours de l’artiste confère à la toile la portée symbolique du mur, cet espace politique entre tous, lieu d’une prise de parole délibérée et contestataire.

Mémoires vives, c’est encore dans leur rapport à la matière que les expressions du mur et de la toile se rejoignent. Comme les murs des terrains vagues et les rames de métro, sans cesse réinvestis par différents médiums, les toiles de Shuck One accumulent les strates, jouent entre opacité et transparence, et mixent les techniques. De l’aérosol au marqueur, de l’acrylique à la glycéro, du collage et de l’arrachage au pochoir, l’œuvre s’inscrit dans un processus de création protéiforme ininterrompu.

Mais le titre de l’exposition ne se réfère pas seulement au discours du mur : il évoque aussi le discours sur le mur, sur l’art graffiti. Ainsi Wall speech et Street life intègrent sous forme de collages des fragments d’un article de Libération daté de 1989, dédié aux performances souterraines des taggers parisiens… Comment la réception du graffiti a-telle évolué en vingt ans ?

Passage de la rue aux cimaises, de l’illégalité à l’institution, reconnaissance du marché, approche polémique et globale du mouvement graffiti au détriment de son analyse esthétique à travers des oeuvres singulières : ces angles largement privilégiés par la critique aujourd’hui peuvent-ils encore longtemps prévaloir ?

Wall, stories & History. Nourrie, du métro au mur, par l’expérience urbaine de l’artiste comme par mille histoires dont elle déroule le scénario, l’oeuvre récente de Shuck One porte un regard rétrospectif sur le parcours de l’artiste et sur celui du graffiti français.

Mais ce regard ne s’apparente pas à de la nostalgie : la question de l’urgence et de la complexité de l’écriture d’une Histoire du graffiti, qui le sous-tend, le tourne résolument vers l’avenir.

Le graffiti n’est pas près d’arrêter d’écrire son histoire et de renoncer à la liberté qui l’a vu naître. Il promet de ne pas plus se laisser enfermer dans la matérialité d’un support que dans une esthétique a priori. En témoignent White cross black ; Trouble night et Sweet spring, importantes oeuvres sur papier de grand format, à travers lesquelles Shuck One renoue avec un vocabulaire formel purement abstrait. Le graffiti est d’abord et surtout un art ancré dans le présent, et plus encore, une énergie poétique vécue.

Julia Delhomme

Shuck One – Wall Speech 

Du 7 juin au 13 juillet 2013
Du mardi au samedi, de 11h à 13h et de 14h à 19h

Vernissage le 6 juin 2013 à partir de 18h

Galerie Estace & Le 24Beaubourg
24, rue Beaubourg
75003 Paris

www.estace.fr

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