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Jean-Paul Farré

6 septembre 2013
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Jean-Paul Farré

Avant-dernier de la fratrie, il doit, comme son frère et ses trois sœurs, apprendre à jouer d’un instrument… pour ses parent, musiciens amateurs. A huit ans, il choisit le piano mais avoue-t-il « c’était sans conviction et j’avais un poil dans la main ». Aussi cela n’a-t-il duré que deux ans. Pourtant, il aimait bien aller voir des opérettes au Châtelet en famille.

Mais ce qu’il a préféré, c’est le théâtre. « J’ai eu une révélation en allant voir, au TEP, Le Manteau  de Gogol mis en scène par Guy Rétoré. Je l’ai vu huit fois dans la saison… et j’ai décidé de devenir comédien. À 17 ans et demi, j’ai arrêté l’école. C’était l’année du BEPC car j’avais deux ans de retard… ayant triplé ma quatrième ! Pas de quoi se vanter n’est-ce pas ? » Le théâtre lui a donné envie de lire des pièces et de lire tout court. « On était une famille de lecteurs, bien qu’ouvrière. Mais, comme je ne faisais rien comme tout le monde, je ne lisais pas. J’aimais seulement l’histoire que j’aime d’ailleurs toujours. C’est même une passion. » De cela, il nous a donné la preuve au Lucernaire avec son Illusion chronique.

Il entre alors au cours Périmony en espérant interpréter les grands rôles, Lorenzaccio, Hamlet… « Or, Jean Périmony, vu mon jeune âge et mes 15 ans d’âge mental, me faisait jouer les valets de comédie ! » A cette époque, une fois par an, il y avait un cours canular où chacun faisait qu’il avait envie de faire. « J’y ai passé une parodie d’opéra. J’avais alors une voie de castrat et les gens ont hurlé de rire ! » 

Entre temps, adolescent, il écrivait des poèmes, comme tous les jeunes. Une de ses sœurs lui a donné l’idée d’en faire des chansons et de s’accompagner au piano. « J’ai commencé à faire des chansons amusantes et un premier sketch puis d’autres, jusqu’à me produire sur scène dans un one-man-show. Seul Rufus, qui venait du monde de théâtre, l’avait fait avant moi. Les autres venaient du cabaret ».

Il a donc créé un premier spectacle en solitaire au Théâtre Mécanique, nom qui fut donné un temps à la Salle Adyar par Stéphane Isker aujourd’hui directeur de la Scala de Milan. « C’était en 74. le piano était déjà là bien sûr et c’était un énorme foutoir mais il a beaucoup plu ! ». Alors il en a monté un autre, Un Farré peut en cacher un autre, à la Péniche Théâtre – devenue la Péniche Opéra, lieu dont il s’est occupé pendant 8 ans. Rempilerait-il en tant que directeur de théâtre ? «  Pourquoi pas… si on me le proposait. Mais c’est très compliqué… et puis je vieillis… ! »

Il se souvient de son premier interview « Alors Farré vous abandonnez le théâtre ? Bien sûr que non je n’ai jamais arrêté ! » En effet, il a continué à alterner théâtre (de Shakespeare à Ribes), cinéma (avec Mocky, Tavernier aussi bienque Zidi), télévision (pièces, téléfilms et séries) et théâtre musical (Kurt Weill, Offenbach… ou encore Le Sire de Vergy mis en scène par Alain Sachs) tout en créant ses propres spectacles. « J’ai pris quelques gadins, heureusement pas trop. Mais c’est toujours très compliqué de créer des spectacles, surtout que je suis un peu hors norme. J’ai un petit nom mais ça ne suffit pas. Je suis heureux que le Vingtième théâtre m’ait fait confiance. Les producteurs sont frileux avec moi car c’est trop fou pour eux… pourtant je suis normal, pas du tout caractériel ! » Cependant, ses pairs l’ont adoubé en le « nominant » trois fois aux Molières en tant que comédien et en lui attribuant le Molière du Théâtre musical en 2010 pour Les douze pianos d’Hercule.

Pour son dernier spectacle en date, il a choisi de rendre hommage à deux poètes qui l’accompagnent depuis l’enfance et qui ont nourri ses choix artisitques, Léo Ferré et Jean Ferrat. Cette fois-ci, Jean-Paul Farré est nettement plus sérieux que d’habitude car il s’efface humblement devant leur talent, pour mieux les servir en les chantant magnifiquement… mais on y retrouve avec plaisir quelques-unes des marques de fabrique de cet artiste atypique, à la fois clown, musicien et poète loufoque.

Caroline Fabre

[Visuel : Didier Pallagès]

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