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The Goldlandbergs – Emanuel Gat – Théâtre de la Ville

24 mars 2014
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The Goldlandbergs

Chorégraphie de Emanuel Gat et les danseurs de la compagnie

Interprètes par Hervé Chaussard, Aurore Di Bianco, Michael Löhr, Pansun Kim, Philippe Mesia, Geneviève Osborne, François Przybylski et Milena Twiehaus

bande son : The Quiet in The Land arrangée & écrite par Glenn Gould

Musique additionnelle : J.S. Bach, Variations Goldberg

Piano : Glenn Gould

Scénographie et lumières créées en collaboration

Avec Samson Milcent

Conception son en collaboration avec Frédéric Duru

Du 25 au 29 mars 2014

Durée : 1h10

Théâtre de la Ville
2, place du Châtelet
75001 Paris

www.theatredelaville-paris.com

thomashahn1Du 25 au 29 mars 2014

Variations par variations, Emanuel Gat pose son empreinte dans le paysage chorégraphique. On trouve chez lui les éléments majeurs qui constituent un chorégraphe ayant grandi en Israël, à savoir le goût du mouvement et de la communauté. Avec en prime, une couche de douceur de vivre provençale, car Gat travaille à Istres, pour son plus grand bonheur.

The Berglandgolds ? Non ! The Landgoldbergs ? Non plus ! Pas facile, mais on y arrive : The Goldlandbergs ! Une œuvre multicouche, tout comme son titre. D’abord, il y a le vieux Bach de l’église Saint-Thomas de Leipzig, et ses Variations Goldberg. Ensuite, Glenn Gould qui les interprète et qui croise ici le même Gould, en tant qu’artiste radiophonique. En 1977 il réalise un montage sonore composé de Janis Joplin qui chante « Oh Lord won’t you buy me a Mercedes Benz… » etc., ainsi que des paroles d’un curé mennonite, interviewé dans le Manitoba, au Canada. Ca s’appelle The Quiet in the Land. Cette œuvre radiophonique méditative, un « documentaire sonore », développe une structure qui était visionnaire à son époque. Grace à Gat, elle croise aujourd’hui les Variations Goldberg, tout aussi visionnaires en leur siècle.

The Quiet in the Land de Glenn Gould :

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=vpf9tFhqmXo&feature=player_detailpage#t=0[/embedyt]

Quel calme, dans quel pays ? Sur le fond, il s’agit d’une critique du American way of life, de plus en plus matérialiste et éloigné de toute authenticité individuelle. Gould va donc interviewer cette communauté qui vit de façon isolée et cherche une existence spirituelle et les vraies valeurs. Mais Gat reste avant tout fasciné par la méthode du collage, où les énergies se croisent pour constituer une trame partagée.

thomashahn2Dernière couche de ce millefeuille : La danse. Chez Gat, toute chorégraphie est un jeu infini de variations, traversant l’espace et les corps des interprètes. Les Variations Gat, en quelque sorte. Son équipe est plus que fidèle, et la complicité entre le chorégraphe et les danseurs crée un univers infiniment fluide. A Montpellier Danse, en juin 2013, Gat avait même ouvert au public le studio où il se lançait avec la compagnie dans le jeu des improvisations, dansés, jouées et chantées.

Ce qui importe chez lui, ce sont les énergies qui circulent entre les danseurs, avec l’esprit de communauté et l’expérience métaphysique qui peuvent s’en dégager. Dans Brilliant Corners,  sa pièce précédente, il dessinait une communauté urbaine dans son agitation et sa façon de tourner en rond, de suivre des règles implicites sans en être conscients. Après quoi, il se retire à la campagne…

thomashahn3Dans The Goldlandbergs, sa composition explore les êtres de l’intérieur et dans leur rapport aux cieux. Huit danseurs investissent un mouvement fluide, de grande musicalité. Si cette façon de faire circuler entre eux une sensibilité de grande finesse leur réussit si bien, c’est qu’il Ils forment déjà quelque chose comme une communauté. Ensemble, ils peuvent donc entrer en dialogue avec la conscience des Mennonites cités par Glenn Gould. Gat, c’est l’art de la fugue, transposée sur un plateau de danse.

Mais Gat est également photographe! Dans ses clichés il fait preuve d’un regard très précis sur chaque détail du mouvement. La transcendance qui s’établit entre les danseurs et les œuvres de Gould et de Bach, circule également entre la danse de Gat et son objectif. Et sous les projecteurs, car Gat collabore aussi à la création lumières, on trouve des lueurs et des éclats qui font penser au Baroque et au chiaroscuro. Il y a vingt ans en Israël, il dansa son premier solo, sur une musique de Bach, naturellement. Depuis, il mène sa barque, comme sur un long fleuve tranquille. Désormais, le Théâtre de la Ville fait partie de ses plus beaux  rivages.

Thomas Hahn

[Visuel : ©Emanuel Ga]

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