Amour sur place ou à emporter : quand le Jamel Comedy Club s’exporte

À l’origine, Amour sur place ou à emporter est une pièce de théâtre coécrite par Amelle Chahbi et Noom Diawara (les deux interprètes principaux) avec Fabrice Éboué (également metteur en scène). Trois comédiens découverts il y a quelques années grâce au Jamel Comedy Club, coffre au trésor rempli de champion(ne)s du stand up et de grand(e)s comédien(ne)s comiques en devenir… Si Jamel Debbouze a parfois été accusé d’utiliser le communautarisme comme un fonds de commerce, les succès récurrents de ses petits protégés ont depuis bien longtemps prouvé qu’il s’agissait là d’une vraie réserve de talents.

Amelle Chahbi n’est d’ailleurs pas la première artiste issue du Jamel Comedy Club à être passée à la réalisation : Fabrice Éboué (encore lui) et Thomas Ngijol ont déjà mis en scène Case départ et Le Crocodile du Botswanga, qui ont respectivement séduit 1,8 et 1,2 million de spectateurs en salles. Deux comédies écrites avec efficacité et souci de faire se gondoler le public, et qui devraient en appeler d’autres au vu des résultats très satisfaisants au box-office. Actuellement à l’affiche d’un nouveau one man show (Fabrice Éboué, levez-vous), Fabrice Éboué a également connu plusieurs rôles plutôt marquants dans des comédies, à commencer par le surprenant Fatal de Michaël Youn.

Personnage principal masculin du film d’Amelle Chahbi, Noom Diawara connaît une année 2014 chargée en matière de grand écran, car outre cet Amour sur place ou à emporter qui pourrait bien devenir le petit succès surprise du printemps, le grand public vient de le découvrir dans le carton de l’année, Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, comédie sur le communautarisme et la tolérance qui vient de franchir la barre des 7,5 millions de spectateurs. Dans le rôle du futur mari de la quatrième fille du couple Chantal Lauby – Christian Clavier, Noom côtoie Frédéric Chau, autre transfuge du Jamel Comedy Club dont il est en quelque sorte la caution asiatique. De quoi lancer ou relancer si besoin la carrière de ces deux jeunes acteurs qui pourraient amener un peu de diversité dans un cinéma français souvent monopolisé par les Blancs.

Pour les autres, les voies du succès cinématographique semblent encore un peu éloignées, voire totalement inintéressantes dans le cas des purs humoristes qui souhaitent se consacrer au stand up. Cela n’empêche pas une actrice de qualité comme Blanche (alias Blanche  Gardin) de se montrer de plus en plus à son avantage par l’intermédiaire de différents médias. La vieille fille suicidaire de la série Workingirls sur Canal+, c’est elle, par exemple, et c’est toujours mémorable de la voir évoluer dans un tel contre-emploi. D’autres, comme Dedo Dante, Yacine ou Kheiron (vu dans la série Bref), attendent leur heure et finiront à coup sûr par pouvoir saisir leur chance. De quoi rendre toujours plus fier le parrain Jamel, dont le flair pour débusquer du futur gros talent bankable ne semble pas près de s’émousser…

Lucile Bellan

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[Image : 2014 © Gaumont]