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Jacques Weber : “Le théâtre doit être un acte politique”

30 septembre 2014
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Hôtel Europe

De Bernard-Henri Lévy

Mise en scène de Dino Mustafic

Avec Jacques Weber

Jusqu’au 3 janvier 2015

Tarifs : de 15 à 39 €

Réservation au
01 46 06 49 24 

Théâtre de l’Atelier
1, place Charles Dullin 75018 
Paris

M° Abbesses (ligne 12), Anvers (ligne 2)

www.theatre-atelier.com

Jusqu’au 3 janvier 2015

Actuellement sur le plateau du Théâtre de l’Atelier jusqu’au 3 janvier 2015, le grand comédien interprète le texte de Bernard-Henri Lévy Hôtel Europe (Grasset), un monologue brûlant et désenchanté en forme de chant d’amour dédié à notre Europe vieillissante et trop souvent trahie. Aminci, tempétueux, lyrique, démesuré, magnifique, il enflamme la scène et le public.

On vous retrouve comme dans Cyrano de Bergerac, avec la force et la vigueur que nécessite cette performance. Aujourd’hui et tous les soirs, vous semblez jouer votre vie.

Quelque chose dans ma vie a changé. Si vous me parlez de Cyrano, c’est vrai que j’ai retrouvé le physique que j’avais il y a 30 ans, j’ai beaucoup maigri. Vous savez, dans la vie, on traverse des périodes de mal-être et de bien-être. J’ai ressenti la profonde nécessité en moi d’arrêter le saccage, de me reprendre en main. C’est François Florent, mon maître en théâtre, qui m’a alerté. Il m’a réveillé. J’ai arrêté de boire, je me suis mis à faire du sport, à marcher, ce qui est bien plus efficace que les antidépresseurs !

Saviez-vous que vous alliez jouer ce monologue ?

Non, mais c’est toujours dans ces moments-là que les choses arrivent. Quand Bernard-Henri Lévy m’a proposé la pièce, j’ai saisi cette occasion : je dois incarner un homme en pleine possession de ses moyens intellectuels et physiques et j’ai dû me mettre sérieusement au travail pour tenir la longueur. 

weber1Bernard-Henri Lévy dit que vous êtes le seul capable de jouer son texte…

Je ne peux pas vous répondre, mais cela demande énormément de métier et de technique pour le rendre vivant, paradoxal, percutant. C’est finalement le travail de tout comédien. On doit aller au-delà du confort. La scène est par excellence l’espace de la liberté et de l’indépendance. On n’a pas le droit d’y être autrement que vivant, c’est-à-dire de jouer sa vie. J’en ai marre du jeu trop sage vers lequel on nous pousse souvent. Tout cela m’emmerde. Je n’aime le réalisme que s’il est transcendé, comme chez Jacques Brel ou Barbara. Le reste ne m’intéresse pas. C’est pour cela que j’adore un acteur comme Depardieu, car il est hors normes.

Justement, comment aborde-t-on un tel texte qui est hors normes ? Étiez-vous très cadré par le metteur en scène Dino Mustafic ?

Mon premier travail est de travailler sur le sens du texte : qu’est-ce que je raconte ? Ce n’est pas si simple d’autant que je ne suis ni spécialiste d’Husserl, ni d’Heidegger ! Il faut pratiquer à fond son désir de comprendre pour atteindre l’infini du théâtre. La pièce est l’histoire d’un homme qui est habitué à faire des discours et qui n’y arrive pas. Il est dans ce petit hôtel de Sarajevo et en tapant sur son ordinateur, tout à coup, des images de l’histoire viennent le percuter et déconstruire son propos. Il est obligé de mentir. Comme le font aujourd’hui tous les hommes politiques.

C’est parce qu’elle percute notre actualité que cette pièce vous plaît ?

Hormis quelques comédies sans intérêt dans lesquelles certains théâtres se complaisent, le théâtre est toujours un acte politique. Quand Molière écrit Tartuffe, c’est pas de la tarte ! Ou Shakespeare qui se sert des drames antiques pour parler de son actualité, c’est pas rien non plus. Je déplore qu’à part certains auteurs comme Vinaver, aucun auteur ne se saisisse de l’actualité. Qui a écrit sur le 11 septembre 2001 ? Ou sur l’actualité plus immédiate ? Le théâtre se doit d’être le reflet libre et indépendant de l’actualité que nous vivons. Sinon, il ne m’intéresse pas.

Vous jouez ce texte jusqu’à la fin de l’année. Quels sont vos projets pour la suite ?

Je vais jouer L’Avare de Molière dans une mise en scène de Jean-Louis Martinelli. C’est un rêve d’enfance. Quand j’étais jeune comédien, j’ai décidé de le monter. Nous achetions des bouts de tissu chez Bouchara que ma grand-mère cousait et naturellement je me suis attribué le rôle d’Harpagon ! Je suis un homme heureux. Comment pourrais-je me plaindre alors que je m’exprime tous les soirs sur une scène, alors que tant de gens sont en train de souffrir parfois très cruellement du libéralisme économique ?

Hélène Kuttner

[Visuel © Kim Weber ; © Almin Znro]

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