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Haiti, deux siècles de création artistique au Grand Palais

1 décembre 2014
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affichehaitiprogramme

Haïti, deux siècles de création artistique

Jusqu’au 15 février 2015

Tous les jours de 10h à 20h (nocturne à 22h le mercredi)
Fermeture hebdomadaire le mardi

Vacances de Noël (20 décembre – 4 janvier)
Tous les jours de 10h à 20h

Fermeture à 18h les mercredis 24 et 31 décembre
Fermeture le jeudi 25 décembre 2014

Plein Tarif : 12 €
Tarif réduit : 9 €
Gratuit pour les moins de 16 ans
Groupe : 33 € (4 personnes dont 2 jeunes 16-25 ans) 

Grand Palais
Galeries Nationales

3, avenue du Général Eisenhower
75008 Paris
M° Champs Elysées Clémenceau

www.grandpalais.fr

dubreusJusqu’au 15 février 2015

Les Galeries Nationales du Grand Palais présentent une exposition prestigieuse et passionnante : « Haïti, deux siècles de création artistiques ». Loin des clichés et de l’ignorance, le lieu expose plus de 160 œuvres captivantes, puissantes et insolites, pour mieux  se plonger dans cette culture francophone de l’autre côté du monde.

Haïti, le masque et la plume

Si on connait d’Haïti surtout son histoire, peuplée de dictateurs, et sa religion vaudoue, travestie et caricaturée par de nombreuses œuvres de culture populaire, cette exposition est enfin le moment de remettre les pendules à l’heure. Oui, ces deux données influencent nécessairement la création artistique insulaire (exposées dans les sections « Esprits » et « Chefs »), mais elle s’incarne également dans des productions naïves, quotidiennes comme celles de Bernard Séjourné (« La Missive ») ou dans une vision du présent (les portraits de Marie-Hélène Cauvin, urbains et pourtant délicatement humains, de sa série « Bullet proof vest »). Oui, les œuvres de Sénèque Obin « Funérailles maçonniques » ou encore de Préfète Duffaut « Mon cercueil » fascinent et rappellent qu’en Haïti la frontière entre la mort et la vie peut être franchie en tous sens. Mais les artistes transcendent cette seule lecture par un art typique et profond, qui délaisse le séduisant folklore au profit du choc créatif.

grand-palais-haiti-edouard-duval-carrie-embarquement-pour-isle-de-france_mediumDu vieux et du neuf

La muséographie de l’exposition dénie toute présentation chronologique mais souhaite surprendre le spectateur au détour de chaque œuvre, et pour cela, on peut dire que le pari est réussi. Si au début de la salle, le visiteur découvre la sculpture monumentale d’André Eugène « Legba », faits de matériaux recyclés, il pourra également tomber sous le charme, plus loin, du portrait classique de Leoncia Legros, racontant une autre histoire, celle d’une bourgeoisie noire antillaise du 19ème siècle, fière de poser pour l’éternité. On pourra se moquer de la famille Duvalier, Papa Doc et Baby Doc, famille de dictateurs – tristement connue pour l’établissement entre autres des milices de tonton macoutes – via le tableau « Poste ravine pintade », qui souligne le ridicule des militaires orgueilleusement chamarrés. Ou s’extasier devant les créations graphiques de Mario Benjamin qui s’élèvent vers le ciel. Partout en effet, la paillette, la couleur, le textile, l’objet façonné, démonté et détourné, appelle à une autre lecture d’un quotidien aux lignes floues. Partout la matière rappelle à quel point les Haïtiens ressentent la réalité locale et la retranscrivent puissamment.

008._mh.cauvin.3_0Confrontation et juxtaposition

L’œil du visiteur ne peut échapper à cette réalité : que ce soit le corps nu et barbelé de Maksaens Denis, dans la vidéo de « Tragédie tropicale » évoquant les affres de l’homophobie, le choc visuel des toiles expressionistes de Robert Saint Brice, l’exposition ne se visite pas, elle se vit. Elle est également l’occasion de confronter et de faire se rencontrer, via trois tête-à-têtes, des artistes jusque-là présentés séparément : Jean-Ulrick Désert et Sasha Huber, Hervé Télémaque et Jean-Michel Basquiat, Robert Saint-Brice et Sébastien Jean. De par les tragédies nationales (dictatures, tremblement de terre), la diaspora haïtienne échange et renoue avec ce morceau de terre isolé, grâce à la magie de la langue créole, heureusement mise à l’honneur sur les cartels et les audioguides.
Complexe, protéiforme et fascinante, la création haïtienne n’a certainement pas dit son dernier mot, tant elle foisonne et s’imprègne facilement de l’existence, et sait transmettre une vision différente du réel. La magie ne se trouve pas forcément là où on croit.

Mathilde de Beaune

[Crédits photo: en haut : Dubréus Lhérisson, Sans titre, 2012-2013, crâne humain, paillettes, objets divers, 15 x 11 x 24 cm, Port-au-Prince, collection Reynald Lally, Photo Josué Azor. Au milieu : Édouard Duval-Carrié, L’Embarquement pour L’Isle-de-France ou le Renvoi D’Erzulie Freda Dahomey, 2014, techniques mixtes sur aluminium, 194 x 291 cm, collection de l’artiste © Adagp, Paris 2014 / Photo Ralph Torres. En bas :
Marie-Hélène Cauvin, Bullet Proof Vest, 2007, encre, fusain, aquarelle, linotype sur papier, 112 x 76 cm, Montréal, collection de l’artiste, Photo Paul Litherland]

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