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Nicolas Laugero Lasserre, d’art d’art

8 décembre 2016
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Nicolas Laugero Lasserre, d’art d’art

Passionné et militant, le collectionneur d’art urbain tente de changer l’image d’un microcosme snob.

C’est un quadragénaire enflammé, cocktail de désinvolture et d’excentricité, qui prend du galon. Sa prestance naturelle accapare les galeries, musées et foires d’art : Nicolas Laugero Lasserre est le guide à suivre. Directeur de l’École des Métiers de la Culture et du Marché de l’Art (ICART), fondateur du média culturel Artistik Rezo et commissaire d’exposition spécialisé en street art : des titres dont il est fier. “C’est toute ma vie.” Car Nicolas Laugero Lasserre, c’est avant tout un bourreau de travail qui ne s’arrête jamais. Smartphone à la main, pardessus en laine au col négligemment relevé et cheveux en bataille, il a tout du bobo parisien. Dans le chic VIIIe arrondissement encore endormi, à deux pas des Champs-Élysées, on rencontre un type à la sincérité étonnante et à la verve inépuisable. Son amour pour l’art transpire à chaque mot qu’il prononce. “La culture peut créer du lien, une espérance dans la société. Que ce soit un film d’auteur ou un blockbuster, de la musique classique ou du rap, une peinture de la Renaissance ou un graff.” 

Nicolas Laugero Lasserre a fait ses armes à l’Espace Pierre Cardin, un peu par hasard. “J’ai commencé à 22 ans en tant qu’attaché de presse et, dix ans plus tard, Pierre Cardin m’a confié la direction du lieu.” Poste prestigieux qu’il a dû quitter cette année : la Mairie de Paris n’a pas souhaité renouveler la concession des murs du 1 avenue Gabriel. Mais rien n’arrête l’insatiable Nicolas Laugero Lasserre. Il devient directeur de l’ICART, la première école en Europe à préparer aux métiers du commerce de l’art et du management culturel. Il faut le voir électriser la salle de cours et interpeler chacun de ses élèves par son prénom. “Il est génial ce mec”, chuchote-t-on sur les bancs de l’amphi. Dernière consécration en date : un musée pour accueillir sa propre collection de street art, dans les locaux de l’École 42. “Je suis devenu collectionneur sans m’en rendre compte, en achetant à 21 ans mes premiers coups de cœur pour quelques dizaines d’euros.” Aujourd’hui, ce sont plus de 150 œuvres urbaines qui envahissent les salles de la singulière école de Xavier Niel. Des œuvres qu’il a choisies avec soin, chacune témoin d’une rencontre, d’ une relation, d’une histoire avec un artiste.

“Pourquoi le street art ? Parce que j’y comprends quelque chose !” C’est l’enfant de la région marseillaise qui parle. Chez les Laugero Lasserre, on n’a rien à voir avec le cinéma, les musées, l’art. Le goût de la culture, Nicolas le découvre gamin, quand il commence le théâtre pour faire taire sa timidité. “Un déclic.” Dès lors, le métier de comédien le démange. À 20 ans, il arrête la fac de droit et s’enfuit à Paris pour intégrer le Cours Florent, sans argent ni connaissances. Nicolas atterrit à la Butte aux Cailles, quartier historique du street art, dans le XIIIe arrondissement. Là, il flirte avec les œuvres des futurs plus grands : Speedy Graphito, Miss.Tic, Jef Aérosol… Nicolas quitte le monde concurrentiel des planches pour la rue, son nouveau terrain de jeu. Il crée son association, Artistik Rezo, devenue aujourd’hui l’un des médias culturels leaders avec 150 000 visiteurs par mois. “Je me suis longtemps senti rejeté par le milieu de l’art, snob. Je veux montrer que tout le monde est légitime.” À l’instar de son modèle Pierre Cardin, parti de rien, Nicolas Laugero Lasserre autorise à penser que “plus que d’argent, l’art est question de passion”. 

Sophie Lamberts

[Photo © DR]

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