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Marc Riboud – Musée de la Vie romantique

30 mars 2009
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Des années 40 jusqu’aux dernières élections présidentielles américaines, Marc Riboud a été de toutes les catastrophes, joies ou déceptions qui émaillent l’Histoire du 20ème siècle. Armé d’un Vest Pocket Kodak hérité de son père, il prend ses premiers clichés dans les galeries de l’Exposition Universelle de Paris en 1937. Plus tard, il rencontre le fondateur de l’agence Magnum, Robert Capa, qui l’initie en véritable pygmalion à l’art du photoreportage. Une rencontre déterminante pour Marc Riboud, qui appréhende alors une nouvelle approche artistique, entre l’investigation journalistique et l’anthropologie.

Toute son œuvre, articulée autour de ces deux axes, témoigne d’un engagement politique constant et d’une curiosité naturelle pour les civilisations étrangères. Suivant un fil chronologique précis, l’exposition retrace le parcours éclairé de ce voyageur infatigable, héritier des grands explorateurs romantiques.

Témoin de l’intime

Du Maroc, du Japon, d’Afrique noire ou de la Route de la soie, il rapporte ses instantanés de vie, volés au quotidien de travailleurs afghans, de marchands de la Casbah ou de rameurs nigériens. Les premières séries de portraits anonymes révèlent toute la force incarnée de son art, porté par des compositions naturalistes et minutieusement étudiées. Ainsi son portrait de princes oisifs dans un hammam d’Istanbul, dont il capture la lumière mystique qui s’échappe du soupirail. Ou son « paon de Jaipur » photographié en 1952, avec, en perspective des figures féminines abstraites qui s’engouffrent dans les ruelles ombragées. Revenu à Paris, il immortalise « Le peintre de la Tour Eiffel », et, moins connu, le solitaire des Invalides. A l’instar de Weegee, Marc Riboud a réconcilié l’instantané et la narration, focalisant son objectif sur l’individu au cœur de l’Histoire.

Une photographie militante

Lorsqu’il s’intéresse aux « évènements », c’est encore une fois par le prisme de l’individu et du symbolisme discret. Des désillusions du Maoïsme, il retiendra un portrait du Père de la Chine Populaire en 1957, presque résigné. De la marche pour la paix au Vietnam, à Washington en 1967, il emporte « La Jeune fille à la fleur », et cette image iconique d’une marguerite tendue à la face des baïonnettes. Ses portraits, de Fidel Castro à Churchill, évoquent tous une vérité dissimulée, en marge des discours ou des images de références.

Néanmoins, à l’exception de son enthousiasme pour les dernières élections américaines, Marc Riboud se désintéresse depuis bientôt dix ans des affaires politiques. Passé à la couleur, il abandonne les portraits au profit des paysages. Des falaises inondées de brouillard du Huang Shan aux forêts luxuriantes du Sichuan, ses nouvelles images dissimulent une mélancolie légère, de celles qui hantent les fins de voyage.

Romain Blondeau

L’instinct de l’instant – Marc Riboud

Du 3 mars au 26 juillet 2009
Ouvert tous les jours, de 10h à 18h, sauf les lundis et jours fériés

Musée de la Vie Romantique
Hôtel Scheffer-Renan
16, rue Chaptal
75009 Paris

M° Blanche ou St-Georges

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