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François Rousseau – ATELIER

2 février 2009
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Un projet américain inspiré de Patrick Grainville “L’atelier du peintre”. 

Inspiré par le roman de Patrick Grainville “L’Atelier du peintre”, le photographe François Rousseau en réinvente visuellement les personnages et épisodes clé à Los Angeles, et diffuse ce feuilleton photographique sur une musique de Mikael Karlsson, ” Life Class “, pièce de vingt-cinq minutes pour orchestre de chambre.

 

 

MEP – Le dialogue de la Musique et la Photographie

Les oeuvres exposées à la Maison Européenne de la Photographie dévoi lent les très grandes fresques (des photographies historiées, atteignant jusqu’à 10 mètres de long) et établissent un parallèle entre photographie et musique : Mikael Karlsson fait correspondre chaque instrument de l’orchestre à chacune des photographies, et tous les jours à 17h, « Life Class », cette installation musicale de 25 minutes, conçue comme un concert pour orchestre de chambre, sera offerte à l’attention des visiteurs de l’exposition. Non comme musique d’ambiance mais bien comme pièce majeure du projet. Un ensemble d’images toujours très fortes, parfois sombres ou témoins d’une violence urbaine, celle des gangs aux USA, et la projection du film réalisé par l’artiste pour l’exposition.

 

 

GALERIE PIERRE-ALAIN CHALLIER – De la Peinture à la Photographie

À quelques pas de la MEP, dans une atmosphère intimiste, l’artiste investit 3 étages de la galerie qui le représente, et laisse ses photographies fl irter avec ses premières amours, la peinture, (que lui-même pratiqua 10 ans avant de se consacrer à la Photographie), cel le là même des personnages du roman, deux jeunes artistes américains découverts par François Rousseau pour donner vie à son modèle. Cette mise en scène complète celle de la MEP d’un regard apaisant, plus intime, et plonge le spectateur dans le secret de l’Atelier. Mais aussi de l’hommage aux Maîtres anciens. Les photographies sélectionnées avec l’artiste sont autant de tableaux en référence à sa culture picturale, dont les époux Arnolfini, libre interprétation de l’oeuvre de Jan Van Eyck (1434) est l’élément central, tant du roman, que de l’exposition.

 

 

ATELIER

vu par François Rousseau

• Les images

Le livre raconte l’histoire passionnée et tragique d’un peintre européen, d’un Maître ayant quitté son pays pour s’installer et fonder un atelier de peinture à Venice Beach (Los Angeles). Cet atelier a ceci de particulier qu’il a pour étudiants d’anciens délinquants des quartiers défavorisés de LA. Le récit mêle les obsessions de cet artiste, sa quête de la représentation du corps humain, sa quête de la beauté et la maîtrise de son art. Art compris ici comme un moyen de salut des « âmes cataclysmiques » de ces ex-dealers, ex-drogués, ex-trafiquants…

Une communauté vit dans l’Atelier : les femmes sont avec les femmes, les hommes avec les hommes, l’hétérosexualité au centre est totalement fantasmée car elle n’est présente qu’au travers de la fameuse toi le de Van Eyck : « Les Époux Arnolfini » (XVè s.) que le maître cherche à reproduire en faisant poser ses élèves… Le Maître se sert de son Atelier pour y faire poser des groupes, des bandes, des lesbiennes, des gays, des gangs qui s’entretuent dans les ghettos, des êtres que rien ne rapproche. Deux chefs de gangs rivaux acceptent de poser nus pour l’Atelier ; le Maître veut offrir ces modèles exceptionnels à ses élèves, il veut aussi offrir à ses deux hommes violents et à leurs valets une trêve grâce à l’art : la quête de la beauté comme ultime rempart à la barbarie…

Voici, parmi tant d’autres, les thèmes que j’ai choisis d’incarner, me focalisant notamment sur la délicate représentation de la nudité et m’en servant de fi l rouge.

Je me suis emparé du récit de Patrick Grainville et m’en suis servi de structure pour mon projet : une série de 80 photographies : des compositions, des mises en scènes, des portraits.

Le processus de narration, appliqué à mes séries photographiques, permet de collaborer avec mes modèles sur de longues périodes et de façon approfondie. Je peux appréhender la composition de mes images comme un peintre, en prenant le temps nécessaire. Ensuite la post production numérique permet la patiente élaboration de grandes compositions photographiques, et rejoint ainsi le geste du peintre retravaillant sa toile au pinceau. ATELIER est un questionnement sur la place du corps, de la nudité féminine et masculine, comme dans une « académie de peinture ». Au delà de la représentation esthétisante de très beaux corps, de nus glorieux, j’ai observé à quel point le nu révélait notre société. Le nu continue de heurter les sensibilités, se trouve condamné a priori, alors qu’en même temps il est l’objet d’une extrême valorisation. C’est un état du corps qui procède entièrement de la pensée. On se sent nu, c’est le propre de l’homme !

« La nudité est certainement la façon la plus radicale d’interroger notre existence de conscience incarnée. » Toutes mes images sont des « tableaux photographiques » de grand format. C’est P.Grainville lui-même, en faisant décrire « Les Époux Arnolfini » par son héros, qui me donna les clefs de mon « adaptation » et du style : il parle de réalisme qui s’élève jusqu’au surnaturel, d’un tableau « complètement réaliste et complètement sacré ». J’ai cherché à être le plus précis et vrai possible. Mes modèles sont de vrais peintres, de vrais musiciens, de vrais danseurs et je les ai photographiés avec le plus précis des appareils photos : une chambre 20×25. Je les ai éclairés d’une lumière artificiellement travaillée dans l’atelier.

 

• La Musique

Depuis ma première série photographique « HABIBI, NYC », réalisée en 2002 dans le cadre du programme Villa Medicis Hors les Murs /Afaa, dont je fus lauréat, je me suis intéressé au rapport de la photographie et de la musique. Pour « ATELIER », j’ai commandé la musique au compositeur new-yorkais MIKAEL KARLSSON « LIFECLASS », pièce de 25 minutes pour orchestre de chambre, n’est pas une musique d’ambiance.

C’est une des pièces majeures du projet. Le compositeur a prolongé les thématiques de mes photographies et conçu un mixage pour 8 hauts parleurs qui feront correspondre chaque instrument de l’orchestre, chaque séquence de la partition à chacune des photographies. La musique sera diffusée comme un « concert », une fois par jour et à heure fixe, à la Maison Européenne de la Photographie.

 

• Le triptyque vidéo « L’Atelier du photographe »

Les chevalets, les tubes de peinture et les flacons d’essence de térébenthine, les modèles nus ont côtoyé les trépieds, les flashs, les boites à lumières et mes caméras grand format. Les deux jeunes peintres que j’ai invités, Sasha PANYUTA et Nick TURNER, ont travaillé pendant des semaines sur leurs toiles et leurs dessins, et l’Atelier a pris petit à petit forme grâce à leurs oeuvres. J’ai donc demandé au vidéaste belge LOIC MAES, installé à New York, de réaliser un travail vidéo qui soit plus qu’un making of : sa vision de l’ATELIER. Son triptyque vidéo sera diffusé tout au long des deux mois d’exposition à la MEP en alternance avec mon film réalisé sur la musique « LIFECLASS » de Mikael Karlsson.

 

 

Maison Européenne de la Photographie

5-7 rue de Fourcy

75004 Paris

Métro Saint Paul

 

Galerie Pierre-Allain Challier

8 rue Debelleyme

75003 Paris

Métro Saint Sébastien Froissart

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