0 Shares 9850 Views

Mosko (et associés)

Grard_Laux

Pour en savoir plus sur ces surprenantes œuvres d’art urbain, j’ai rencontré Gérard Laux à la Galerie Ligne 13, à deux pas de la place de Clichy, là où il expose ces girafes bigarrées devenues au fil des années sa marque de fabrique.

Artistik Rezo : Qui est Mosko ?

Gérard Laux
: Mosko, ça a été moi tout d’abord, lorsque j’ai commencé vers la fin des années 80 à tapisser les murs du quartier de La Moskowa, là où j’ai grandi, dans le 18ème arrondissement. Ce quartier de Paris était insalubre, vétuste et voué à la démolition, mais entouré de végétation. Inspiré, j’ai eu une envie : égayer ces palissades un peu tristes. Michel Allemand m’a ensuite accompagné. En réponse au côté morbide de ces façades, la jungle a investi peu à peu les rues de la ville…


30_x_19_bleu_orange_et_noirPourquoi avoir opté pour l’Art de rue plutôt que pour un travail plus traditionnel en atelier ?

Le quartier était pauvre esthétiquement et économiquement (même s’il était riche d’un esprit « village ») et peindre là où le quotidien rimait avec grisaille, c’était donner un rôle social à notre implication artistique. On a essayé modestement d’amener de l’Art. Et puis nous n’avions pas de formation artistique à proprement parler, alors tout ce qu’on a appris, on l’a appris par nous-mêmes. Je ne pensais d’ailleurs pas être exposé en galerie quinze ans après ! Notre démarche a été spontanée et militante, tant mieux si elle peut nous amener à une réflexion plus plastique. 

Pourquoi Mosko « et associés » ?

« Et associés » parce que notre duo a toujours voulu délibérément rester ouvert et fédérateur. Le noyau dur est ainsi toujours associé à ces personnes qui ont travaillé avec nous, qui nous ont donné un coup de main même ponctuellement, à tous ceux qui gravitent autour de notre travail. Tous ceux-là doivent pouvoir se retrouver sous un même nom.

63_x_32_vert_et_jauneComment la jungle et ses animaux sont-ils devenus le thème de votre travail ?

Parce que ça plait à tout le monde, parce que c’est une réponse en couleurs au côté morbide. J’ai voulu que les gens puissent se retrouver à travers une thématique qui ne soit pas agressive, j’ai voulu amener des images agréables et qui puissent toucher tout le monde au-delà de tous les clivages, au-delà des âges, des cultures…

Avez-vous déjà envisagé de vous éloigner de cette thématique du bestiaire ?

Non pas du tout ! Je suis à fond dedans ! Le bestiaire offre une grande diversité au niveau des couleurs, des pelages… C’est tout simplement sans fin.

Vous peignez toujours en tandem ?

Comme nous travaillons avec des pochoirs d’assez grande ampleur, c’est dur à manipuler seul. Mieux vaut être deux ! C’est sûr qu’on n’a pas choisi la simplicité, comme avec cette girafe de 2m90…  Très concrètement, le pochoir tient le plus souvent en un seul tenant, plié, alors pour le mettre en place, il faut nécessairement être deux. Au début, je travaillais seul, mais j’ai vite pris l’habitude de travailler avec quelqu’un. Et puis surtout, la vraie raison c’est que c’est toujours plus sympa d’être à deux ! 

75_x_50_rose_gris_blancQuelles ont été vos références ou inspirations artistiques ?

Ernest Pignon-Ernest, Jérôme Mesnager, Miss.Tic, entre autres. Ce sont des gens comme eux qui m’ont incité à faire ce que je fais aujourd’hui, même si j’ai évidemment une approche artistique toute personnelle. Sans chercher à faire la même chose qu’eux, ce sont des artistes et des personnalités qui m’ont incité à prendre cette voix du Street Art.

Vous collaborez souvent avec d’autres artistes ?

Je travaille régulièrement avec Jef Aérosol, Nemo, Artiste-Ouvrier, Speedy Graphito, Jérôme Mesnager. J’aime bien les collaborations, les rencontres d’univers différents, même si nous appartenons tous au même mouvement. Il faut reconnaître qu’on a de la chance parce que c’est un milieu assez amical de manière générale. On noue des relations fortes et on arrive à faire des trucs ensemble dans la rue. On trouve véritablement du plaisir à se retrouver, et cet aspect-là n’est pas négligeable dans un milieu artistique ou parfois les egos et les rivalités sont forts ! En tout cas une chose est sure, tout ça crée une forte émulation. Il y a des talents, de l’énergie… C’est une belle aventure !

De quel œil voyez-vous l’entrée du Street Art sur le marché de l’art contemporain ?

Je reconnais que ça intéresse de plus en plus de gens. Et c’est vrai que lorsque l’on voit des pièces de Peter Blake qui se vendent à 25-27’000 €, ça fait bizarre… Maintenant, je ne suis pas persuadé que ce soit l’aspect spéculatif qui prime. Si c’est seulement cet aspect-là qui entre en compte, ça sort de ce que j’ai envie de faire. Pour ma part, je préfère le côté émotionnel, c’est ce qui me séduit le plus : rester dans des prix accessibles et qu’il se passe quelque chose avec l’acheteur. Que ça ne soit pas uniquement une histoire d’argent, même si, je ne le cache pas, c’est toujours agréable de plaire.

Propos recueillis par Cassandre Bournat

Où voir les œuvres de Mosko et associés ?

Galerie Ligne 13
Jusqu’au 21 mai, exposition « Autour de la girafe »
13, rue de la Condamine – 75017 Paris
M° La Fourche
Tél. 01.45.28.44.22
www.galerieligne13.com

Toute l’actualité de Mosko et associés et les lieux où apercevoir ses œuvres :
moskoetassocies.fr

Articles liés

“Du rêve que fut ma vie”, un spectacle de Camille Trouvé et Brice Berthoud au Théâtre 14
Agenda
63 vues

“Du rêve que fut ma vie”, un spectacle de Camille Trouvé et Brice Berthoud au Théâtre 14

Femme, artiste, muse et rebelle. Nous n’en avions pas fini avec Camille Claudel. Après “Les Mains de Camille”, spectacle qui explore l’enfance de l’artiste, les liens avec sa famille et ses contemporains, “Les Anges au Plafond” plongent dans la...

“Oh My Gods !” : L’exposition divine de Wen Na dès le 6 juin au Musée en Herbe !
Agenda
67 vues

“Oh My Gods !” : L’exposition divine de Wen Na dès le 6 juin au Musée en Herbe !

Dans le cadre des soixante ans de l’amitié franco-chinoise, la talentueuse artiste chinoise, Wen Na, investit le Musée en Herbe de fresques et de sculptures pour sa nouvelle exposition “Oh My Gods !”. Entre mythologie et divinités, l’artiste est...

Ne manquez pas la 15e édition du Point Virgule Fait l’Olympia le 19 juin !
Agenda
66 vues

Ne manquez pas la 15e édition du Point Virgule Fait l’Olympia le 19 juin !

Pour la 15e fois, la plus petite des grandes salles parisiennes investit la salle mythique de l’Olympia avec toujours le même plaisir de vous livrer la meilleure sélection des humoristes, les plus drôles de leur génération. Plus de 40...