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Jesper Just – galerie Perrotin

17 avril 2013
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Galerie Emmanuel Perrotin


Jesper Just s’inspire de l’esthétique cinématographique de grands réalisateurs tels Dreyer et Bergman, Melville et Kazan pour n’en citer que quelques-uns.

Dans ses films énigmatiques, sans dialogues, la maîtrise des stratégies cinématographiques est au service d’une narration fondée sur une panoplie d’émotions humaines amplifiées par l’utilisation magistrale de la musique.

Les films de l’exposition témoignent de son intérêt incessant pour les stéréotypes de genres et de races, les pastiches architecturaux, l’appropriation culturelle et la dislocation. Montré pour la première fois en France à l’occasion de cette exposition, Llano (2012) est le dernier film produit par l’artiste. Il se déroule dans la ville fantôme de Llano del Rio fondée en 1913 par le socialiste Job Harriman. Un problème d’approvisionnement en eau interrompt finalement le projet et la ville est désormais abandonnée depuis un siècle.

On contemple les vestiges de cette cité utopique sur lesquels se déversent en continu des trombes d’eau. Très vite, on découvre une installation, disposée au-dessus de ruines, caractéristique de celle utilisée au cinéma pour créer des pluies artificielles. Au centre de ce dispositif une femme s’acharne à endiguer cet effondrement. Telle Sisyphe poussant son rocher, elle replace une à une les pierres démantelées d’une structure déjà désintégrée. Plusieurs fois la caméra nous emmène dans une salle des machines souterraine qui semble mystérieusement liée à cette ruine. Selon Jesper Just « Llano est la ruine d’un lieu qui n’existe plus, mais aussi un lieu qui n’a jamais vraiment existé. Ici, il existe un double sens – un bizarre mélange d’utopie et de dystopie rempli d’échecs et d’idéaux puissants. » 

Dans la seconde salle est présenté Sirens of Chrome (2010), un film tourné dans la ville de Detroit. Dans un silence total, quatre femmes afro-américaines circulent dans les rues désertes de cette ville abandonnée. Dans la Chrysler, la tension est palpable et traduit l’atmosphère inquiétante du dehors. Quand elles arrivent sur le toit d’un ancien théâtre transformé en parking, une autre femme entre en scène et une confrontation aussi étrange qu’envoûtante débute alors. Comme l’a écrit la commissaire Jennifer Frias « les œuvres de Just sont souvent chargées de narrations ambiguës qui n’attendent jamais une conclusion. Genres, relations et identité sont des thématiques récurrentes dans son travail (…) Sirens of Chrome, explore la complexité de la condition humaine et déplace l’attention sur la représentation et l’interprétation des femmes afro-américaines et, plus généralement, sur la condition féminine. »

Dans A Vicious Undertow (2007), tourné en 16 mm, une relation étrange entre trois personnages se dessine par des échanges de regards et de pas de danse, à travers le leitmotiv sensuel du sifflement qui les introduit. A Vicious Undertow se construit autour d’un personnage féminin entre deux âges, qui siffle l’air de « Night in White Satin » dans un bar. La caméra glisse sur sa nuque, sa peau, ses lèvres avant de s’approcher d’une seconde femme, plus jeune.

Un homme se joint à elles. Dans une succession de plans rapides, la caméra saisit la femme qui danse la valse avec la jeune femme, puis avec l’homme, puis à nouveau avec la jeune femme. Subitement, l’héroïne se fige et se dirige vers la sortie. Propulsée en pleine nuit sur les marches d’un escalier sans fin, elle semble vouloir échapper à la mélancolie ou à la fatalité en se déplaçant dans un espace, hors du temps.

Jesper Just représentera cette année le Danemark à la 55ème Biennale de Venise.

Aux mêmes dates à la galerie Perrotin : exposition de Gianni Motti 

Expositions personnelles 

  • 2013 : The Danish Pavilion, The 55th Venice Biennale, Venice, Italy ; « This Is A Landscape of Desire », Herning Museum of Contemporary Art, Herning, Denmark
  • 2012 : « This Nameless Spectacle », Galleri Nicolai Wallner, Copenhagen, Denmark ; « This Nameless Spectacle », University of Michigan Museum of Art, Ann Arbor, MI, USA ; « This Nameless Spectacle», James Cohan Gallery, New York, USA
  • 2011 : « This Nameless Spectacle », MAC/VAL, Vitry-sur-Seine, France ; « A Vicious Undertow », Des Moines Art Center, Des Moines, USA ; John Curtin Gallery, Perth, Australia  ; « This Nameless Spectacle », BALTIC Centre for Contemporary Art, Gateshead, United Kingdom ; Photo Spring, Beijing, China ; MAP, Mobile Art Production, Stockholm, Sweden ; Le Mois de la Photo à Montréal, Montréal, Canada 
  • 2010 : ARTscape: Denmark – Jesper Just, Galerija VARTAI, Vilnius, Lithuania ; « Jesper Just: Romantic Delusions », Tampa Museum of Art, Tampa, USA
  • 2009 : « Invitation to Love », Kunstnernes Hus, Oslo, Norway ; Jesper Just, Centro de Arte Moderna José de Azeredo Perdigao – Fundacao Calouste Gulbenkian, Lisbon, Portugal
  • 2008 : « Romantic Delusions » Brooklyn Art Museum, New York, USA ; « Romantic Delusions », Galerie Perrotin, Paris, France ; « Romantic Delusions », U-turn / Kunsthallen Nikolaj, Copenhagen, Denmark ; « A Voyage in Dwelling », Victoria Miro Gallery, London, United Kingdom ; La Casa Encendida, Madrid, Spain
  • 2007 : « A Vicious Undertow », Perry Rubenstein Gallery, New York, USA ; La Casa Encendida, Madrid, Spain ; « S.M.A.K », Ghent, Belgium ; Ursula Blickle videolounge, Kunsthalle Vienna, Vienna ; « Witte de With », Rotterdam, The Netherlands ; Ursula Blickle Foundation, Kraichtal, Germany ; « No Man is an Island II, Bliss and Heaven, Something to Love », Miami Art Museum, Miami, USA
  • 2006 : « Something to Love », Stedelijk Museum, Amsterdam, The Netherlands ; « It Will All End in Tears », Special viewing during Frieze Art Fair: ArtProjx presentation in Prince Charles Cinema, London, United Kingdom ; « It Will All End in Tears », Galleri Christina Wilson, Copenhagen, Denmark ; Perry Rubenstein Gallery, New York, USA ; « Black Box » Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Washington, USA ; Hammer Museum, Los Angeles, USA ; The 1st at Moderna: « Something to Love », Moderna Museet, Moderna Museet, Stockholm
  • 2005 : « True love is yet to come », PERFORMA 05, New York, USA ; « Something to Love »,  Herning Art Museum, Herning, Denmark
  • 2004 : « No Man is an Island », YYZ Gallery, Toronto, Canada ; « Bliss and Heaven », Gallery Maze, Torino, Italy ; Perry Rubenstein Gallery, New York, USA ; « A Fine Romance », Galleri Christina Wilson, Copenhagen, Denmark ; « A Fine Romance », Midway Contemporary Art, St. Paul, USA
  • 2003 : « The Man Who Strayed », artnode.dk / Den Anden Opera, Copenhagen, Denmark

 
Jesper Just 

Du 20 avril au 15 juin 2013
Du mardi au samedi, de 11 à 19h

Vernissage le 20 avril 2013

Galerie Emmanuel Perrotin 
10, impasse Saint-Claude 
75003 Paris 

www.perrotin.com

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