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Solo Show de Walterico Caldas – Xippas Galerie

Agathe Louis 7 décembre 2017
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La galerie Xippas a le plaisir de présenter une grande exposition personnelle de l’artiste brésilien Waltercio Caldas, qui réunira des œuvres réalisées au cours de ces dernières années.

Figure majeure de l’art contemporain du Brésil, Waltercio Caldas commence sa pratique artistique dans les années 1960, époque marquée par l’apparition du mouvement du Néo-Concrétisme. Depuis plus de cinq décennies, le processus de la perception et les relations entre le regard et la réflexion sont au cœur de son œuvre qui fait coexister des formes extrêmement pures, presque minimalistes avec la complexité conceptuelle. Ses sculptures aussi présentes qu’immatérielles, donnent à voir non tant les objets, mais l’espace entre les objets. Comme l’écrit Guy Brett, « le minimum de matériau physique révèle le maximum d’énergie latente de l’espace ».

Les sculptures de Watercio Caldas esquissent des objets dont l’essence même reste à deviner. Dans Wings (2008), des cercles en acier accrochés au mur, comme une sorte de points d’ancrage, liés entre eux par des fils de coton, créent des formes géométriques aussi simples qu’éphémères. En posant des lignes et des points, l’œuvre évoque le vide et le silence. Le titre même, Wings, renvoie de manière subliminale à l’air, associé chez Caldas à l’espace qui structure les objets et devient un lieu de projection de la pensée.

Utilisant souvent des contours d’objets, comme dans Blue glasses (2012) où des structures en acier évoquent les verres sans donner à voir les objets physiques, Caldas pousse à l’extrême le paradoxe entre présence et absence, transparence et opacité. Ce paradoxe est renforcé par le jeu de miroirs, récurrent dans sa pratique. A nouveau, il s’agit de l’idée de la réflexion que l’artiste développe sans avoir recours au miroir même. En créant plusieurs plans où les lignes et les objets se substituent aux reflets les uns des autres, l’artiste crée un miroir en trois dimensions et matérialise l’idée de la réflexion, processus qu’il appelle « la déconstruction fonctionnelle du miroir ». Ainsi Caldas dépasse la dualité entre présence et absence, positif et négatif, et parvient à une fusion paradoxale et fragile entre réalité tangible et pensée.

Dans ce processus de construction du sens, le langage joue un rôle primordial. La relation entre les noms et les objets, entre ce que l’on voit et ce que l’on lit étant essentielle, le titre fait part intégrante de l’œuvre de Waltercio Caldas. Le langage introduit une nouvelle optique, celle de la lecture au sens propre, donnant en même temps une autre dimension aux mots – la présence physique, comme dans Not now (2014), où les mots et les tiges en acier forment un ensemble indissociable, se prêtant à un jeu de répétitions, de reflets et de transparence.

A la fois poétique et conceptuel, le recours au langage permet également à Caldas d’introduire des références à l’histoire de l’art. Les titres de ses sculptures invoquent souvent des noms d’artistes, comme Brancusi (2014) et permettent d’enclencher une réflexion sur l’œuvre d’art elle-même, sur la distance entre l’art et l’histoire de l’art.

D’une rare finesse visuelle et d’une grande économie de moyens, les sculptures de Waltercio Caldas invitent le spectateur à vivre sa propre expérience de lecture de l’œuvre entre appréhension immédiate et interprétation intellectuelle. Dans la lignée de la pensée d’Umberto Eco, qui avançait, il y a plus de cinquante ans dans L’Œuvre ouverte (1962), que le spectateur faisait désormais partie du processus de création d’une œuvre d’art, Caldas l’implique dans l’expérience de l’interprétation et ouvre une multitude de possibilités de sens. Ce qui importe dans l’approche de son travail, c’est le moment précis et énigmatique de la perception, qui révèle l’œuvre comme processus, en résonance avec la pensée phénoménologique, selon laquelle l’objet n’existe que dans le regard du spectateur.

[Source : communiqué de presse]


Retrouvez notre dossier sur les vernissages de décembre ici.

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