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Vernissage de Sergio Vega – Galerie Karsten Greve

Agathe Louis 2 novembre 2017
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sergio vega borges in the alhambra vernissage galerie karsten greve artistik rezo paris

La Galerie Karsten Greve a le plaisir de présenter Borges in the Alhambra, fascinant projet du photographe Sergio Vega dédié à Jorge Luis Borges, l’un des écrivains les plus importants et influents du XXe siècle, et figure centrale de la culture hispanophone.

À l’entrée de l’Alhambra de Grenade le visiteur est accueilli par les mots du poète mexicain Francisco de Icaza : « Femme, donne-lui une aumône, car il n’y a pas chose plus triste dans la vie que d’être aveugle à Grenade ». C’est dans l’esprit de cette citation que se développe le projet de l’artiste argentin, constitué par une série de photographies à tirage unique et de deux vidéos.

En 1918, alors qu’il est encore enfant, Jorge Luis Borges (romancier, poète et homme de culture argentin) visite pour la première fois l’Alhambra de Grenade. Depuis cette visite, l’architecture de ce monument unique en son genre – fortement liée à la poésie et à la philosophie de l’Islam – ainsi que l’histoire de la présence musulmane dans la péninsule Ibérique, ont fait partie de l’imaginaire lyrique de l’écrivain. En 1976, lors de sa deuxième visite avec sa compagne María Kodama, Borges, désormais à l’apogée de sa carrière et de sa reconnaissance internationale, est aveugle. Il souffre d’une rétinite pigmentaire qui provoque un aveuglement qu’il définit comme « modeste » : si un œil ne voit rien, l’autre parvient à voir un monde voilé d’une pellicule jaune, une réalité dorée.

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©Sergio Vega

Il verra alors l’Alhambra à travers les yeux de sa compagne, à travers ses descriptions, mais surtout il la connaîtra grâce aux murmures des innombrables fontaines et par le pépiement des oiseaux cachés dans les citronniers des jardins. Dans la vision de Borges, l’Alhambra devient alors un espace de rêverie, où l’on peut se plonger dans l’histoire des dynasties mauresques, ou dans la cosmologie qui régit la composition architecturale de ce lieu fantastique. Cette façon particulière de regarder et de sentir, Borges a voulu la  partager, l’offrir en cadeau à sa femme sous la forme d’un poème « L’Alhambra ». Dans ce poème son sentiment de gratitude de pouvoir ressentir à nouveau Grenade alterne avec la sensation d’une perte irréparable.

La recherche esthétique de Sergio Vega se propose de reconstruire la mémoire de ce deuxième voyage,  en replaçant son regard dans l’espace architectural du site. Pour se faire, Vega recourt à une technique photographique originelle : le ferrotype. La plaque de mental est imbibée d’une solution photosensible qui, au contact de la lumière, fige l’image pour toujours. Le rendu presque aqueux de ces trente photographies sur plaque d’aluminium, crée des images fantasmagoriques d’un regard perdu dans les saisons de l’esprit. Les détails de l’architecture de l’Alhambra – organisée selon des principes mathématiques stricts – sortent de la lumière crépusculaire comme des épiphanies. L’alphabet arabe qui se fait ornement d’or sur les chapiteaux des colonnes, se transforme dans les photos de Vega en dentelle noire, non sans rappeler les mantilles que portent encore aujourd’hui les femmes andalouses.

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©Sergio Vega

Deux vidéos, qui accompagnent le travail photographique, seront projetées dans l’exposition : dans Un ciego en Granada (28’02”) Sergio Vega utilise les techniques du documentaire pour reconstruire le parcours de création du poème de Borges, tout en explorant les salles et les jardins du palais à l’aide de citations de l’auteur. Avec Borges in The Alhambra (a hypothesis of blindness) (11’46”) Vega s’essaye à reproduire l’expérience sensorielle de la dernière visite de l’écrivain à Grenade, à travers ses yeux malades. Ce film sera également montré dans le cadre de Paris Photo, le 11 novembre 2017, à partir de 15h, au MK2 du Grand Palais.

Sergio Vega se lance donc dans l’aventure extrême de montrer aux voyants une vision d’aveugle, à travers des médiums artistiques éminemment visuels. Mais c’est seulement grâce à la parole, aux écrits et aux discours que Borges nous a laissé que Vega a pu reconstruire son hypothèse de vision, une vision bercée par la voix de son amour et par les bruits propres à ces lieux magiques. Borges in the Alhambra demande alors au visiteur non seulement de regarder mais aussi d’écouter et, parfois, de fermer les yeux.

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©Sergio Vega

Sergio Vega est née à Buenos Aires en 1959. Il est membre de l’École d’Art et Histoire de l’Art de l’Université de Floride depuis 1999. Il a participé à des nombreuses manifestations artistiques à l’internationale, notamment la 51ème Biennale de Venise, la documenta 13, la 3ème Biennale de Moscou. Il vit et travaille à Gainesville et Miami, Floride, États-Unis.

 

[Source : Communiqué de presse]

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