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La photographie n’est pas l’art – Strasbourg

9 février 2010
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La photographie n'est pas l'art au Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg

La photographie n'est pas l'art au Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg::

Sylvio Perlstein a, au cours de sa vie, réuni près d’un millier d’œuvres d’art moderne et contemporain. Celui que Man Ray rendit sensible à un imaginaire, une étrangeté, une fantasmagorie perceptible par l’intermédiaire de ce médium si particulier qu’est la photographie, n’a en réalité « jamais acheté des œuvres dans l’idée de constituer une collection. »

C’est justement cette absence d’intention première qui semble avoir rendu possible un panorama aussi large de créations photographiques. En effet, si l’exposition du MAMCS fait la part belle à la photographie des années 1920 et 1930, notamment grâce à l’amitié qui liait Man Ray à Perlstein et qui permit à ce dernier de réunir de nombreux tirages de l’artiste, elle propose également un large panel d’autres œuvres, connues ou plus confidentielles.

Un parti-pris intéressant et judicieux

Point d’accrochage chronologique, qui n’aurait offert qu’un regard linéaire sur la photographie, mais un accrochage thématique qui rend possible des mises en relation originales entre des artistes aux époques et aux idées différentes, mais jamais très éloignées. Parti-pris intéressant et judicieux dont la pertinence est accrue par le choix de mettre en regard dans chaque section des oeuvres non-photographiques de Magritte ou Pistoletto par exemple, qui font écho à certains tirages.

Les six sections qui composent l’exposition mettent en lumière les principaux thèmes retrouvés le plus souvent en photographie et qui en ont fait sa valeur. La première d’entre elles, intitulée « Corps », marque tant dans le choix que dans le nombre des œuvres présentées. A la fois visions académiques et visions figurées, les corps ont traversé l’histoire de la photographie et ont été le fruit de diverses expérimentations iconographiques ; dont l’un des exemples les plus fameux, Le Violon d’Ingres de Man Ray, est à admirer dans cette exposition. Les cinq autres thèmes présentés prolongent la découverte de la photographie en mettant en exergue les recherches de composition des photographes.

Une signification symbolique

Le choix des oeuvres présentées pose avec justesse la question des montages photographiques dans le cas de la publicité notamment et interroge la signification symbolique de certaines accumulations et collages. Un questionnement qui se poursuit par la mise au jour de la dualité immanente à la photographie, à la fois fenêtre sur le monde et créatrice de ses propres paysages. L’exposition permet également de toucher du doigt la coexistence dans la photographie de la dimension instantanée du cliché et de celle de la mise en scène. Là encore, le réel est interrogé, le rêve et l’imaginaire affleurant aux clichés. Si la section « Mots » est peut-être la moins intéressante par manque de matière, le dernier temps du parcours propose par contre une galerie variée de portraits, dont certains particulièrement surprenants comme la Double Mona Lisa de Vik Muniz, photographie de deux versions de la Joconde réalisées en confiture et beurre de cacahuètes.

Avec plus de 130 artistes exposés et 200 clichés, l’exposition proposée par le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg permet aux visiteurs de retrouver certaines oeuvres bien connues et d’en découvrir d’autres. Loin de simplement offrir au regard de jolies photos, l’exposition soumet à l’appréhension de chacun ce que Sylvio Perlstein a nommé l’esquisito, ce « beau bizarre » point commun de ces clichés, et clé de compréhension de la sélection.

Dépassant le cadre souvent restreint d’une exposition monographique, La Photographie n’est pas l’art du MAMCS offre à voir une pluralité d’images à la symbolique poignante. S’inscrivant dans la mouvance surréaliste tout en s’intéressant aux photographes d’aujourd’hui, elle permet un regard englobant l’ensemble des pratiques utilisées en photographie durant le siècle passé, mettant au jour la richesse de ce médium.

Solène Zores


La photographie n’est pas l’art. Collection Sylvio Perlstein

Du 5 février au 25 avril 2010
Ouvert le mardi, mercredi et vendredi de 12h à 19h
Le jeudi jusqu’à 21h et le week-end de 10h à 18h
Fermé le lundi

Plein tarif : 6€
Gratuit pour les moins de 18 ans

Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg
1, place Hans Arp – 67000 Strasbourg

www.musees-strasbourg.org

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