0 Shares 2776 Views

L’art de l’image fixe

15 décembre 2008
2776 Vues
mcqueen_large

Le rapport au cinéma est prégnant dans l’œuvre de l’artiste anglais à la renommée internationale : lauréat du Turner Prize en 1999, il battra pavillon anglais à la prochaine Biennale de Venise. Cinq ans après sont exposition « Speaking in Tongues » au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, et au moment même de la sortie en France de Hunger, Steve McQueen présente à la galerie Marian Goodman trois œuvres dans lesquelles il prolonge, par le biais d’une pratique plasticienne, sa réflexion sur le cinéma, dont il contredit, dans une esthétique minimaliste et non-narrative, la caractéristique de « motion pictures ».Rayners Lane (2008), filmé en 16 mm (qui donne à l’image, par ses imperfections, une épaisseur que n’a pas la vidéo) est un plan fixe de dix minutes sur un mur de brique. Rien ne paraît sur le mur ainsi dédoublé de la galerie, nul accident ne vient perturber l’image, nul mouvement ni son ne sont perceptibles, hormis ceux de la pellicule qui défile dans le projecteur. Dans un retour ontologique sur lui-même, le cinéma, ici, est réduit à son essence technique, mécanique, et n’est plus, littéralement, cette « fenêtre ouverte sur le monde » qui succéda à la peinture.Plus loin, dans les sous-sols voutés de la galerie Marian Goodman où il semble que le passage vers un autre monde soit possible, le film Running Thunder (2007) prolonge la réflexion en abordant le thème du vivant et de la mort. Toujours en plan fixe, il montre un cheval étendu dans un champ verdoyant. Seuls les insectes rôdant autour de l’animal et les clignements de ses grands yeux fixant la caméra indiquent le mouvement, tandis que la lumière palpite à la surface de son pelage noir. Le temps, la mort et son imperceptible avancée sont ici à l’œuvre, à l’abri du monde et de ses passions.À proximité, une projection de diapositives, Current (1999), donne à voir dans un fondu enchaîné sans bande-son la lente immersion d’une bicyclette dans les eaux bleues d’une rivière. Peu à peu l’image passe du figuratif à l’abstrait, de la vie à la mort, du bruit au silence. Cut.

Articles liés

Kyab Yul-Sa transcendent les fondements de la musique tibétaine : concert de lancement au Studio de l’Ermitage
Agenda
83 vues

Kyab Yul-Sa transcendent les fondements de la musique tibétaine : concert de lancement au Studio de l’Ermitage

Le trio Kyab Yul-Sa, lauréat du Prix des Musiques d’Ici 2021, révèlera “Murmures d’Himalaya” son nouvel album à l’occasion de sa sortie le 26 avril 2024 chez Nangma Prod / Inouïe Distribution. Cet opus sera présenté le jeudi 23...

“Our Way”, le nouvel album du trio mythique du Jazz, Helveticus, sort le 24 mai
Agenda
93 vues

“Our Way”, le nouvel album du trio mythique du Jazz, Helveticus, sort le 24 mai

Quatre ans après « 1291 », voici le deuxième album du trio suisse Helveticus, formé de trois musiciens exceptionnels de trois générations différentes et issus de trois régions différentes de la Suisse. Si le premier album a été enregistré dans l’urgence...

“La Danseuse” : Justine Raphet met en lumière la toxicité des relations amoureuses
Agenda
166 vues

“La Danseuse” : Justine Raphet met en lumière la toxicité des relations amoureuses

La Danseuse traite des relations amoureuses toxiques et de l’emprise au sein du couple en s’intéressant au parcours de vie de Noé et à sa relation amoureuse avec Adèle. Noé, jeune danseur, ne se sent pas en phase avec le...