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Émile Bernard ou comment un avant-gardiste devient réactionnaire

25 septembre 2014
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bernard

“Émile Bernard (1868-1941)”

Du 17 septembre 2014
au 5 janvier 2015

Tarifs
Plein : 9 €
Réduit : 6,5 €

Gratuit pour tous le 1er dimanche de chaque mois, les adhérents et les moins de 26 ans de l’Union européenne.

Catalogue de l’exposition 
Coédition musée d’Orsay-Flammarion, 240 pages,
39 €

Conférences
“Bernard et les maîtres” par Marie-Paule Vial, mercredi 19 novembre à 18h30

“Émile Bernard et Odilon Redon” par Rodolphe Rapetti, mercredi 3 décembre à 12h30

“Émile Bernard : symbolisme et religion” par Fred Leeman, mercredi 10 décembre à 18h30

Entrée gratuite dans la limite des places disponibles

Réservation :
01 44 50 43 01

Musée de l’Orangerie
Jardin des Tuileries (côté Seine)
75001 Paris

M° Concorde

www.musee-orangerie.fr

02.-La-moissonDu 17 septembre 2014 au 5 janvier 2015

On ne connaît vraiment de la carrière d’Émile Bernard (1868-1941) que 7 années, celles qui l’ont associé à cette avant-garde qui a pris naissance à Pont-Aven, aux côtés de Gauguin. Le musée de l’Orangerie va au-delà et présente la carrière de l’artiste dans sa globalité. Que se passe-t-il après Pont-Aven ? Il devient radical et prône un retour à la beauté idéale à travers les maîtres classiques. Comment un avant-gardiste devient un des artistes les plus réactionnaires de son temps ? Réponse avec cette exposition inédite.

Émile Bernard (1868-1941) est un personnage complexe. Rétif à toute autorité, brillant jeune homme porté par le dessein de la peinture, graveur, poète remarqué par Apollinaire, il est également critique défendant, entre autres, l’art de son ami Van Gogh. Il verse dans un mysticisme exacerbé sans pour autant hésiter à s’adonner en toute sincérité à la bigamie et à céder à la tentation de la nudité de ses modèles – qu’il choisit souvent dans les bordels. Il critique le monde de l’art mais désespère d’être gratifié de sa reconnaissance. Un homme pétri de contradictions.

05.-Madeleine-au-bois-damourLa paternité du symbolisme « volée » par Gauguin

L’exposition du musée de l’Orangerie est donc une opportunité pour comprendre ce personnage atypique mis au ban d’une histoire de l’art qui ne retient que l’audace des avant-gardistes. Il la possédait cependant à ses débuts, lorsqu’il fait ses armes en 1884 dans l’atelier de Fernand Cormon à Paris, où ses amis sont Louis Anquetin et Henri de Toulouse-Lautrec. C’est bien elle qui l’a poussé à donner un nouveau souffle à la peinture lorsqu’il entreprend deux ans plus tard ce voyage initiatique jusqu’à Pont-Aven, ce nouvel Eldorado exotique pour une génération d’artistes en quête de rupture avec l’Académisme étouffant. Avec son ami Louis Anquetin, ils donnent naissance au Symbolisme fait d’aplats de couleurs, d’une simplification des formes et de la suppression de la perspective sous l’influence des estampes japonaises. La vie quotidienne des Bretons devient le motif central de ces peintres. Mais les choses de gâtent lorsque la paternité du mouvement est attribuée à Gauguin. Ils ont été très proches – bien que Gauguin soit de 20 ans son aîné –, ont partagé les mêmes réflexions sur le renouveau de l’art au point d’imaginer retrouver Van Gogh à Arles qui souhaitait créer une communauté d’artistes avec les deux compères. Mais Bernard ne décolère pas.

10Désillusion et exil en Égypte

Alors, le manque de reconnaissance, cette brouille avec Gauguin et la mort de Van Gogh contribuent très certainement à nourrir l’amertume qui pousse Bernard à fuir vers l’Orient. Il est persuadé que c’est là-bas qu’il pourra réaliser son grand chef-d’œuvre, lui qui a tiré un trait sur ses premières ambitions “révolutionnaires”, une erreur de parcours somme toute ! Il est passé dans le camp des défenseurs de la Beauté qu’il faut retrouver en peinture en s’inspirant de l’exemple des maîtres anciens, Titien, Raphaël et Michel-Ange en tête. “Pour lui, les avant-gardes sont éphémères et cela va à l’encontre de ce qui est fondamental, à savoir une recherche de l’ordre de l’idéal, et l’idéal transcende la temporalité !”, précise Marie-Paule Vial, une des commissaires de l’exposition.

Le Caire est sa Terre Promise où il restera pendant dix ans. Il s’y mariera avec une jeune Syrienne soumise – un peintre ne peut que créer à ce prix écrit-il – et produira un art classique tout en dressant un tableau de la société égyptienne qu’il essaie de documenter tel un ethnologue. Mais Paris l’oublie, il ne peut rester trop longtemps aussi éloigné de l’épicentre artistique. Il réinterprète les grands thèmes de la peinture, avec une grande faveur pour les nus. Le succès n’est pas au rendez-vous, il est critiqué, mais soutenu par ceux qui veulent rétablir la rénovation des arts comme lui.

Alors, est-ce que notre œil formaté par cette histoire de l’art des avant-gardes est prêt à apprécier cette production qui a tellement peu été montrée ? Une visite de l’exposition s’impose pour que chacun réponde à cette question et pour apprécier ceux qui sont ses chefs-d’œuvre : Madeleine au bois d’Amour, les Femmes au bord du Nil, les trois nus d’Après le bain, les nymphes de 1908 ou l’Autoportrait Vision, acquis par le musée d’Orsay en 2008.

Stéphanie Pioda

[Émile Bernard, La Moisson d’un champ de blé, 1888, huile sur toile, 56,4 x 45,1 cm. Coll. & © musée d’Orsay, Paris / RMN-GP presse / Jean-Gilles Berizzi. ; Émile Bernard, Madeleine au bois d’Amour, 1888, huile sur toile, 137 x 163 cm. Coll. & © musée d’Orsay, Paris / RMN-GP presse / Patrice Schmid. ; Émile Bernard, Après-midi à Saint-Briac, 1887, huile sur toile, 46 x 55 cm. Coll. Aargauer Kunsthaus, Aarau. © Jörg Müller, Aarau]

Émile Bernard ou comment un avant-gardiste devient réactionnaire – Musée de l’Orangerie

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