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Moebius Transe Forme – Fondation Cartier pour l’art contemporain

7 mars 2011
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Mœbius-Transe-Forme

Intitulée « Mœbius – Transe – Forme », l’exposition surprend par sa densité et sa richesse, ainsi que par la présentation de documents inédits. Afin de célébrer cette grande première, la Fondation Cartier met les petits plats dans les grands en consacrant deux espaces radicalement différents à cet artiste vertigineux.

Carnets, dessins préparatoires, peintures, planches originales, film d’animation en 3D présenté en exclusivité : en tout, plus de 400 documents, de quoi commencer à appréhender l’univers polymorphe de cet artiste génial qui sut sortir la BD de son carcan enfantin à l’aube des années 1970.

Sur la vitre, un immense dessin représentant l’humble dessinateur, créant une effroyable fantasmagorie organique, planant comme un dragon complexe au-dessus de lui. Les rayons du soleil traversent la vitre et impriment, dans la pièce, la création fantasmagorique, qui traverse toute l’œuvre de Jean Giraud.

Le premier espace, au rez-de-chaussée de la Fondation, nous invite à découvrir, en tournant le long d’un ruban d’œuvres, l’œuvre prolixe d’un géant du siècle.
Un ruban ? Bien sûr celui du célèbre Möbius, qui possède à la fois une et deux faces : comme le ruban tordu, Jean Giraud est à la fois Gir et Mœbius, à la double identité, à la double production. Gir pour Blueberry, le perfectionnisme, la fidélité maniaque à l’Histoire. Mœbius pour la folle liberté, la mutation, la science-fiction. Blueberry, pour commencer, une histoire sage à publier dans Pilote.
Un univers cohérent, inspiré de l’histoire américaine et des westerns hollywoodiens. On s’amuse à reconnaître au fil du temps les différents traits que Jean Giraud imprime à son personnage : Keith Richards, Charles Bronson, Jean-Paul Belomondo… On tombe en extase devant le portait à la gouache du héros, réalisé en 1995. Mais très vite, le long du ruban, Mœbius apparaît, diffracté comme les facettes d’un diamant : comment l’artiste peut-il varier son trait, de Blueberry à Arzach, du Major Grubert perdu dans son Garage hermétique à John Difool, l’anti-héros de l’Incal ? Au fil de différents autoportraits, ou encore caricaturé dans Portrait de famille d’Inside Mœbius (l’ensemble de six albums où il se met en scène de manière humoristique, entouré de ses héros au sein du Désert B), Mœbius hante son œuvre.
Chaque univers, parfait dans sa complexité, démontre bien la liberté dont use son auteur : ainsi de l’étrange Arzach, à la poésie instantanée, aux aplats de couleur qui tournent le dos à la technique BD. Plus loin, avec le story-board de Arzach Rhapsody, et l’extrait du pilote du film Starwatcher, le visiteur pourra se familiariser avec les projets cinématographiques du dessinateur.

Le second espace, au sous-sol, nous fait génialement plonger dans l’univers étrange et hybride mœbius_blueberryde l’artiste. La muséographie aux couleurs chaudes, la galerie d’œuvres surprenantes ou encore la vidéo La Planète encore en 3D : Mœbius est définitivement l’artiste le plus techniquement esotérique. On y saisit que le désert est le lieu propice à toutes les mutations, ce fameux désert B du Garage hermétique, mais qui en réalité traverse aussi Arzach et bien d’autres productions de Jean Giraud.

Deux constantes presque opposées se complètent ici : la mutation organique et le détail technologique, au croisement de l’astro-physique et de la génétique. L’ambiguïté sexuelle, l’hermaphrodisme à l’aune du mystère cosmique. Le long d’une séquence de métamorphose, on est traversé par l’étrange en parcourant les différents dessins de L’Eclosion datant de 1975. Minéral, végétal, animal et humain se confondent. Inspirés par les rituels chamaniques mexicains, l’artiste déploie son imaginaire : on ne s’étonnera donc pas de voir exposer un cristal, qui permet selon Mœbius, ainsi que les substances hallucinogènes, de faciliter l’état de rêve, apte au processus de métamorphose.

Au sortir de l’exposition, il faut reprendre son souffle, tant l’homme est un puits de savoir, d’imaginaire, de liberté. On comprend qu’il ait collaboré avec des artistes aussi différents que Luc Besson, Alexandre Jodorowsky, Stan Lee, Ridley Scott, ou Jean-Pierre Dionnet, inspirant Myiazaki, George Lucas, tous hantés par le même imaginaire : l’envers du décor.

Mathilde de Beaune

Pour finir en fanfare : Mœbius et la fanfare Piston Circus, « Partir en fanfare »
Pour clore le cycle des Soirées Nomades programmées dans le cadre de l’exposition MŒBIUS-TRANSE-FORME, Mœbius dessine à nouveau en direct et illustre la musique de la fanfare Piston Circus, dans une ambiance de kermesse, festive et bon enfant, le jeudi 10 mars.

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A lire sur Artistik Rezo
« Mœbius Multiple(s) » au Musée d’art Thomas Henry

Mœbius Transe Forme

Du 12 octobre 2010 au 13 mars 2011
Tous les jours, sauf le lundi, de 11h à 20h
Nocturne le mardi jusqu´à 22h
Accès libre pour les moins de 18 ans le mercredi de 14h à 18h

Droit d´entrée : 8,50 euros
Tarif réduit : 5,50 euros (étudiants, moins de 25 ans, carte Senior, Amis des Musées, demandeurs d´emploi)

Fondation Cartier pour l’art contemporain
261, boulevard Raspail – 75014 Paris
M° Raspail ou Denfert-Rochereau

www.fondation.cartier.com

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