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Planète Métisse – To mix or not to mix ? : ode à l’altérité

10 mai 2009
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L’art de l’altérité

Si on finit par ne plus remarquer le métissage culturel qui se matérialise dans la profusion d’objets hybrides, le musée des Arts Premiers se donne pour mission de nous guider dans la (re)découverte de ces unions aux multiples représentations. La première partie donne le ton, présentant des œuvres issues des transformations subies par les cinq continents au fils des années. Après avoir été initié aux castras, tableaux mexicains témoignant des changements dus à la colonisation, le spectateur se voit confronté à des comparaisons marquantes. Le style antique qui fait les beaux jours de la société Grecque s’oppose aux objets dits premiers dans un théâtre d’anatomie surprenant. La pureté du prestigieux art greco-romain – incarné par la statue d’Apollon – vient exacerber la simplicité des créations ‘’primitives’’. Plus étonnant encore, la confrontation des tenues de Chanel et de Gaultier. Quand l’un prône l’élégance classique, l’autre joue avec l’imaginaire collectif en dessinant une robe au bustier évoquant les traits d’un masque ethnique. Au centre de cet espace trône le Codex Borbonicus, un calendrier divinatoire qui convoque les traditions de la société des anciens Mexicains et celle des espagnols, alors conquérants, comme pour une ultime mise en abyme du mixage.

 

Rencontre des mondes

L’exposition met un point d’honneur à restituer ces chocs des civilisations. Chronologiquement, les grandes étapes menant à la mondialisation actuelle sont retracées. De la découverte des Amériques en 1492 au cinéma contemporain qui mêle les genres, les influences s’imposent aux visiteurs. Peintures, sculptures, croyances, films, musiques ou encore objets – articles chrétiens réalisés selon des schémas iconographiques bouddhistes par exemple – illustrent le propos. Les idées circulent en même temps que les hommes naviguent autour du globe. Tel des explorateurs, les visiteurs s’adonnent à un tour du monde, faisant escale sur chaque terre : Asie, Afrique, Amérique…

 

Sans frontière

Ancrée dans une démarche historique et géographique ludique, la scénographie de ‘Planète Métisse’ privilégie la force que dégagent les objets d’eux-mêmes et n’affiche aucun ornement vain. Epuré, l’étage se pare de couleurs sombres – pour la plupart des pièces –, donnant au spectateur un sentiment d’intimité où les jeux d’éclairages aident à la mise en valeur des œuvres. Cependant, le peu d’intensité des dispositifs lumineux compromettent la visibilité de certains éléments. La noirceur de l’environnement de la plus large partie contraste avec les installations accueillant la fabrique des métissages – des croyances, du pouvoir, des matériaux ou encore des musiques – qui sont, elles, d’un blanc presque aveuglant. En fin de parcours, le brassage ethnique se retrouve au cœur du 7e art : ‘Les 7 Samouraïs’, ‘Les 7 Mercenaires’, ‘Ghost in the Shell’ ou encore ‘Brokeback mountain’ attestent des impacts et de la fascination que portent les pays les uns sur les autres et propose également un regard visionnaire sur le potentiel métissage futur avec la technologie.

 

Si l’on n’a guère l’impression d’apprendre beaucoup au cours de cette exposition, l’œil s’habitue à repérer les fusions culturelles dans les détails qui l’entourent. Aspect non négligeable, il est certain que les plus jeunes réviseront l’histoire de la colonisation ainsi que ses conséquences sur les coutumes et les productions qui se diffusent par le monde. Une initiative nécessaire pour faire tomber les préjugés encore trop présents.

 

Mélanie Grenier

Planète Métisse – To mix or not to mix ?
Du 18 mars 2008 au 19 juillet 2009
Commisaaire de l’exposition : Serge Gruzinski

Galerie Ouest du musée du quai Branly
55 quai Branly
75007 Paris
Tel : 01.56.61.70.00

Ouverture
: Mardi, mercredi et dimanche de 11h à 19h ; jeudi, vendredi et samedi de 11h à 21h
Tarifs : de 5 à 8.50 euros
Métro : Alma-Marceau

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