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Marc Montméat – Polka Galerie

MARC_MONTMEAT

Son thème de prédilection : la place de l’homme dans son environnement. Vaste sujet qu’il analyse à travers un photoreportage (publié dans le numéro 12 de Polka magazine), du point de vue d’un lieu qu’il connaît bien, à savoir les prisons. Il poursuit cette réflexion dans sa série intitulée Solitudes urbaines exposée à la galerie Polka, cette fois-ci, en se focalisant sur l’individu dans la ville. Le résultat : des silhouettes fantomatiques se détachant au milieu de grands ensembles urbains ou se confondant avec les contours du paysage. Un travail à la hauteur des plus grands, tels un certain Marc Riboud : où l’épure et l’expressionnisme des lignes se déploient dans la sobriété du noir et blanc.

Vous avez déjà réalisé un reportage photo sur la solitude dans les prisons. Qu’est-ce qui vous a incité à vous pencher cette fois-ci sur le thème de la solitude urbaine ?

La solitude est un thème sur lequel je travaille depuis longtemps car je vois un parallèle évident entre la solitude en milieu carcéral et la solitude de la vie urbaine, ce que j’appelle « la carcéralisation » de la vie urbaine.

Comme dans les villes, on parle de surpopulation carcérale, la seule différence dans le deuxième cas étant que paradoxalement, cela entraîne un isolement provenant de l’arrachement à la famille. Il y a une solitude, mais une solitude face à l’institution, à la peine que cette dernière inflige, et au temps pendant lequel le prisonnier doit purger cette peine.

Comment travaillez-vous ?

En amont, il y a toujours évidemment une démarche personnelle. Mais je pars toujours d’une réalité, à partir de laquelle je dois rester le plus objectif possible. Par exemple sur les photos que j’ai prises en milieu carcéral, j’ai travaillé dans quatre prisons, avec une seule idée : essayer de restituer l’individu dans son oppression. Et malgré notre propre subjectivité, on ne peut pas tricher à partir du moment où notre intention est uniquement de témoigner. Cela devient même un travail excitant, passionnant, noble.

Dans Solitudes urbaines, contrairement à votre photoreportage dans les prisons, les clichés traduisent une visée artistique et poétique, existe-t-il ici une mise en scène – c’est l’impression que donne par exemple cette photo intitulée « Avoir le choix », représentant une maison semblant se situer au milieu de nulle part, et à partir de laquelle partent quatre chemins en croix ?

Non, il n’y a jamais de mise en scène. En revanche, je reviens — au besoin — à l’endroit que je photographie. Par exemple, le cliché dont vous parlez a été pris en Autriche du haut d’une forteresse. Et contrairement à ce que l’on pense, le lieu est situé en plein centre ville, sur un terrain inoccupé. La légende locale veut que le bourreau de la ville vivait autrefois dans cette maison. Maintenant, elle appartient à un prêtre féru de psychanalyse.

Comment voyez-vous l’environnement urbain aujourd’hui ?

Dans une pure approche sociologique, je dirais que dans la vie moderne existent indéniablement une froideur et une solitude certaines. C’est pourquoi pour beaucoup, renouer avec la notion de famille et de tribu est très important aujourd’hui. Mais paradoxalement, je dirais que l’anonymat de la vie en ville est un gage de liberté.

Propos recueillis par Roxane Ghislaine Pierre

A lire sur Artistik Rezo :
l’exposition de Donata Wenders, à la Polka Galera, aux mêmes dates

Marc Montméat – Solitudes urbaines

Jusqu’au 21 mai 2011
Du mardi au samedi de 11h30 à 19h30

Entrée libre, sans réservation

Galerie Polka
12, rue Saint-Gilles
75003 Paris
M° Chemin Vert

www.polkagalerie.com

[Visuel : Photo Marc Montméat / Courtesy Polka Galerie]

 

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