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Patrice Laurioz : « La plus belle exposition, c’est la prochaine ! »

10 décembre 2016
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Exposition Le Maroc au-delà du temps

Œuvres de Patrice Laurioz

Du 1er au 15 décembre 2016

Galerie du Vert Galant
52, quai de Orfèvres
75001 Paris
M° Pont neuf 

 

Patrice Laurioz est un peintre, illustrateur, restaurateur de tableaux et créateur de décors de théâtre. Il nous ouvre les portes de sa dernière exposition « Le Maroc au-delà du temps ».  

 


Quand avez-vous commencé à peindre ? Avez-vous suivi une formation artistique ?

J’ai grandi en Afrique jusqu’à l’âge de 12 ans et voyagé dans des pays extraordinaires : en Égypte, en Syrie, en Ethiopie… Le fait d’avoir vécu là-bas m’a ouvert un imaginaire extraordinaire et fabuleux : Mon oxygène ! Ensuite, devoir rentrer a été un choc affectif. Et de rétine ! Cela m’a entraîné à cultiver les souvenirs de mon enfance. La peinture est venue plus tard, à 14 ans, lorsque mes grands-parents m’avaient déchiré un vieux drap blanc tiré sur un châssis en bois. Je me suis formé tout au long de ma scolarité et en allant dans les musées. Adolescent, j’ai moi-même organisé des visites d’expositions, notamment au Grand Palais, à mes camarades de classe, dans le cadre d’activités extrascolaires.

 

Quand je suis reparti à l’étranger (aux États-Unis), ça n’a pas été difficile de continuer à peindre et dessiner. Ensuite, lors d’un voyage en Californie, je suis devenu l’apprenti d’un artiste-peintre polonais qui m’a apporté une grande connaissance technique, très utile en matière de restauration de peinture.

 

 

Pourquoi cet intérêt si fort dans vos peintures pour le Maroc ?

Pour deux raisons : tout d’abord visuellement pour ses paysages extraordinaires et ses fortes expositions à la lumière, au soleil. Ensuite, Le Maroc est un pays que j’admire beaucoup en terme géopolitique. En tête du Maghreb, ce pays est en forte croissance. C’est aussi une culture ouverte, qui s’est modernisée et occidentalisée. Le roi du Maroc est une personnalité qui aime les artistes, il a d’ailleurs choisi un romancier comme Ministre des Cultes. 

 


Comment définir votre style artistique ?

 

Au départ, très classique et académique, puisque j’ai appris par la copie. Je continue de pratiquer mes gammes et partitions, car la technique est indispensable pour ne pas perdre la main. Toutefois, aujourd’hui j’essaie de développer une peinture assez originale dans les matériaux et les supports utilisés grâce à une technique mixte : craie, peintures, crayons… Du coup, ma peinture devient presque abstraite (ou du moins impressionniste). Les images sont de moins en moins une représentation de la réalité. Je pense qu’aujourd’hui pour plaire, il est important de ne pas enfermer l’image dans une seule lecture. D’ailleurs, les collectionneurs sont plus intéressés par l’image abstraite.

 

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Avez-vous besoin d’être sur place pour peindre vos toiles ?

La raison d’être de cette peinture est le soleil, les grands espaces, le désert africain, les sables, les montagnes de l’Atlas pour le Maroc, mais aussi une atmosphère très libre dans la rue, une convivialité et un sens de l’accueil.
Pour tous ces sujets, il faut d’abord être sur place pour ressentir des impressions, s’inspirer. Ensuite, il me faut les mettre en pratique. Là mon atelier me permet de terminer les œuvres car il me faut de l’espace pour utiliser les matériaux et pouvoir salir autour. Même si les croquis, ébauches et esquisses sont parfois supérieures à l’œuvre terminée, laquelle peut représenter un travail cerné, souvent enfermé dans une lecture.  

 


Que pensez-vous des créations contemporaines ?

 

Ça me passionne. Il y a du bon et du moins bon, comme dans tout courant artistique. Je me souviens d’une exposition japonaise de l’art du bouquet vu de façon contemporaine qui m’a beaucoup plu. Toute création m’intéresse, sauf si l’art est très malsain et sadique. J’ai eu mes périodes sombres où il m’arrivait de peindre la nuit, mais au final je trouve ça très égoïste ! Toutefois, je ne suis pas un censeur et je ne juge pas. Si des choses me choquent, c’est plus de l’ordre du ressenti personnel. En fait, je rejoins davantage un artiste comme Ben qui est capable de délivrer un message positif sur le monde. D’ailleurs, pour ma part, je ne peins jamais la misère africaine. Je préfère avoir un art optimiste et une peinture que j’aurai envie d’accrocher chez moi. 

 

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Selon vous, est-ce difficile aujourd’hui d’arriver à vivre de son art ?

 

Je crois que c’est presque impossible, surtout quand on a une famille à nourrir et qu’on choisit une vie d’artiste. Je pense que c’est plus facile lorsque l’on commence par exercer un métier rémunéré.

Pour avoir une chance d’y arriver, il faut intéresser les décideurs politiques et culturels, les responsables économiques, les artistes contemporains. Faire partie du système. Les arts communiquent les uns avec les autres et il est important de nouer des partenariats. Il y a des artistes très doués, mais qui restent dans l’anonymat parce qu’ils ne savent pas se promouvoir. C’est dur, aussi, de garder sa notoriété sur la durée. Ce travail de relations doit s’effectuer sur le long terme.

 


Quelle a été l’exposition que vous avez le plus aimé réaliser ?

 

C’est une question difficile à laquelle je n’ai pas vraiment de réponse. En fait, la plus belle, c’est toujours la prochaine que vous allez réaliser ! Ce qui me plaît le plus finalement c’est la phase de création. À partir du 1er décembre, je vais réaliser mon exposition en parrainage avec l’Ambassade du Maroc. Pour cela, je n’ai pas d’instruction particulière et je suis libre dans la création. À une exception près : je ne dois pas présenter de portraits des monarques parce que, comme me l’a dit très justement l’ambassadeur du Royaume du Maroc : « Sa Majesté n’est pas une marchandise ».

 


Quels sont vos projets après cette exposition ?

 

J’ai des souhaits, bien sûr : que l’Institut du Monde Arabe me permette de faire une exposition ; je serais aussi enchanté d’exposer dans un grand musée d’art contemporain ! J’aimerais également pouvoir exposer à l’Institut franco-marocain qui ouvrira boulevard Saint-Michel en 2018. À suivre donc !

Propos recueillis par Quitterie de Castelbajac
 

[Crédits Photos : © Quitterie de Castelbajac]

 

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