0 Shares 3573 Views

Pain noir – film d’Agusti Villaronga

29 août 2011
3573 Vues
19783637.jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20110722_040346

Pan Negro, le livre, retrace l’histoire tourmentée, juste après la guerre civile qui a déchiré le pays, d’une famille où plusieurs générations se taisent, se soutiennent, se manipulent. Nous suivons l’action par le regard innocent du jeune héros, Andreu. Tout le propos se résume à son questionnement sur la fidélité : à son père, à sa parole. Qui croire ? Comment espérer quand le seul pain consommé est noir, noir comme les secrets qui pèsent lourdement sur la famille?

Le film, s’il s’attelle à la lourde tâche d’évoquer la cruauté des déchirements, la perte de l’innocence, l’entrée en adolescence, dépeint surtout avec talent l’impossible sincérité des protagonistes d’une guerre non désirée. La véritable force du film réside dans son casting impeccable : de Francesc Colomer, le jeune héros, en passant par Roger Casamajor, qui retrouve ici Sergi Lopez (tous deux vus dans Le Labyrinthe de Pan). On retrouve ce dernier dans son rôle de franquiste collaborateur, qu’il semble particulièrement apprécier. Le point culminant de cette distribution sans faille est bien évidemment Nora Navas, la mère, dont l’impeccable prestation laisse rêveur : elle parvient à elle-seule à emporter le morceau, personnalisation de la mater dolorosa soumise mais fière. Les superbes décors parviennent à mettre en avant la Catalogne comme un personnage à part entière, ses pauvres maisons, ses montagnes austères, ses paysages rudes à l’image de ses habitants.

En revanche, le scénario pêche par certains côtés : on sent que la trame littéraire est lourde, bien lourde, et que le filet du scénariste s’est déchirée en sortant de l’eau, laissant filer quelques scènes. Étrange et chaotique, l’action s’emballe puis tourne à vide, certains personnages sont mis en avant puis laissés de côté (le jeune tuberculeux) ; l’aspect fantastique n’est pas assez développé pour constituer une facette réellement solide de l’identité filmique. À trop vouloir condenser l’action, Villaronga passe à côté de son propos principal : la vision globale de la famille.

Le film, malgré donc toutes ses qualités n’est qu’une demi-réussite, qu’on verra sans déplaisir, mais qui ne nous fendra pas le coeur. Ce que le sujet, douloureux, aurait pourtant du faire.

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=vQvIpmoFm8Y[/embedyt]

Pain Noir

D’Agusta Villaronga

Avec Sergi Lopez, Francesc Colomer, Roger Casmajor et Nora Navas

Sortie le 24 août 2011

Articles liés

“Les Accords de Vénus” : Emma Krief revient avec un seul en scène musical original, à l’occasion de son nouvel album !
Agenda
110 vues

“Les Accords de Vénus” : Emma Krief revient avec un seul en scène musical original, à l’occasion de son nouvel album !

Un spectacle hybride qui ouvre une large palette d’émotions, entre humour décalé, mélancolie et rage de vivre. C’est à l’occasion de la sortie de l’album du spectacle que Emma Krief nous offre encore 3 dates de “Les Accords de...

Les bijoux de famille de Madame Arthur sont de retour
Agenda
69 vues

Les bijoux de famille de Madame Arthur sont de retour

Prêts pour le meilleur de Madame Arthur ? L’été est là, et Madame Arthur fait le tri dans sa boîte à malice. Les artistes sortiront toute l’artillerie qui fait de ce cabaret un lieu iconique. Dans son immense générosité,...

Le Musée de la Vie romantique célèbre Théodore Géricault avec l’exposition “Les Chevaux de Géricault”
Agenda
86 vues

Le Musée de la Vie romantique célèbre Théodore Géricault avec l’exposition “Les Chevaux de Géricault”

Le musée célèbre Théodore Géricault (1791-1824) à l’occasion du bicentenaire de sa mort et explore ses représentations de chevaux ; un motif puissant et omniprésent dans son œuvre. Réunissant une centaine d’œuvres exceptionnelles, l’exposition propose un nouveau regard sur...