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Cannes en direct – Oliver Stone

14 mai 2010
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Vendredi noir ? Oui, enfin pas tout à fait. Mais il fallait bien, à un moment ou à un autre, que la crise s’invite au Festival. Ne serait-ce que pour soulager la conscience d’une poignée d’éditorialistes en panne de morale, soudainement choqués par la gabegie – pourtant légendaire – du monde du cinéma. Aïe : les paillettes, quand l’Europe est au bord de la failllite, ça la fiche mal… sans doute. Même si ce genre de grand écart est, aussi, très symptomatique de l’époque, non ? Heureusement, Oliver Stone, réalisateur “de gauche”, comme on peut l’être aux Etats-Unis en tout cas, est là pour rappeler que le cinéma sait se mettre au diapason du monde…


De fait, l’événement sur la Croisette, ce vendredi 14 mai, c’était la projection, hors compétition, de Wall Street, l’argent ne dort jamais, son nouvel opus avec Michael Douglas, et surtout la suite, vingt-trois ans après, du “Wall Street” premier du nom. L’un de leurs films les plus populaires. Singulier paradoxe que de dénoncer la cupidité des magnats de la finance avec l’argent, assez peu philanthrope, d’Hollywood ! “L’ironie, surtout”, précisait Oliver Stone tout sourire, dans une suite du Palais Stéphanie (un des palaces de Cannes, donc), “c’est que le Festival de Cannes s’est ouvert avec “Robin des Bois”, un personnage qui détrousse les riches pour donner aux pauvres et que deux jours après, il enchaîne avec les traders de la haute finance !”.

 

Vilains banquiers


Revoici, en effet, pour ceux qui auraient un peu perdu le fil… Gordon Gekko (Michael Douglas, bel et bien blanchi sous le harnais), ex-gourou de Wall Street, auquel tout le monde a tourné le dos,  après son délit d’initié et sa méchante peine de prison. En cette année 2008 – tiens donc, le tout début de la crise qui ronge le monde désormais – a-t-il changé, aura-t-il droit à une seconde chance ? Et puis, quid des flibustiers de la finance d’aujourd’hui : obéissent-ils aux mêmes ressorts – avidité, puissance, cynisme – que ceux d’hier ? Telles sont, de fait, les questions qui agitent ce long métrage en forme de fable morale assez appuyée. michael_douglas_cannesMais très opportune : les vilains, clairement, ce sont les banques, celles-là même qui ont mené la planète au seuil de la banqueroute. “Ces grosses banques nous ont niqués“,  traduisait en “live”, dans son langage toujours plaisamment fleuri, le cinéaste américain. Au côté d’un Michael Douglas plus classe, mais beaucoup moins amène en revanche, voire un rien éteint (son agent-publiciste-attaché de presse n’étant jamais loin).


“Je crois que cette crise financière n’a pas de solution“, poursuivait dès lors, presque en solo, un Oliver Stone qui connaît bien son “petit Wall street illustré” : il est lui-même fils d’un agent de change qui a exercé “très honnêtement son métier dans les années 40, 50 et 60“. Un “détail” important, vu l’aspect œdipien (et un rien technique aussi) de son nouveau scénario. “Le désordre  actuel vient du système“, reprenait donc ce fils prodigue (attention, il ne remet pas en cause le capitalisme, mais ses dérégulations, nuance !). “La Banque centrale a bien trop de pouvoirs. En fait, quatre lobbies nous contrôlent, celui des banques, celui du pétrole, celui des assurances et celui de l’énergie. On est face à une forme douce, disons, de fascisme, autrement dénommée spéculation. Du coup, ces 4 lobbies sont juste en train de piller notre économie, et comme ce sont des voyous super brillants, je ne crois pas qu’Obama ou Sarkozy puissent faire grand chose. Seule une révolution populiste…”, s’insurgeait-il enfin dans son fauteuil moelleux.


Au vu de l’épilogue moralisateur de son long métrage (la naissance annoncée d’un petit-fils pour Gekko, qui le ramène enfin sur le “droit” chemin), on peut raisonnablement penser que l’insurrection selon Stone relève, au mieux, d’un sursaut individuel… Et d’un retour aux bonnes vieilles valeurs familiales, fondatrices d’une Amérique prospère et conviviale. “Well”, l’option collective n’est pas exactement un réflexe typique de la culture “made in America”, n’est-ce pas ? Ou alors, il s’exprime autrement : peut-être par la convergence de ses films (symptôme d’un sentiment de culpabilité ?) sur cette crise aveuglante à force d’être masquée. Pour preuve, la projection à nouveau sur la Croisette en goguette, mais en séance spéciale ce dimanche et toujours hors compétition, d'”Inside job”. Un documentaire américain sur la dépression économique mondiale narrée par Matt Damon…


Ariane Allard



Wall Street, l’argent ne dort jamais, d’Oliver Stone, avec Michael Douglas et Shia LaBeouf

 

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Sortie en salle le 29 septembre 2010

 

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