De Pollock à Bacon : la peinture à l’écran
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Sortie le 3 décembre 2014
1/ Le plus pictural : Pollock, d’Ed Harris On n’a rien vu de plus intense que la réinterprétation par Ed Harris (réalisateur et acteur principal du film) du processus créatif de Jackson Pollock, chantre du dripping que la mise en scène transforme en un acte torturé, hanté par mille fantômes. Passionnant de part en part, le Pollock d’Ed Harris n’est cependant jamais aussi puissant que lorsqu’il se tait pour donner la parole aux jets de couleur de l’artiste. 2/ Le plus torturé : Love is the Devil, de John Maybury S’il a beaucoup déçu depuis, John Maybury est entré avec ce Love is the devil au panthéon des jeunes réalisateurs à suivre. Retraçant un pan de la vie artistique et sentimlentale de Francis Bacon (Derek Jacobi), Maybury réussit un film formidable et exigeant sur l’enfermement inhérent au génie artistique, et à ses terribles conséquences sur la vie personnelle de ceux qui le subissent. 3/ Le plus mimétique : La Jeune fille à la perle, de Peter Webber Davantage fixé sur le jeune modèle joué par Scarlett Johansson que sur le peintre Johannes Vermeer auquel Colin Firth prête sa distinction légendaire, le premier film de Peter Webber (qui lui aussi ne cessa de décevoir par la suite, avec notamment le Hannibal Lecter joué par Gaspard Ulliel) est impressionnant parce qu’il semble avoir été réalisé tout entier par Vermeer. Le style est le même, l’émotion intacte, et le fameux tableau prend douvement vie sous nos yeux. 4/ Le plus fulgurant : Basquiat, de Julian Schnabel Il y a déjà 18 ans, Jeffrey Wright campait pour Julian Schnabel un Jean-Michel Basquiat mémorable, traversé par la même intensité foutraque que chacun de ses tableaux monumentaux. Lui-même artiste-peintre, Schnabel a su capter l’essence de ce qui fait ou défait les grands artistes, cette étincelle qui menace à chaque instant de s’éteindre ou de mettre le feu aux poudres. La présence de David Bowie en Andy Warhol ne fait qu’ajouter à notre plaisir… 5/ Le plus ravageur : Artemisia, d’Agnès Merlet Dans Artemisia, la trop rare Valentina Cervi (également incroyable dans Rien sur Robert de Pascal Bonitzer) redonne toute son innocence à l’art pictural. Jeune, naïve mais pleine de fièvre, Artemisia Gentileschi vit sa peinture. Et c’est ce que fait littéralement ressentir la réalisatrice Agnès Merlet, qui enregistre tout le tapage et toute la rage que peuvent contenir le corps et l’âme de cette femme qu’on aurait pu croire inoffensive. Un film méconnu mais précieux, et l’un des derniers rôles marquants de Michel Serrault. Lucile Bellan [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=MbOTPYmwtNY[/embedyt] À découvrir sur Artistik Rezo :
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