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Ensemble, nous allons vivre une très, très grande histoire d’amour…

4 avril 2010
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Souvent, Pascal Thomas (« Les Zozos », « Mercredi folle journée ») nous a enchantés, inventant à sa manière, flâneuse, cinéphile, amusée, un temps personnel dans le cinéma qui pourtant en conjugue de nombreux : celui du passé décalé. Jamais tout à fait hier, jamais tout à fait aujourd’hui non plus, qu’il ressent comme brutal et cupide : cet aimable sexagénaire n’aime rien tant que d’être à contre-courant. L’irrévérence, parfois paillarde, toujours généreuse de ses films, n’étant pas la moindre de ses qualités. Un éloge de la fuite, qui, lorsqu’il est combiné à cette légèreté un rien absurde qu’empruntent parfois les rêves, donne à voir, par exemple, ces deux gourmandises que sont « Mon petit doigt m’a dit » et « Le crime est notre affaire » ! C’est peu dire, alors, que critiques et public se sont lovés éperdument dans ces adaptations savoureuses, folles et rythmées d’Agatha Christie.


Le souci avec « Ensemble nous allons vivre une très, très grande histoire d’amour… »,  nouvel opus de ce quasi-stakhanoviste de la pellicule (son cinquième long métrage depuis 2005), c’est que de rythme, de folie et de saveur, il n’y en a quasiment point… Du coup, le passé recomposé de cet hommage – ironique et tendre – au roman photo des années 50/60 semble tout bêtement vieillot. Et tandis que le cinéaste et ses complices entendent, au pire, nous faire sourire des mésaventures burlesques de leurs personnages, l’on reste souvent de marbre.


Décalés/Recalés


Attention, nulle méprise : ne suinte de ce chromo appuyé, revendiqué même, aucune nostalgie rance (du genre « c’était mieux avant »). Non : adaptant avec gourmandise une histoire ancienne du trio Age-Scarpelli-Risi, maître d’œuvre de l’âge d’or de la comédie italienne, Pascal Thomas et ses co-scénaristes fidèles (François Caviglioli, Clémence de Biéville) semblent essentiellement s’amuser, tels de vieux garnements érudits et farceurs, qui convoqueraient tous les stéréotypes du genre, à savoir le jeune premier, la jeune première, le poids du hasard dans leurs destinées, la passion, les serments, les malentendus, les départs, les retrouvailles, etc.


Jusque là, tout va bien. Le souci, c’est qu’entre fougue littérale et ironie distanciée, cette fable faussement innocente peine à trouver son ton. D’autant qu’elle s’appuie, forcément – codes du genre obligent – sur une trame narrative extrêmement ténue : c’est dire qu’en dépit de ses nombreux rebondissements, l’histoire est peu variée, prévisible, voire désuète (le mariage empêché par le père bougon, ou la fiancée répudiée parce qu’elle aurait fauté, autrefois, avec un bellâtre). De fait l’on s’ennuie assez vite, en dépit d’une galerie de personnages secondaires, un peu plus « verts », voire théâtraux : ainsi Guillaume Gallienne, excellent dans le rôle du mari sourd-muet, qui tire l’ensemble vers Feydeau, avec une pointe du Harpo des Marx Brothers.

Il est possible en outre que le casting du couple « vedette », pourtant audacieux a priori, empêche, lui aussi, d’adhérer à cette gentille pochade. Pascal Thomas a l’air fasciné par Julien Doré, révélation décalée, en effet, de « La nouvelle star », le fameux télécrochet de M6. Le fait est que ses débuts d’acteur, de même que sa pointe d’accent nîmois ou ses grands yeux bleus, auraient pu ajouter à la candeur de son personnage. Le hic, c’est  que le jeune chanteur compose, avec Marina Hands, un couple peu convaincant, physiquement tout du moins. Lui tout en pâleur, frêle adolescence et fragilité un peu mièvre ; elle, jolie femme accomplie, solaire et sensuelle : cherchez l’erreur. Ajoutez à cette maladresse une hétérogénéité parfois gênante dans la nature de leur jeu (elle vient de la scène classique de la Comédie française, lui de la scène rock mâtinée de surréalisme, façon Marcel Duchamp revisité par Philippe Katerine), et vous saisirez pourquoi, in fine, le « passé décalé » de Pascal Thomas, cette fois-ci, est plus qu’imparfait…


Ariane Allard



Ensemble, nous allons vivre une très, très grande histoire d’amour…

De Pascal Thomas

Avec Marina Hands, Julien Doré, Guillaume Gallienne.




Sortie le 7 avril 2010

 

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