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La femme sans tête

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Des gamins chahutent au bord d’une route déserte, quelque part en Argentine. Véronica, elle, conduit. Lorsque son téléphone sonne et qu’elle se penche pour le retrouver, elle heurte violemment quelque chose. On ne saura pas quoi : Véronica ne se retourne pas, elle ne descend pas de la voiture. A l’image de cette première séquence, tout le film de Lucrecia Martel est comme une grande ellipse : l’intrigue ne sera pas résolue, on ne connaîtra ni les pensées ni les caractères des personnages dont, souvent, la silhouette n’est esquissée que par un trois-quarts dos énigmatique.

 

Une réflexion sur l’humain

En fait, la vraie question que pose la réalisatrice argentine n’est pas tant de savoir si Veronica a écrasé un chien ou un être humain, question à laquelle le film ne répond pas. Ce que la Femme sans tête interroge, c’est le comportement humain, ce sont nos réactions face à nos erreurs et à nos faiblesses dans la vie. Maria Onetto, qui incarne le personnage principal avec mesure et finesse, donne à voir une Veronica absente, désorientée, loin d’être à la hauteur de la gravité de l’évènement. Pourquoi lui arrive-t-il de pleurer ? Est-ce qu’elle culpabilise ? N’est-ce pas plutôt par peur d’être retrouvée ? Le film suggère les deux possibilités, sans jamais trancher.

 

Minimalisme

 

Le rythme est lent, il y a peu de musique, peu de dialogues. Les personnages sont des gens simples et les lieux sont banals. Néanmoins une tension très forte se dégage du film. Du fait de cette esthétique minimaliste, le spectateur est mis face à lui-même. Il n’y a pas d’identification possible car trop peu d’éléments personnels et intimes nous sont livrés à propos des personnages. Le spectateur n’est pas non plus assailli d’effets visuels ou sonores superflus, et du coup, la liberté de se poser mille et une questions sur Veronica et sur lui-même lui est laissée : pourquoi n’est-elle pas descendue ? qu’aurais-je fait à sa place ?

 

Présenté en Sélection officielle au festival de Cannes de 2008, La femme sans tête est un film sans fin, subtil et bien mené, qui dérange le spectateur. Celui-ci reste pantois, et sort de la salle presque aussi désorienté que Veronica en fuite face à ses responsabilités.

 

Chloé Goudenhooft.

 

La femme sans tête, un film signé Lucrecia Martel

Sortie en salle le 29 avril.

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