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Cannes 2015 : jour 8 (Gaspar Noé et désamour)

love-gaspar-noe

68e Festival de Cannes

Du 13 au 24 mai 2015

www.festival-cannes.fr

Le jeudi 21 mai 2015

C’était le moment pour notre envoyée spéciale de découvrir enfin l’une de ses plus grosses attentes de ce Festival de Cannes : le nouveau film de Gaspar Noé. La déception fut à la hauteur de son impatience…

4 films encore. Un réveil de plus en plus difficile. Et puis un espoir pour la fin de la journée : la projection de Love de Gaspar Noé en séance de minuit. La séance de minuit, c’est un espace de liberté, de découverte et de folie, et la projection du dernier film du réalisateur franco-argentin, avec son buzz qui monte depuis l’année dernière, n’est pas censée déroger à la règle. En fait, c’est cette séance qui est annoncée comme LE scandale du festival, ni plus ni moins qu’un film pornographique de 2 heures en 3D (le producteur Vincent Maraval a cependant, tout au long de la semaine, calmé les ardeurs des plus excités). Love, que Gaspar Noé vendait l’année dernière comme “le film qui va faire bander les garçons et pleurer les filles”, est présenté au Palais et l’attente est maximale. 

Il en faut du courage en fin de festival pour enchaîner une journée de séances (et de travail) avec la projection d’un film à 00h15 (la séance aura, au final, commencé à 00h45) et prévoir une autre journée intense le lendemain. Une nuit de 3 heures, est-ce que ce n’est pas un peu de la folie ? La cohue qui s’amasse une grosse heure avant la projection me confirme que je ne suis pas la seule à être convaincue que cette séance est un événement (il y aura moins de courageux, le lendemain à 8h30, pour Dheepan de Jacques Audiard).

Malheureusement, le film n’aura pas été aussi historique que l’on aura pu l’espérer. L’utilisation de la 3D est anecdotique, les acteurs manquent de charisme (quand ils ne sont pas occupés à se donner du plaisir) et le réalisateur ne cache plus son caractère facétieux en se permettant des touches d’humour tout simplement malvenues. De sa présence en forme de clin d’œil appuyé à celle de son producteur Vincent Maraval (et dont on ne peut pas réellement dire qu’il s’agisse de simples caméos), des références permanentes à son nom ou à son cinéma, Love n’est pas un film qu’on pourrait qualifier de très humble ni de très fin. Le bouchon est poussé trop loin quand le réalisateur se permet le recyclage d’une scène de son film précédent, Enter the void, sans pertinence particulière. Gaspar Noé recycle. Il tourne en boucle sur ses sujets de prédilection qu’il n’a jamais réussi à vraiment creuser, la vie, la mort, l’amour, le sexe, le temps qui passe. La sensation est désagréable quand on se rappelle à quel point il avait bougé des lignes avec Seul contre tous puis Irréversible. Il était alors un cinéaste qui n’avait peur de rien. Aujourd’hui, il brille par son conformisme.

Que ceux qui attendaient donc un porno 3D se rassurent, les scènes de sexe sont bien là. Mais répétitives, désincarnées, sans âme ni imagination. Comme le film, ces scènes ont la fougue et la beauté de la jeunesse mais absolument aucune profondeur. Gaspar Noé est resté jeune, trop jeune pour toucher autre chose que le public qui lui est toujours acquis, les adolescents. Quelle déception.

Lucile Bellan 

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=lkSJeL2HErI[/embedyt]

[Image 2015 © Wild Bunch]

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