0 Shares 2998 Views

Pain noir – film d’Agusti Villaronga

29 août 2011
2998 Vues
19783637.jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20110722_040346

Pan Negro, le livre, retrace l’histoire tourmentée, juste après la guerre civile qui a déchiré le pays, d’une famille où plusieurs générations se taisent, se soutiennent, se manipulent. Nous suivons l’action par le regard innocent du jeune héros, Andreu. Tout le propos se résume à son questionnement sur la fidélité : à son père, à sa parole. Qui croire ? Comment espérer quand le seul pain consommé est noir, noir comme les secrets qui pèsent lourdement sur la famille?

Le film, s’il s’attelle à la lourde tâche d’évoquer la cruauté des déchirements, la perte de l’innocence, l’entrée en adolescence, dépeint surtout avec talent l’impossible sincérité des protagonistes d’une guerre non désirée. La véritable force du film réside dans son casting impeccable : de Francesc Colomer, le jeune héros, en passant par Roger Casamajor, qui retrouve ici Sergi Lopez (tous deux vus dans Le Labyrinthe de Pan). On retrouve ce dernier dans son rôle de franquiste collaborateur, qu’il semble particulièrement apprécier. Le point culminant de cette distribution sans faille est bien évidemment Nora Navas, la mère, dont l’impeccable prestation laisse rêveur : elle parvient à elle-seule à emporter le morceau, personnalisation de la mater dolorosa soumise mais fière. Les superbes décors parviennent à mettre en avant la Catalogne comme un personnage à part entière, ses pauvres maisons, ses montagnes austères, ses paysages rudes à l’image de ses habitants.

En revanche, le scénario pêche par certains côtés : on sent que la trame littéraire est lourde, bien lourde, et que le filet du scénariste s’est déchirée en sortant de l’eau, laissant filer quelques scènes. Étrange et chaotique, l’action s’emballe puis tourne à vide, certains personnages sont mis en avant puis laissés de côté (le jeune tuberculeux) ; l’aspect fantastique n’est pas assez développé pour constituer une facette réellement solide de l’identité filmique. À trop vouloir condenser l’action, Villaronga passe à côté de son propos principal : la vision globale de la famille.

Le film, malgré donc toutes ses qualités n’est qu’une demi-réussite, qu’on verra sans déplaisir, mais qui ne nous fendra pas le coeur. Ce que le sujet, douloureux, aurait pourtant du faire.

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=vQvIpmoFm8Y[/embedyt]

Pain Noir

D’Agusta Villaronga

Avec Sergi Lopez, Francesc Colomer, Roger Casmajor et Nora Navas

Sortie le 24 août 2011

Articles liés

“La Révolution Française, Parisiens réveillez-vous !”, de retour dès le 3 mai au 13e art !
Agenda
47 vues

“La Révolution Française, Parisiens réveillez-vous !”, de retour dès le 3 mai au 13e art !

Revivez l’épopée de La Révolution Française 2024 : un jubilé époustouflant ! De l’emblématique Palais des Sports à l’immersion totale au 13e art, cette renaissance promet une expérience inoubliable. Sous la direction artistique de Ned Grujic, redécouvrez les valeurs...

“COALITION” : 15 ans d’art et d’écologie, une exposition à découvrir à la Gaîté Lyrique dès maintenant !
Agenda
63 vues

“COALITION” : 15 ans d’art et d’écologie, une exposition à découvrir à la Gaîté Lyrique dès maintenant !

Pour célébrer ses 15 ans, COAL, association de référence pour l’art et l’écologie, s’associe à la Gaîté Lyrique pour présenter une grande exposition pluridisciplinaire mettant en lumière près de 50 artistes représentant la richesse et la variété des approches...

“Rayon Jouets” : une exposition qui nous fait retourner en enfance… ou presque, dès le 18 mai au Hangar Y !
Agenda
109 vues

“Rayon Jouets” : une exposition qui nous fait retourner en enfance… ou presque, dès le 18 mai au Hangar Y !

Exposition exceptionnelle à l’évocation de l’enfance, elle nous invite à regarder nos précieux objets de jeunesse avec nos yeux d’adulte à travers un certain “Rayon Jouets”. Haut lieu culturel à la croisée de l’art, des sciences et de la...