Angelina Jolie – Elle Fanning : rencontre croisée

Mardi 6 mai 2014, enfin la possibilité de rencontrer en chair et en os Maléfique et Aurore, ou plutôt leurs interprètes respectives, Angelina Jolie et Elle Fanning, la belle brune et la jolie blonde, l’obscurité et la lumière, au cours d’une conférence de presse… magique.

Lorsque Angelina Jolie pénètre dans la pièce, le silence se fait : rien à faire, le visage le plus copié au monde (en matière de chirurgie esthétique) fait toujours autant d’effet. Sculpturale, d’une classe folle, Angelina a tour à tour incarné les fantasmes puis les symboles d’une génération : d’abord Lara Croft, puis Mrs Smith ravissant le cœur du beau Brad Pitt, avant de se reconvertir en mère de famille tout-terrain et égérie de l’ONU.

Derrière elle trotte Elle Fanning, petite blonde mutine au nez retroussé. À force d’enchaîner les rôles diaphanes chez les Coppola (Twixt, Somewhere), on finirait presque par oublier que la donzelle est une ado de 16 ans (donc oui, comme la princesse Aurore au moment où elle se pique avec son fuseau) rigolote, avec une voix grasseyante qui part dans tous les sens.

Même si les organisateurs tentent de ramener les projecteurs sur la petite première, on sent bien que la star ultime, c’est Angelina, sa vie, son œuvre. Ainsi, lorsque les deux actrices évoquent le plus gros challenge du film, alors qu’Elle Fanning parle de sa première expérience avec les fonds verts nécessaires aux effets spéciaux, Angelina décrit son implication profonde dans le personnage, la modification de sa voix et le costume qui terrifiait ses enfants, spécialement Pax (malgré la découverte progressive des éléments du costume, l’enfant n’aimait visiblement vraiment pas ça). Évoquant le plaisir d’incarner un méchant personnage (spécialement celui-ci, qu’elle a toujours trouvé élégant et fort et qui permet à toutes les frustrations accumulées de s’évacuer), elle met en avant la part diabolique que nous possédons tous. Mais Maléfique, qui commet de mauvaises actions, défend également un monde condamné à disparaître, dans l’attente d’une deuxième chance. Un personnage plus complexe que lors de la première lecture de Disney, en 1959, une époque où la ligne entre le bien et le mal était clairement tracée.

Le film voit également la première apparition à l’écran d’un autre enfant Pitt-Jolie, Vivienne, dans le rôle d’Aurore jeune. La petite, enchantée d’incarner une princesse, aurait visiblement déchanté quand elle a compris qu’il faudrait recommencer plusieurs fois et que « princesse, finalement, c’est un travail ». À sa décharge, elle n’a que 5 ans… Angelina Jolie souligne la volonté de s’attacher aux moments clés du film originel, tout en approfondissant les causes de tant de violence chez Maléfique. Même la jeune Elle Fanning semble intimidée, lorsque sa vilaine marraine parle de leur première interaction lors de la scène où Maléfique attaque sa filleule, avec une impression de « violer les lois de Disney ». Cependant, elle reprend vite confiance en elle, quand il s’agit d’évoquer la scène où elle se pique au fuseau, fuseau dont l’aiguille rétro-éclairée la faisait constamment loucher, à chaque prise de vue.

Lorsqu’on demande si Angelina Jolie s’amuse à interpréter des personnages, mais consacre à sa carrière de réalisatrice des projets plus dramatiques, l’actrice-réalisatrice souligne effectivement cette disparité : amuser sur l’écran mais instruire et transformer le monde en tant que créatrice.

Au jeu des questions-réponses, les deux femmes tirent leur aiguille du jeu, et même si Angelina écrase de son ombre la blonde Elle, à charge de revanche : le petit bout de jeune fille n’a certainement pas dit son dernier mot, dans cette carrière débutante et pourtant déjà bien fournie. Rendez-vous dans vingt ans.

Mathilde de Beaune