0 Shares 2071 Views

Bronson

16 juillet 2009
2071 Vues
bronson1

 

Un opéra pop


D’une narration réduite au maximum, il focalise son récit sur la nature ambivalente de Michael Peterson. Exit donc les effets dramatiques et les justifications morales. Son “héros” n’est pas l’enfant monstrueux d’un trauma familial, mais simplement la résultante d’une colère tapie sous le vernis d’une middle class lénifiante. Evacué en l’espace de quelques plans, l’ « historique » de Michael Peterson laisse donc place aux exactions de son double, Bronson, adepte du corps à corps. Et sans concession, Nicolas Winding Refn filme ces ballets sanglants, soutenus par un score épique invoquant la marche funèbre de Wagner. La violence, bien que magnifiée par la caméra fétichiste du réalisateur, est immédiatement désamorcée par des ellipses absurdes renvoyant au caractère irrationnel des protagonistes. On pense alors au lyrisme morbide d’Orange Mécanique et à l’érotisation du mal déjà éprouvée chez Kenneth Anger. A l’opposé du style quasi naturaliste des Pusher, Nicolas Winding Refn réalise un opéra pop, usant de contre-plongées iconiques et de séquences d’animation.

 

 

L’anti « Hunger »

 

Mais le film est surtout une variation brutale du Vol… de Milos Forman. En narrateur omniscient, Bronson orchestre une accumulation de saynètes illustrant son glissement progressif dans la schizophrénie. Dès l’épilogue, il se présente en Groucho Marx inquiétant devant un théâtre imaginaire en contrechamp. Composé comme un anti “Hunger”, le dernier film de Nicolas Winding Refn bouscule la représentation traditionnelle de l’enfermement carcéral. Ici la prison est une scène, les codétenus, des spectateurs. Un jeu de faux-semblants qui s’achève dans un climax radical où Bronson reproduit sur le corps de sa victime un tableau de Magritte. Et la tension, latente depuis les premières images, de trouver son paroxysme.

 

Romain Blondeau

 

 

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=Oty72584I4E[/embedyt]

 

 

Bronson

 

De Nicolas Winding Refn

Avec Tom Hardy, Matt King

 

Sortie le 15 juillet 2009

 

Articles liés

“Les Paravents” à l’Odéon : sublimer les morts et les parias de la terre
Spectacle
430 vues

“Les Paravents” à l’Odéon : sublimer les morts et les parias de la terre

Dans un spectacle magnifique, Arthur Nauzyciel rend hommage à l’œuvre scandaleuse de Jean Genet, créée il y a soixante ans. Pour incarner quatre heures de performance intense qui nous fait voyager sur des montagnes russes, entre enfer et paradis,...

Après un beau succès en tournée et au Lepic, “Pour le meilleure et pour le dire” revient au Café de la Gare !
Agenda
827 vues

Après un beau succès en tournée et au Lepic, “Pour le meilleure et pour le dire” revient au Café de la Gare !

Après deux Festival d’Avignon en 2019 et 2021 et 50 dates de tournée et 3 mois au théâtre Lepic, “Pour le meilleur et pour le dire” revient au Café de la Gare à partir du 22 juin. Quand une...

“La Culotte” de Jean Anouilh, mis en scène par Émeline Bayart, à voir au Théâtre Montparnasse
Agenda
124 vues

“La Culotte” de Jean Anouilh, mis en scène par Émeline Bayart, à voir au Théâtre Montparnasse

Les femmes ont pris le pouvoir : elles souhaitent émasculer tous les hommes soupçonnés de phallocratie. Entre les cochons et les furies, les déviants ne sont pas toujours là où on les attend… Guerre des sexes terrifiante et cruellement...