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5 films pour découvrir le cinéma roumain

14 juillet 2016
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Sieranevada

 

Deux films roumains ont encore été présentés en compétition du dernier festival de Cannes, et sortiront en salles au cours du deuxième semestre 2016. L’occasion de se pencher sur ce cinéma qui fait parfois peur, mais dans lequel il n’est pourtant pas si difficile de trouver des pièces de choix…

Revenu bredouille du festival de Cannes, Cristi Puiu a néanmoins conquis la majorité de la critique lors de sa venue sur la Croisette. Le cinéaste avait déjà convaincu avec ses films précédents, La mort de Dante Lazarescu et Aurora, qui se distinguaient toujours par le contraste saisissant entre la longueur des longs-métrages (près de 3 heures à chaque fois) et la finesse de l’argument (une hospitalisation, un meurtre, un repas de famille). Mais il n’est pas le seul réalisateur roumain à s’être distingué depuis le début du siècle. Retour sur quelques cinéastes marquants, et sur leur film le plus conseillé…

 

1) 4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu

Palme d’Or au festival de Cannes 2007, le premier long de Cristian Mungiu est un objet exigeant et perturbant qui parle d’un pays contrarié par des années passées sous la dictature de Ceaucescu et, à travers lui, d’une femme qui cherche à se faire avorter. Le film peut être considéré comme trop glauque et manipulateur, mais il est également très impressionnant de par son propos et sa mise en scène. Pour commencer plus doucement, on peut aussi suggérer aux curieux de s’intéresser aux deux volets des Contes de l’âge d’or, films à sketches plutôt comiques autour de ces années socialement tristes. Le dernier film de Mungiu, prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes, sortira quant à lui début décembre.

 

2) Mardi après Noël de Radu Muntean

Après un Boogie prometteur, Muntean a séduit Cannes avec la présentation de Mardi après Noël en 2010, dans le cadre d’Un Certain Regard. cette histoire simple d’un homme trompant sa femme avec sa dentiste est d’une concision et d’une ironie absolument terribles, d’autant que la mise en scène (moins heurtée que celle de Puiu) est d’une totale maestria. Depuis, Muntean a réalisé L’étage du dessous, présenté lui aussi au Certain Regard, mais nettement moins apprécié, à tel point que sa sortie en salles est passée totalement inaperçue.

 

3) Policier, adjectif de Corneliu Porumboiu

Attention, grand monsieur. De 12h08 à l’est de Bucarest (Caméra d’Or 2006) au Trésor, sorti l’an dernier, Corneliu Porumboiu a tissé une oeuvre passionnante, aussi drôle que profonde, où chaque film est un véritable objet d’art, aussi accessible que singulier. Dans le cas de Policier, adjectif, c’est par une succession de filtaures policières que se crée un univers transformant peu à peu le polar en un genre de plus en plus existentiel. C’est peut-être le film le plus fascinant de toute cette vague roumaine qui a déferlé sur le monde du cinéma et des festivals depuis une quinzaine d’années.

 

4) Mère et fils de Calin Peter Netzer

Ours d’Or 2013, Mère et fils est le deuxième long-métrage de ce jeune réalisateur roumain qui combine lui aussi une totale exigence à une perversité sans nom. Le film suit une mère quinquagénaire qui se met en tête de sauver son fils, jeune adulte amorphe et inconséquent qui vient de tuer un jeune garçon en le renversant avec sa voiture parce qu’il conduisait bien trop vite. C’est là aussi un modèle de mise en scène et d’écriture, qui parvient à mettre en avant la médiocrité absolue de certains membres de l’espèce humaine.

 

5) California Dreamin’ de Cristian Nemescu

Mort avant la fin du montage de California Dreamin’, Cristian Nemescu n’aura pas pu recevoir lui-même lr prix Un Certain regard, décerné au festival de Cannes en 2007 par le jury présidé par la réalisatrice Pascale Ferran. Le film se déroule dans une gare située au fin fond de la Roumanie, où se retrouve bloqué un convoi transportant des équipements militaires de l’OTAN. D’où une comédie absurde et burlesque qui rappelle le No man’s land de Danis Tanovic par sa façon de dénoncer avec le sourire les horreurs absolues de la guerre.

Lucile Bellan


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À découvrir sur Artistik Rezo :
– Les films à voir en 2016

[Image 2016 © Wild Bunch Distribution]

 

 

 

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