Le quatuor Parisii à L’Espace Bellan
Comme toujours, les oeuvres et leur compositeur sont présentés dans leur contexte historique, d’abord jouées par extraits, puis sans interruption.
Tout est enseignement : pour illustrer son propos et former les jeunes, Marianne Vourch choisit de lire des extraits de la correspondance de Borodine. On apprend ainsi que le « compositeur du dimanche » « manquait de confiance » mais qu’il a reçu très vite le conseil salutaire de Frantz Lizt : « Suivez votre voie et n’écoutez personne ». L’auditoire a bien reçu ce message profitable qui l’ encourage personnellement à persévérer et à être confiant en soi.
Le quatuor n°1 en a majeur, oeuvre très gaie, a été clairement expliquée. Les enfants ont su deviner les petits elfes dans le brouillard, écouter les cordes caressées, imaginer les portes s’ouvrir… C’est très pédagogique car les enfants sollicités constamment avec plaisir, jouent le jeu de fermer les yeux et de distinguer les instruments ou de choisir une version.
Nous apprenons ensuite par une lettre de Tchaïkovski rédigée à l’âge de 10 ans, à sa gouvernante, en français dans une langue soignée, que le compositeur « ne laisse jamais le piano qui le réjouit quand il se sent triste ». On connaît ainsi l’homme plus intimement. Tous ces détails intimes marquent l’esprit et le coeur.
En effet, sa musique semble être le miroir de notre âme, de nos peines. L’Andante funèbre e doloroso, ma con moto, composée pour le deuil d’un ami violoniste, a été magnifiquement interprétée par le quatuor Parisii. Chacun a été sensible à la beauté de l’écriture du compositeur et imaginait l’oeuvre résonner dans une église, jouée toute la nuit de la mort de Staline…
Enfin, le concert s’est achevé sur le quatuor n°8 en ut mineur, largo-allegro molto de Chostakovitch. Oeuvre bouleversante d’une rare beauté. Artiste, témoin de son temps, héros naïf, à 20 ans le compositeur a décidé de rester dans le pays qu’il aimait tandis que tous fuyaient. Dans une des ses lettres, on retrouve la phrase suivante : « Vous me faites haïr ce que j’adore.» Le compositeur, terrifié, dormait paraît-il avec sa valise sous son lit, prêt à être emmené.
La fureur du compositeur jaillit des instruments et sa musique montre le tourbillon qui emprisonne l’être, témoin de son pays, de la souffrance de son peuple, de l’histoire, des juifs persécutés.
Une très belle après-midi de musique russe, riche en émotions et en qualité.
Marie Torrès
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