Samson et Dalila, drame passionnel aux allures de soap à l’Opéra
Samson et Dalila De Camille Saint-Saëns Mise en scène de Damiano Michieletto Avec Anita Rachvelishvili, Aleksandrs Antonenko, Egils Silins, Nicolas Testé, Nicolas Cavallier, John Bernard, Luca Sannaï et Jian-Hong Zhao En alternance à 19h30, 14h30 ou 20h30 Tarifs : de 5 à 210 € Réservation en ligne Durée : 2h50 avec deux entractes Opéra Bastille M° Bastille |
Signe d’une certaine nostalgie pour un répertoire injustement oublié, l’opéra biblique de Camille Saint-Saëns fait un flamboyant retour sous la baguette très inspirée du chef Philippe Jordan. Portée par des chœurs et des chanteurs remarquables, dont la magnifique Anita Rachvelishvili, cette production est mise en scène par Damiano Michieletto, dont on avait adoré Le Barbier de Séville, mais qui ici manque sans doute de grâce.
Une partition musicale brillante Avec Carmen et Faust, cet opéra est l’un des plus populaires du répertoire français. Depuis vingt-cinq ans maintenant, il avait pourtant disparu du répertoire de l’Opéra de Paris jusqu’à ce que Philippe Jordan, son chef attitré, le fasse revivre en pleine lumière. Et cela vaut le coup ! Dès l’ouverture, la richesse impressionniste de la partition, colorée comme une mosaïque de tonalités, un flux d’harmoniques pulsées comme les flots d’une mer agitée, emprunte ses références à Richard Wagner, à Gounod ou Massenet, créant des contrastes et des surprises pour mieux peindre les sentiments des personnages en présence. Avec notamment le duo amoureux très célèbre au deuxième acte, “Mon cœur s’ouvre à ta voix”, qui fait culminer une vibrante passion sensuelle. Un traitement très contemporain Débarrassant l’œuvre (1877) de ses oripeaux orientalistes, époque des voyages en Orient et des parfums et des couleurs cuivrés – Delacroix, Baudelaire –, le metteur en scène Damiano Michieletto place l’action du soulèvement des Hébreux contre les Philistins dans un décor gris béton, une espèce de sous-sol glauque où les esclaves juifs, en habits sombres déchirés, sont maltraités par des hommes en chemises blanches armés de Kalachnikov, gardes philistins brutaux et violeurs, puisque l’on n’échappera pas aux scènes de filles dénudées et de violence policière moderne. L’image n’est pas originale, mais les chœurs de l’Opéra de Paris, conduits par José-Luis Basso, sont remarquables. Une chambre érotique en suspension Au deuxième acte apparaît la chambre de Dalila, boîte rectangulaire en suspension, antre de la malédiction d’une femme vengeresse à la beauté fatale, chargée par les Philistins de percer le secret de la force magique de Samson. Réputée sorcière biblique, au désir vénéneux et terrible, l’héroïne apparaît ici partagée entre son désir de vengeance et son désir d’amour dans une posture plus romantique que l’image qui en est donnée par l’Ancien Testament. Du coup, Samson, maillot de corps d’un anti-héros contemporain et désabusé, héros populaire malgré lui, cède à la sensualité des corps par un don surprenant de lui-même, en se coupant une mèche de cheveux. Artistes remarquables Hélène Kuttner [Photos © Vincent Pontet-ONP] |
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