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Mustang – imposture ou révélation ?

29 novembre 2009
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Auteurs d’un premier disque (A 71) qu’ils décrivent eux-mêmes comme étant « pop et rock », les trois garçons au look improbable font preuve d’une certaine maturité et savent où ils vont. Avec l’arrogance en plus. En cette fin d’après-midi automnal, c’est avec une extrême gentillesse que Jean (chant/ guitare), Johan (basse) et Rémi (batterie) se livrent lors d’une interview, deux heures avant de se produire dans une salle rouennaise, le lendemain d’un concert au Nouveau Casino de Paris.

« Pas de succès soudain »

Artistik Rezo : Ce nom, Mustang, sonne très américain… Vos influences viennent-elles du pays de l’oncle Sam ?

Jean : Principalement américaines même si nous avons écouté de la pop anglaise et les Beatles en particulier…

AR : Expliquez- nous votre parcours jusqu’à la distribution par Sony music ?

Johan : On a d’abord signé sur un label qui s’appelle A-rag records. Il y a cinq ou six mois, nous avons eu un deal de distribution avec Sony…

AR : Que pensez-vous de ce succès soudain ?

Jean : Il n’y a pas de succès soudain. On a eu une signature, une bonne presse… Il y a certainement une bonne promo et les gens sont curieux de venir nous voir, je pense. Ce n’est pas un boom !

Johan : Ce n’est pas la folie.

Jean : Voilà, simplement la presse est bonne, elle est cool.

AR : Comment définiriez- vous ce premier disque ?

Jean : Pop.

Johan : Pop.

Jean : Pop et rock’n’roll.

Johan : Pas rockabilly. Pop parce qu’on a pas vraiment l’impression que c’est un trio qui joue…Tu as des instruments, des boîtes à rythmes, une production assez pop.

AR : On peut lire dans la presse que vous pensez avoir “les meilleures chansons que l’on puisse entendre en France”. Est-ce de la provocation ?

Jean : Je pense que certaines chansons de ce disque, pas toutes, sont à peu près ce qu’on peut trouver de mieux en France. Quand on fait les chansons, on croit que cela va être les meilleures chansons mais il y en a certaines qui sont vraiment très bonnes et je pense que c’est tellement désert pour beaucoup de choses qu’effectivement certaines ont ce statut là !

« La nostalgie ? Pas un filon pour nous »

AR : Avec les titres présents sur le disque, ne pensez-vous pas vous adresser plus à des nostalgiques des années 50-60 ?

Jean : Il y a effectivement des nostalgiques qui viennent nous voir en concert, mais il y a aussi pleins de jeunes, il y en a pour tout le monde.

Johan : Le public est assez varié. Hier au Nouveau Casino il y avait des jeunes et j’ai reconnu un mec avec qui j’avais discuté, un mec de soixante ans qui écoute à fond du rockabilly. Les gens sont très curieux quand ils voient nos dégaines. Il y a des vieux, des trentenaires, il y a vraiment de tout.

Jean : Ils peuvent être très déçus quand ils voient qu’on n’est pas rockabilly et qu’on a des machines… La nostalgie n’est pas un filon pour nous !

Johan : On fait cela au premier degré. On n’écoute pas la musique des années 50 avec nostalgie !

Jean: On ne rêve pas d’être dans une bagnole, d’aller au drive- in (rires). C’est peut- être cela qui, à la base, nous a fait aimer cette musique, mais cela n’a pas duré très longtemps…

MUSTANG_A71_Q30

AR : C’est un disque très autobiographique, non ?

Johan : Il y a des sujets comme Le pantalon, Pia pia pia… Des trucs qu’on a pu constater quand on était au lycée. C’est Jean qui écrit mais on a tous constaté…

AR : Chanter en français n’est-il pas un problème pour s’exporter ?

Jean : Si, mais dans l’immédiat, on a commencé par faire des concerts en France. On ne veut pas chanter autrement qu’en français parce qu’on ne maîtrise pas l’anglais. Je ne pense pas que l’Angleterre et que l’Amérique soient à l’ordre du jour. Maintenant, si on fait des chansons en anglais, on peut y venir !

AR : Resterez-vous en trio ?

Johan : Pas sûr. Pour le moment oui mais on prendra peut-être un autre guitariste à l’avenir. Il y a des morceaux de l’album qu’on a du mal à jouer en trio, qui sonnent toujours un peu maigre en concert…

AR : Que pensez- vous de la nouvelle scène rock française, aujourd’hui représentée par les Plastiscines ou les Second sex ?

Jean : Il y a à boire et à manger dans ces groupes-là. Les BB Brunes savent faire de bonnes chansons. J’aime aussi les Shades. En revanche, je ne connais pas vraiment les Plastiscines. Ce que j’ai écouté des Second sex n’était pas bien. Je les ai vus sur scène et ils ne m’ont pas impressionné. En tout cas, on a pas d’austérité vis-à-vis de la scène parisienne.

Johan : Soit ils font de la bonne musique ou de la mauvaise.

Jean : Globalement, on se sent – tout de même – plus proches de ces groupes-là que des mecs d’avant qui étaient mal sapés, sortaient des trucs un peu chiant. Il s’est passé un truc au début des années 2000. D’abord en Angleterre, après en France… Quelque chose d’un peu plus classe.

« On s’inspire des Ramones »

AR : A quoi ressemble un concert de Mustang ?

Johan : A un concert de rock’n’roll ! On enchaîne les morceaux, on évite de trop parler, on joue nos chansons du mieux que l’on peut.

Jean : Pour l’instant, on n’a jamais réfléchi à faire un show, un vrai truc. Maintenant je pense que les morceaux sont bons, les reprises aussi. On essaie d’en faire un maximum avec le temps qu’on nous donne.

Johan : Pour cela, on s’inspire des Ramones, on essaie d’enchaîner cash, sans changements de pédales à effets, fournir un maximum de morceaux, taper la discute avec le public (il nuance)… mais plus par la musique que par la parole.

AR : Vous reprenez, de temps en temps, J’aime regarder les filles. Cette chanson a-t-elle une signification particulière pour vous ?

Jean : C’est une grande chanson de rock’n’roll en français, il n’y en a pas beaucoup.

AR : Groupe préféré de tous les temps ?

Jean : Suicide.

Rémi: Stooges, Suicide.

AR : Disque préféré de tous les temps ?

Jean : Le premier Suicide, Raw power, le premier Velvet.

Johan : Il y en a plusieurs !

AR : Clermont-Ferrand, ville rock ?

Jean : Cela fait dix ans que cela bouge plus. C’est grâce à la Coopérative de Mai*. Il faudrait qu’on y retourne pour voir si il y a une scène.

Johan : Il y a des scènes différentes. Il y a la scène folk, garage, etc. Nous n’avons
jamais été dans l’une de ces scènes-là.

Jean : Il ne faut pas trop fantasmer quand même… C’est une ville comme les autres. Mais la Coopérative de Mai nous a beaucoup aidés. C’est les gens qui choisissent.

AR : Dernier mot ?

Réponse collégiale : Dernier mot ! (rires)

* Salle de concert basée à Clermont- Ferrand

Propos recueillis par Olivier Cougot

A lire aussi sur Artistik Rezo :
Mustang, sur la route du rock
Mustang – Tabou (sortie le 24 octobre 2011)

L’album « A71 » est dans les bacs depuis le 26 octobre 2009

www.myspace.com/legroupemustang

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