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Voix Espace, hommage à Kaija Saariaho par Jean-Baptiste Barrière

27 novembre 2009
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L’ensemble vocal Solistes XXI (Les Jeunes Solistes), créé en 1988 par Rachid Safir, couvre l’ensemble du répertoire de la polyphonie vocale de la renaissance à nos jours et s’intéresse aux techniques les plus modernes de composition, de diffusion ou de transformation électronique en temps réel. Pour le spectacle Voix Espace, créé à Madrid en novembre 2008, Rachid Safir a choisi de réunir différentes pièces vocales de Kaija Saariaho et les images de Jean-Baptiste Barrière en un spectacle poétique et visionnaire : « J’ai souhaité rendre hommage à la musique de Kaija Saariaho en lui dédiant ce concert monographique Voix Espace qui présente en alternance des pièces d’ensemble et de solistes avec électronique, informatique et vidéo. Cette musique, toute de poésie et de tendresse, est particulièrement séduisante pour qui aime la voix. Le compositeur, au-delà des techniques complexes rendues transparentes par une grande maîtrise, exprime toute l’étendue des sentiments humains et parle ainsi à chacun d’entre nous. L’utilisation des nouvelles technologies permet également d’adapter notre instrument polyphonique aux caractéristiques des lieux de spectacles actuels et de proposer au public une nouvelle écoute de cet art ; la voix peut ainsi être magnifiée dans ses utilisations les plus variées, aussi bien soliste que chambriste. La force du spectacle résulte de cette transdisciplinarité des arts qui est proposée au public. Le spectacle commence avec les saisons du Tag des Jahrs qui appartiennent au poète Scardanelli (Hölderlin), enfermé dans sa tour de Tübingen, suivi par Lonh qui chante au son de l’occitan, du français et de l’anglais un amour de loin. Puis vient l’heure nocturne où tout n’est que souffle et chuchotement avec Nuits, Adieux tandis que From the Grammar of Dreams nous plonge dans l’univers noir de la poétesse Sylvia Plath. Le spectacle se termine avec Echo ! dont la voix reste sans appel auprès du beau Narcisse. »

 

Sur la place de l’image dans le spectacle, Jean-Baptiste Barrière, compositeur et artiste multimédia, prévient : « Avant tout, l’image ne doit pas empêcher d’écouter la musique, comme c’est malheureusement le cas dans beaucoup d’expériences similaires. Elle ne saurait non plus être plaquée sur la musique, ou au contraire illustrative de la musique. Pas plus ne doit-elle procéder du commentaire sur ou autour de la musique. Elle doit donc se réaliser à travers son écriture propre, articulée formellement avec l’écriture musicale, procédant des mêmes idées ou techniques de composition, mais développées dans une autre dimension sensible, sans pléonasme ni antagonisme arbitraires, en interaction dynamique et évolutive. Chez Kaija Saariaho, la musique se déploie dans l’espace, avec en particulier l’usage récurrent de la spatialisation autour du public. Dans ce concert / spectacle visuel, la musique se déploie dans l’image, l’une devient le prolongement de l’autre. »

 

Kaija Saariaho a participé elle-même à l’élaboration de ce spectacle : « Rachid Safir et Les Jeunes Solistes ont construit avec Jean-Baptiste Barrière un programme riche et varié à partir d’une sélection d’œuvres de ma musique vocale. Ces œuvres ont été écrites sur une période de plus de vingt ans. Les textes proviennent de sources très diverses : poèmes et fragments de textes de Jaufré, Rudel, Hölderlin, Honoré de Balzac, Sylvia Plath, Jacques Roubaud et Alexandre Barrière. Ce sont tous des textes qui ont été importants à des périodes distinctes de ma vie. Ils témoignent de genres et de styles très différents, comme les musiques dans lesquelles ils s’inscrivent, elles aussi très contrastées, formellement et stylistiquement.

 

Dans le processus de composition, l’idée musicale est toujours première chez moi. Je cherche et choisis les textes en fonction des idées que je veux développer dans une pièce particulière. Ce concert / spectacle, avec sa dimension visuelle qui s’inscrit étroitement dans la continuité de mon écriture, propose donc un chemin, une traversée de mon œuvre, et témoigne de manière originale de mon parcours musical. Chanteuses et chanteurs se sont investis individuellement et collectivement dans ma musique avec un dévouement rare, sous l’inspiration sensible et éclairée de Rachid Safir. »

 

Propos recueillis par Christophe Ghristi,

Pour le magazine En Scène ! Le journal de l’Opéra National de Paris

A retrouver sur le site de l’Opéra National de Paris

 

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