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Suresnes Cités Danse : 25 ans, Scandale et Class’ Hip Hop

10 janvier 2017
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revolution

Suresnes Cités Danse

Du 6 janvier au 5 février 2017

Réservation en ligne
ou au 01 46 97 98 10

Théâtre Jean Vilar
16, place Stalingrad
92150 Suresnes

Navette gratuite : place Charles-de-Gaulle

Départ 45 mn précises avant l’heure de la représentation (ex. : départ à 20h15 pour 21h), avenue Hoche (entre la rue de Tilsitt et la place Charles-de-Gaulle), du côté des numéros pairs, à proximité de l’arrêt du bus 341

www.suresnes-cites-danse.com

Du 6 janvier au 5 février 2017

En vingt-cinq ans, le festival Suresnes Cités Danse a traversé toute l’évolution du hip-hop, en France et en Europe. Mieux : il a largement contribué à faire évoluer cet art chorégraphique vers une danse universelle, ouverte à tous les sujets, toutes les musiques, tous les arts… L’édition anniversaire souligne la dynamique et la richesse, dans une ambiance fraternelle.

En 1993, Olivier Meyer, directeur du Théâtre Jean Vilar à Suresnes, ouvre la première édition d’un festival qui invite les chorégraphes hip-hop dans une grande vitrine institutionnelle du paysage culturel français. Et dès la quatrième édition, il invite les chorégraphes contemporains à créer des pièces avec les B-Boys’n’Girls. Pour les danseurs du bitume, ce n’était pas sans poser quelques problèmes d’identité artistique. À quel monde appartiennent-ils ? Allaient-ils perdre leur authenticité, leur capacité à danser la révolte ?

Scandale ?

Certains ont voulu y voir un scandale, comme aujourd’hui où le débat fait rage autour de l’introduction d’un diplôme d’État pour la danse hip-hop dans les conservatoires. Mais en un quart de siècle, les choses ont fortement évolué. Le hip-hop fait pleinement partie de la grande famille chorégraphique, tout en conservant sa spécificité. Ballet classique ou hip-hop, public ou institutions, plus personne ne dénigre les qualités artistiques des chorégraphes issus des danses urbaines, des places urbaines et des terrains en friche. Les compagnies peuvent aujourd’hui travailler dans des conditions satisfaisantes et doivent une belle partie de ce progrès à Suresnes Cités Danse.

maclasshiphopcdr bdL’édition 2017 est le reflet de cette histoire. On y trouve des chorégraphes contemporains, d’autres qui ont fait tout leur parcours dans le milieu hip-hop et la nouvelle génération qui navigue allègrement entre les genres, créant au-delà de tous les stéréotypes du hip-hop ou de la danse contemporaine. On peut ainsi citer Jann Gallois, formée autant en break dance qu’en contemporain, et qui a été interprète chez Angelin Preljocaj autant que chez des chorégraphes hip-hop. Dans l’édition anniversaire, elle crée, après des solos et duos ultra-intelligents et sensibles, son premier trio. Elle partage la soirée, placée sous le sigle Cités Danse Connexions, avec Céline Lefèvre, pour sa part formée en ballet et hip-hop. Elle reprend son solo à succès, Ma Class’ Hip Hop, plein d’humour et en même temps une belle occasion de se familiariser avec les bases de cette danse.

Malentendu

Abou Lagraa est un chorégraphe contemporain qui est allé loin, jusque créer avec le Ballet de l’Opéra de Paris. Et pourtant, d’aucuns voient en lui un représentant de la culture hip-hop. Ils se trompent, mais sont excusés, car Lagraa a fait date dans l’histoire du hip-hop et de Suresnes Cités Danse en créant, en 2000, le trio Passage pour danseurs break. Dix ans plus tard, il mena une aventure avec des danseurs de rue algériens et créa Nya spectacle qui remporta le prix de la critique (en danse, pas hip-hop) ! À Suresnes, en 2017, il crée Dahkla, une pièce pour quatre breakers qu’il annonce “légère et positive”, comme un voyage à travers quatre villes portuaires, à savoir Alger, Marseille, Hambourg et New York, sur des musiques de Prince, Supertramp, Cheikh Liamine et du DJ électro allemand, Mike Dehnert.

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=TIXAPZ3zV2w[/embedyt]

reversible 3copygillesrondot bdÀ Suresnes, au cours des vingt-cinq ans, on a pu voir des créations de tout ce qui compte, en danse contemporaine : Blanca Li, Josette Baïz, Jean-Claude Gallotta, Régis Obadia Nathalie Pernette, Laura Scozzi, Christine Bastin, Emanuel Gat, Angelin Preljocaj, Pierre Rigal… Mais aussi des danseurs étoiles de l’Opéra de Paris. Car le ballet et le hip-hop savent dialoguer. Antony Egéa avait créé un Urban ballet pour lequel les interprètes de sa compagnie Rêvolution avaient rejoint une école de ballet. Aujourd’hui, il donne sa lecture de Les Forains, ballet historique créé en 1945 par Roland Petit sur une musique d’Henri Sauget. À cette partition originale se joint ici une création musicale de Frank2Louise, DJ et compositeur mythique.

Autre pionnier, Farid Berki avec sa compagnie Melting Spot, qui a eu l’honneur d’orchestrer le grand gala d’ouverture du festival. Avec L’Oiseau de feu, il montre que lui non plus n’a pas peur des pièces phares du classique. Il n’en est par ailleurs pas à son coup d’essai. De Stravinski, il a déjà maîtrisé Le Sacre du printemps.


Scandale !

Et puis, Scandale ! Tel est le titre de la nouvelle création de Pierre Rigal. Ce sera déjà la troisième création à Suresnes pour ce chorégraphe qui voyage beaucoup et se met au service de ce que les danseurs hip-hop ont envie d’exprimer, dans un esprit lucide face aux réalités sociales. Cette nouvelle pièce, prévue pour six danseurs et un percussionniste, joue avec l’idée du soulèvement. “Les danseurs vont scander. On entendra leur respiration et leurs rires”, prévient-il.

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Histoire de bien jouer le jeu de la fête, Andrew Skeels revient avec son Street dance club, spectacle phare de l’édition précédente. Ce chorégraphe américain est passé par le hip-hop pour devenir danseur classique aux Grands Ballets Canadiens ! Et il a chorégraphié pour des troupes de ballet européennes avant de créer, pour Suresnes Cités Danse, cette revue très entraînante, où l’univers du hip-hop rejoint le fameux Cotton Club new-yorkais des années 1920. Une autre façon de dire que le hip-hop, aujourd’hui, se définit par la rencontre…

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Et pour prendre la température de cette envie d’expérimenter, chez les personnalités issues d’un hip-hop “de souche”, il faut aller à la soirée avec Ousmane Sy, Bouziane Bouteldja et John Degois. Bouteldja présente son solo Réversible où il évoque les pressions des milieux religieux dans le monde arabe, exercées sur ceux qui cherchent à se définir au-delà des stéréotypes imposés des genres, des opinions et bien sûr dans le rapport à la religion. Une pièce très sensible et sincère, poétique et courageuse, pour laquelle il a reçu de sérieuses menaces de la part de milieux intégristes. La danse, c’est la fête, mais c’est aussi un combat…

Thomas Hahn

[Photo 1 © Pierre Planchenault / Photo 2 © D.R. / Photo 3 © Gilles Rondot]

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