“Nébuleuses” : un voyage mental surprenant
Nébuleuses D’Andréas Becker Adaptation, mise en scène et interprétation : Brigitte Mougin Jusqu’à fin janvier 2016 Tous les jeudis et vendredis Tarif : libre participation au chapeau Réservation Durée : 1h15 Le Khalife M° Pernety |
Jusqu’à fin janvier 2016
Voilà l’histoire d’une femme qui nous apprend qu’elle a été une petite fille pour devenir une adulte, pas comme une autre, surmontant une épreuve terrible dans un voyage mental surprenant. Devient-elle le jouet de son hypersensibilité ? Dans la construction dont Brigitte Mougin nous fait les témoins, cette femme touchante n’offre-t-elle pas son trop-plein d’amour pour les personnages qui jalonnent le récit : ses mère et père, son fils, son “institution”, son copain, et elle ? Elle, étoile perdue au milieu de cette galaxie de l’enfermement, s’invente sa propre histoire à partir de fractions de sa réalité. En adaptant et en jouant avec talent cette part de démesure, d’absurde et de rire au bord des larmes dont raffole visiblement Andréas Becker, auteur des Nébuleuses (Ed. La Différence, 2013), Brigitte Mougin nous démontre avec son exigence habituelle qu’elle peut aborder les auteurs contemporains les plus difficiles. Son adaptation, nous confie l’auteur lui-même, est absolument fidèle. Notons que c’est la première fois qu’Andréas Becker est joué au théâtre. “À la lecture de Nébuleuses”, nous dit la comédienne, “j’ai eu le même choc qu’avec le premier livre d’Andréas, L’Effrayable [Id., 2012]. J’ai été frappée par la façon très littéraire dont il peut déstructurer le langage et par sa noirceur optimiste qui sous-tend un texte qui est dramatiquement drôle et en conséquence très ouvert à l’interprétation”. On pense naturellement à l’humoriste suisse Zouc qui interprétait une série de personnages, issus en partie de ses observations en hôpital psychiatrique. Cependant, Brigitte Mougin ne joue pas son texte en hallucinée. Elle nous montre avec sa vérité de comédienne qu’il y a de la grâce dans cette femme que le destin désarticule. Nous voilà happés dans son univers ténébreux. Il y a de l’émotion et du rire rentrés dans des situations hors de toute raison. Cette distanciation par l’humour dont Hara kiri se faisait le champion a un nom, c’est de l’humour noir. Brigitte Mougin transforme le tout en amour noir. Le spectacle est joué dans une petite salle du XIVe arrondissement de Paris, Le Khalife. C’est le lieu de prédilection de la compagnie Les 3 Volets que Brigitte Mougin a fondée, où furent joués auparavant les spectacles de Jelinek ou de Nietsche. Depuis la rue, un escalier donne sur un ensemble de vieilles pierres, témoins du Paris chargé d’histoire, comme un lieu de théâtre coup de cœur comme l’étaient les caves à jazz des années d’après-guerre. Patrick DuCome
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