Massacre familial dans le Jardin d’Alphonse
Le Jardin d’Alphonse au Théâtre Michel
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Selon le principe que les enterrements donnent souvent lieu à un massacre en règle du vernis familial, Didier Caron, directeur du Théâtre Michel, met en scène sa nouvelle comédie champêtre. Chez les Lemarchand réunis durant cet improbable déjeuner, les mauvais esprits se sont réunis pour charger le ciel de révélations historiques. Ces nuages existentiels ressemblent à des cumulus qui dérangent beaucoup, mais qui nous réjouissent et laissent aux acteurs le délicieux plaisir d’exprimer leurs personnalités hautes en couleurs. Une famille formidableLa vérité est-elle toujours bonne à dire ? Lorsque Magali refuse à son père Jean-Claude l’évidence de l’héritage de la maison familiale sous prétexte qu’elle se pose des questions sur ses origines, son paternel esquive pour finalement lâcher le morceau. Indigeste ! Zoé, la concubine de Magali, y va pourtant gaiement avec les ondes négatives, les cris du vieil arbre souffrant, l’atmosphère frelatée du jardin du grand-père qui vient de disparaître. Les années de guerre affleurent, l’ombre de Pétain, et les silences de l’apéritif pèsent bien plus lourd que les tranches de saucisson. Une galerie de personnages Didier Caron écrit une très jolie pièce sur les dessous des tables familiales, avec la cruauté, l’humour et la délicatesse des fantaisistes qui font mouche avec le réel. On y côtoie un patriarche sensible (Michel Feder) entouré de son épouse (Christiane Ludot), de ses deux fils, le cadre très dynamique (Romain Fleury) et l’acteur raté (Arnaud Pfeifer) avec l’ex et la nouvelle femme des deux (Julia Dorval) en blonde allumeuse alcoolique. Sandrine Le Berre est frémissante dans le rôle de Magali, Véronique Viel sacrément drôle dans celui de Zoé. Quand à Didier Caron, il incarne le cardiologue époux de Suzanne, une juive séfarade explosive incarnée par la formidable Karina Marimon. Derrière les clichés, la vie La rivalité des frangins, les familles recomposées, le vernis des couples qui s’effrite derrière les apparences trompeuses, le miroir aux alouettes de la réussite sociale, la pièce égrène tous les thèmes chers aux comédies contemporaines avec une justesse et une sincérité qui font de certaines scènes des moments d’émotion très puissants. Bien sûr, l’auteur n’évite pas certains clichés, frôlant parfois la caricature, mais on se reconnait obligatoirement dans l’un de ces personnages aux excès si humains, aux fêlures si naturelles. Et on bouderait son plaisir de ne pas savourer le jeu et le naturel des comédiens tous très justes. Hélène Kuttner [Crédits Photos : © Franck Harscouet] |
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