Le Cas Blanche Neige – La critique
Howard Barker utilise la structure du conte des Frères Grimm, la tord, la façonne différemment, et fait de ce matériau immémorial une écriture d’aujourd’hui. Fasciné par l’univers des contes, Frédéric Maragnani s’est employé à l’inscrire dans un univers étrange, décalé et coloré, où le son fait sens et où les mots sont comme une partition musicale. Il présente aujourd’hui cette création à l’Odéon – Théâtre de l´Europe dans le cadre du cycle consacré à Howard Barker.
La critique
Une Blanche-Neige pas si blanche que ça, au Théâtre de l’Europe! – Critique
Ne vous trompez pas, parents bienveillants, en préférant encore endormir vos enfants avec la version des Frères Grimm ! C’est que, dans le Palais d’Howard Barker, fornication, cruauté et jalousie maladive arrivent bien en tête, bien loin devant le merveilleux et l’innocence apparente d’un conte.
Mais on aime, cette version brûlante d’une Blanche-Neige en tension, qui ne trouve pas sa place dans un Palais où les regards sont interceptés par une Reine aux déambulations éminemment érotiques, parfois obscènes. On aime, percevoir les méfaits d’un syndrome propre à cette Blanche-Neige résolument moderne, un syndrome né de la difficulté du passage d’un état d’enfance à une vie d’adulte sexuée, peut-être dépravée. On aime encore, finir par comprendre une odieuse marâtre, une Reine perverse dont on explique la concupiscente féminité comme corollaire à une trop douloureuse stérilité. Oui, il faut bien que l’on s’amuse, certainement cruellement, de la dépravation inévitable de ces deux là, et des autres, tout autour.
Un gros bémol tout de même : on déplore une mise en scène que l’on aurait voulue moins ordinaire. Le décor, épure acidulée, trouve sa place mais rompt avec la féerie du conte évoqué, en allant soit trop loin, soit pas assez, tout comme le jeu d’acteurs certes brillants, qui ne se lâchent qu’à demi ton.
Reste, que la lecture qu’offre Frédéric Maragnani de la pièce Le Cas Blanche-Neige est une bonne manière de découvrir un texte fort, poétique et terriblement actuel ! A voir, ne serait-ce que pour s’éprouver à l’auteur, à son « intention délibérée de créer un malaise dans le public, (…) un malaise qui est l’extrême inverse de l’apathie que le public ressent quand il est diverti ».
Christine Sanchez
Mise en scène : Frédéric Maragnani
Avec : Céline Milliat-Baumgartner, Christophe Brault, Laurent Charpentier, Marie-Armelle Deguy, Jean-Paul Dias, Isabelle Girardet, Patricia Jeanneau, Émilien Tessier, Jérôme Thibault.
Du 4 au 20 février 2009.
20h du mardi au samedi et 15h le dimanche.
Location au 01 44 85 40 40
Tarifs
Plein Tarif : 26 € Jeunes moins de 26 ans*, étudiant, RMiste : 13 € (Justificatif indispensable). Groupe : 22 € Groupes Scolaires* : 13 €* Demandeurs d’emploi : 15 €
Atelier Berthier : angle de la rue André Suarès et du Bd Berthier – 750017 Paris
Métro: Porte de Clichy
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