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Carine Montag

25 août 2009
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En bref …

L’envie de faire partie intégrante du monde culturel en général, et des arts en particulier, fait très tôt son petit bout de chemin dans la tête de Carine Montag. A sept ans elle découvre la danse classique, qu’elle pratique de façon assidue jusqu’à ses quinze ans. Elle a à ce moment là déjà découvert le théâtre et les planches. Elle entreprend néanmoins des études et débute parallèlement sa carrière de comédienne. Elle se retrouve à jouer dans Cyrano de Bergerac, sous la direction de Roland Jouve, puis suit des cours avec John Strasberg avant de jouer dans La Ronde, d’Arthur Schnitzler. S’ensuivent pour elle trois ans de tournée dans Le Tartuffe, ce qui lui permet d’affirmer son goût pour le répertoire classique. Après avoir suivi le cours Roland Jouve, elle rentre aux cours de la FACT (la Franco-Américaine de Cinéma-Théâtre) . Elle fait actuellement partie de la compagnie Roumanoff, groupe qui trouve sa force dans sa solidarité entre les membres. Mais elle ne s’arrête pas là. Pour aller plus loin encore dans la maîtrise de son métier et la partager, elle donne des cours de théâtre pour adultes amateurs au cours Clément. Elle nous parle ici du métier de comédien, ses inspirations, ses difficultés, ses interprétations.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire ce métier ?

Quand j’étais petite mes parents nous emmenaient à des spectacles de marionnettes une fois par semaine, on allait également beaucoup au cinéma. Je pense que l’attirance pour le théâtre est d’abord une question d’éducation. Ma sœur écrit depuis qu’elle est petite, elle écrivait des textes et je m’amusais à les jouer. Le fait de jouer la comédie a donc d’abord fait partie pour moi de mes jeux d’enfants. Ma sœur écrit aussi pour la jeune compagnie que j’ai montée, et c’est elle qui a écrit Troisième rêve à gauche, pièce dans laquelle je joue actuellement.

Tu as également fait un peu de mise en scène, comment te places-tu par rapport ce métier ?

J’en fais également, mais j’ai fini par dire non trois fois de suite à certaines mises en scène que l’on m’a proposé, pour ne pas finir par être cataloguée, ce qui arrive souvent dans ce métier. Le fait d’être catalogué comme metteur en scène peut finalement être dangereux pour un comédien. Je me contente donc de pratiquer la mise en scène environ une fois par an, car je suis avant tout une actrice.

Ces deux métiers te paraissent-ils compatibles ? Peut-on, pour toi, mettre en scène une pièce dans laquelle on joue ?

Ce sont deux métiers qui ne partent pas du même endroit. Le métier de comédien est organique, c’est la partie émotive de notre être qui agit. Dans la mise en scène, c’est le cerveau qui est mis à l’épreuve, l’intelligence. En tant que comédien, on a un côté marionnette, on doit être disponible. Le metteur en scène devient manipulateur avec ses marionnettes, c’est donc pour moi impossible de se manipuler soi-même, de se dédoubler à ce point dans un même travail.
De plus, un comédien, comme il se fait diriger, a besoin d’être immature, c’est pour cela que je trouve cela ingérable de pratiquer en même temps la mise en scène et la comédie. Comme on est manipulé en tant que comédien, il faut perdre son sens de la décision. On est actif sur scène en tant que comédien tout en étant passif. C’est l’inverse avec le metteur en scène qui devient passif au moment où le spectacle commence. C’est un peu le phénomène des vases communicants. Je ne pense donc pas qu’il soit compatible d’être en même temps metteur en scène et comédien pour une même pièce.

Comment réagis-tu par rapport au fait de te faire diriger, est-ce difficile de se plier entièrement aux volontés d’un metteur en scène?

Les metteurs en scène usent de plusieurs méthodes envers les comédiens. Pour ma part, elles me plaisent toutes. Certains peuvent me demander une très grande précision au niveau du son par exemple, exiger de nous un ton très précis, et de là découle notre jeu. Certaines personnes peuvent trouver cela flippant, mais moi j’aime bien. De toute façon, on trouve toujours sa liberté dans les limites que l’on nous pose. D’autres réalisateurs fonctionnent en nous expliquant ce que notre personnage ressent, et au fond cela revient au même que de diriger l’inflexion de notre voix de façon très précise. D’autres laissent un champ de manœuvre assez large, ce qui est très agréable, mais à condition que la seule indication donnée soit efficace, pour nous empêcher de dériver.

Comment se passe ta relation avec tes personnages ?

Notre personnage, sans être une partie de nous même, de notre personne, c’est comme une histoire d’amour passionnelle. C’est assez terrible d’abandonner son personnage, on a l’impression de l’avoir tué. On a donc réellement l’impression d’une dissociation.

Tu fais partie d’une compagnie de théâtre, et tu donnes des cours à des adultes amateurs. De quelle façon appréhendes-tu le groupe de théâtre, le fait de travailler ensemble à jouer la comédie ?

Je donne des cours à des adultes amateurs, au cours Clément. J’y apprends la mauvaise foi, le sophisme, le fait de défendre tout et n’importe quoi. Quand on ne peut pas justifier, on ne peut pas jouer. C’est d’ailleurs à partir de ce moment là qu’on apprend à pardonner, c’est pourquoi je trouve que ce métier, et le fait de le travailler en groupe, est quelque chose de très humain.

Le groupe de théâtre est intéressant en ce que c’est le seul groupe qui fonctionne de façon hétérogène et non pas homogène. Il réunit tous les âges, toutes les personnalités, tous les physiques, la diversité est une de ses conditions d’existence. C’est pourquoi on nous demande réellement d’avoir notre individualité dans le groupe, ce qui représente selon moi un réel privilège.

 

Propos recueillis par Sophie Thirion.

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