Nuit d’été – Manufacture des Abbesses
Edimbourg. Solstice d’été. Tout commence dans un bar. Héléna, avocate, attend son amant marié, Bob les clés d’un voiture volée qu’il est chargé de vendre. Ils ne se connaissent pas. L’homme infidèle ayant déclaré forfait pour une, sans doute énième, raison familiale, Héléna, désinhibée par l’alcool, invite Bob à une soirée de beuverie… et plus si affinités. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, une fois les vapeurs d’alcool dissipées, les protagonistes n’en restent pas là. Ils entament alors un week-end complètement barré qui, après les avoir conduits au lit (la scène d’amour la plus drôle jamais vue au théâtre !), leur fait rencontrer des gothiques, visiter un salon de bondage, dilapider une belle somme d’argent pour le plaisir… et rater un mariage.
Les auteurs l’ont écrite ainsi : c’est du théâtre (texte : David Greig) avec des chansons de Gordon McIntyre, tous deux Ecossais. Pourtant, précisent-ils, ce n’est pas une comédie musicale.
Le langage théâtral — belle traduction de Dominique Hollier — est aussi singulier qu’enthousiasmant. C’est une sorte de narration dynamique dans laquelle entrecroisent deux visions d’un même moment par deux êtres que tout semble opposer sauf la vacuité de leur existence et les doutes qui en découlent. Rythme effréné, humour caustique et ravageur -on n’oubliera pas de sitôt le dialogue de Bob avec son zob- sont parfaitement servis par Patricia Thibault et Renaud Castel. Justes, touchants et drôles, ils sont aussi des chanteurs et musiciens fort estimables.
Nous en venons donc naturellement aux intermèdes chantés… et là, c’est une autre affaire. Si certains ponctuent à merveille l’histoire qui nous est racontée — la gueule de bois par exemple — d’autres soulignent un peu lourdement les états d’âmes des personnages ou bien paraissent très éloignées de ce qui se déroule sur scène. Mais, pourquoi pas après tout ? Plus gênant par contre, les chansons cassent le rythme, interrompant l’action et sa dynamique sans pour autant apporter grand-chose à son déroulé.
Aussi ai-je passé une soirée en dents de scie… bien que vivement dopée par le ce texte et ces comédiens qui, sans conteste, requièrent à eux seuls votre venue.
Caroline Fabre
Nuit d’été
De David Greig, Gordon McIntyre
Mise en scène de Nicolas Morvan
Du 31 janvier au 24 février 2013
Jeudi, vendredi et samedi à 21h
Le dimanche à 17h
La Manufacture des Abbesses
7, rue Véron
75018 Paris
www.manufacturedesabbesses.com
A découvrir sur Artistik Rezo :
– Les pièces à voir à Paris en février 2013
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