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Ashes, entre chaos et merveille

3 mars 2009
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koen-augustijnen

 

 

Après bâche (2004), puis IMPORT/EXPORT (2007), ce chorégraphe flamand revient au Théâtre des Abbesses avec une création sublime, tendue dans la finesse d’une  énergie vitale donnée en nuances.
Un décor chaotique, futuriste peut-être,  se dresse à l’arrière, imposant mais discret.  Si l’avant-scène est l’espace premier d’évolution des danseurs, ceux là n’hésitent pas à fondre leurs corps mouvementés à l’irréalité du décor, à s’imposer sur le domaine en hauteur où  vivent d’abord des musiciens.
Ashes peut se vanter de se positionner avec justesse où la contemporanéité s’affirme sans refoulement d’un héritage classique. Le classique au contraire, se retrouve au fondement d’une œuvre qu’il soutient merveilleusement puisque la chorégraphie est déployée sur un choix d’arias de Haendel, arias rendues en live par de talentueux musiciens, le chanteur lyrique Steve Dugardin accompagné d’une soprano. De l’irrégularité du mouvement des danseurs hommes et femmes qui peuplent le plateau, le classique émerge encore ; il est là, sous-jacents et survient dans ce qui ressemble à des spasmes où l’inconscient rappelle à la mère des danses tout en s’en éloignant.
Au-delà des performances irréprochables des interprètes d’Ashes, c’est la transmission d’un onirisme résolument contemporain que l’on a envie d’applaudir au terme de la représentation. Ashes nous parle et parvient dans la langue du corps à ce qu’un texte très concret de théâtre n’arrive que rarement. Ashes nous raconte la vie dans ce qu’elle a de plus fascinant sans doute : l’instinct de survie. Les corps des danseurs montrent l’effroi, les sursauts, les chutes et  renaissances, les abandons, les pertes ou retrouvailles de soi, de l’autre. Et c’est beau d’admirer cette lutte nerveuse que mènent les danseurs, en cris et en sourire, seuls ou ensemble, mais pour la vie, toujours.
Une chorégraphie émouvante en laquelle puiser  des frissons de violence et de douceur, et où l’on se régale encore d’une noirceur qui n’altère pas le lyrisme, d’une douleur qui n’ôte pas l’espoir, d’une vivacité qui renaît toujours, jusqu’à la nécessité d’un crépuscule.
Christine Sanchez

Le Théâtre de la ville présente Ashes

Mise en scène : Koen Augustijnen
D’après des compositions originales de G.F Haendel.


Du 3 au 14 mars à 20 h 30

Location : 01 42 74 22 77
Tarif : de 12 à 23 euros.

Les Abbesses
31, rue des Abbesses
75018 Paris
Métro Abbesses

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