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Casimir et Caroline – Mains D’Œuvres

15 septembre 2011
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Casimir et Caroline - Mains D'Oeuvres

Munich. La fête de la bière. On s’y croirait presque tant l’atmosphère est bon enfant, populaire, chaleureuse. Vous rentrez dans cette salle et des inconnus vous accueillent en vous offrant un verre de bière, une saucisse piquée sur une fourchette pour les plus chanceux. Inquiet, le public cherche sa place, mais une banderole de sécurité empêche d’accéder aux banquettes…
Après un bain de foule et l’apéro, le monsieur Loyal de la soirée rompt la banderole et tranquillise les spectateurs qui se jettent sur ces sièges réconfortants. La musique baisse un peu, tout commence.

Un couple : Casimir et Caroline. Casimir vient de perdre son emploi, ce qui va provoquer toute une remise en question sur le couple, l’amour, la place dans la société, les priorités de chacun pour survire à cette dernière. Le début de l’éclatement du couple donne le feu vert aux rencontres improbables et à tous les excès.

Un autre couple se déchire pendant cette beuverie nationale: l’homme est violent, elle est rêveuse, soumise, comme abattue. Il y a Caroline qui utilise son pouvoir de femme sur des hommes mysogines, frustrés et tout puissants, et puis il y a la paysanne, baffouée et pourtant souriante. Enfin, la bimbo allemande, lassée de n’attirer l’attention que grâce à ses formes avantageuses. Trois archétypes de femmes, qui se débattent. Les hommes n’ont pas la vie simple non plus. Leur carrière fait ce qu’ils sont, et si le salaire est maigre, mieux vaut posséder une femme enviable.

Malgré des thématiques pesantes et des personnages peu épanouis, la pièce reste légère, drôle, et très rythmée. Le pathos ne vient jamais entacher la bonne humeur ni le désir de légèreté des personnages.

Le rythme de la pièce se révèle effréné et très efficace. La musique marque des pauses libératrices tant pour les comédiens que pour le spectateur, qui se reconnait dans ces danses compulsives, épileptiques et salutaires. Avec peu de moyens, les changements de décors sont variés, extrêmement bien gérés et les idées de mises en scènes originales. Il est vrai que la salle, un vaste gymnase à l’acoustique travaillée, offre un cadre favorable à l’inventivité. Le groupe ACM s’en est emparé avec finesse et créativité. En revanche, les milliers de caisses de bières présentes ne sont pas là pour décorer; les comédiens font passer des bouteilles dans le public durant tout le spectacle. On aurait presque envie de griller une cigarette et d’aller consoler la ptite mignone qui pleure sur son rustre de fiancé. Oui, le quatrième mur est totalement abolit, et cette fois-ci, on le sent vraiment, on expérimente l’idée de manière nouvelle et beaucoup moins intellectuelle. C’est terriblement bon !

Le jeu de chacun sonne juste,  notamment celui des deux petits vieux, pervers et vils, qui ressemblent respectivement à Michel Galabru et à Thierry Le Luron. Un duo d’ivrognes tout aussi navrants que tordants. Enfin, le ton général n’est pas au sérieux. Ils jouent avec la culture allemande populaire (on n’échappe pas au traditionnel 99 luftballons de Nena, par exemple!) mais le second degré ne nous empêche pas de comprendre le désespoir des personnages, leur incapacité/impossibilité à faire un choix épanouissant, leur difficulté à se comprendre les uns les autres. La dureté de la vie à certaine époque, dans un pays donné.

Louons la lecture subtile d’ Hélène François et Emilie Vandenameele de ce texte difficile, et courrons à Mains d’Oeuvres pour ce Casimir et Caroline rafraichissant et inédit.

Nathalie Troquereau

Casimir et Caroline

Texte d’Ödön Von Horvath
Mise en scène : Hélène François / Emilie Vandenameele 

Avec Raphaël Almosni, Alban Aumard, Lucrèce Carmignac, Eurydice El-Etr, Pierre-Louis Gallo, Jean-Louis Grinfeld, Vincent Marie, Paul Minthe et Lorraine de Sagazan

Dramaturgie : Cornélia Rainer // Scénographie : Soizic Bernard // Création musicale : Patrik Lerchmüller // Création lumière : Pascal Sautelet // Costumes : David Messinger // Assistance à la mise en scène : Camille Briffa // Régie son : Mathieu Vigier // Régie lumière : Laetitia Favret // Traduction : Hélène Mauler et René Zanhd (L’Arche Éditeur)

Du 13 au 24 septembre 2011 à 19h30
Relâche dimanche 18 et lundi 19 septembre

Durée: 1h30

Mains d’Œuvres
1, rue Charles Garnier
93400 Saint-Ouen

www.mainsdoeuvres.org

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