Titus-Carmel, la peinture à rebours
Dès les premiers pas effectués sous les arcades du très fraîchement restauré Collège des Bernardins, on est surpris, troublé par la démarche de l’artiste. En décomposant le retable du XVIe siècle en plusieurs morceaux, en isolant chacun des protagonistes, puis en les dessinant tantôt au fusain, à la craie, l’aquarelle, ou encore en mélangeant les techniques, il semble que l’artiste cherche à refaire les dessins préparatoires qui ont permis à Matthias Grünewald de peindre la Crucifixion. Pourtant il n’y a rien là d’une démarche d’historien, et d’une série de dessins à l’autre, la vérité se fait jour : en commençant par l’œuvre finie pour en reprendre les détails, Titus-Carmel nous expose une démarche artistique qu’il poursuivra durant deux années entières, de 1994 à 1996.
De l’étude à la création pure
En travaillant par séries de toiles , le peintre met en place un véritable processus d’évolution personnelle. Jean-Baptiste et son bras tendu, par exemple : durant trois mois, ce personnage sera l’objet de plus d’une quinzaine de toiles, variant parfois vers l’abstraction la plus extrême, allant de la figure torturée, mélangeant les techniques et alourdie par des collages, au simple trait de pinceau rouge, symbolisant sa tunique. Le visiteur prendra pourtant garde d’y chercher une simplification, une tentative de minimalisme. C’est au contraire par de multiples approches que Titus-Carmel exprime toute la complexité des émotions ressenties. Par qui ? Non plus uniquement par les personnages, mais à travers le traitement qui en est fait, par l’auteur lui-même. A ce moment précis de la visite, le promeneur éprouvera certainement le besoin de recommencer toute l’exposition, avec la conviction nouvelle qu’il non plus seulement confronté à une réflexion autour d’un thème, mais à une œuvre originale et cohérente.
Une invitation au questionnement
Dès lors, plus rien ne fait obstacle entre les séries présentées, présidées par une toile reprenant la scène complète de la crucifixion, et l’amateur d’art en quête de sens. Chaque courbe, chaque couleur, chaque absence peut faire l’objet d’une lecture croisée : le symbole chrétien rencontre le destin de l’artiste face à son œuvre. Le Christ en croix est-il l’expression d’une souffrance divine, ou n’y a-t-il pas là un mal très humain, développé avec tant de précision par Titus-Carmel qu’il en devient presque anatomique? Les réponses se font jour, aidées s’il le faut par l’excellent et très disponible guide, qui vous donnera avec talent les clefs d’un voyage exceptionnel au cœur des émotions humaines.
Matthieu Balu
Du 19/03/09 au 07/06/09
Ouvert tous les jours :
du lundi au samedi de 10h à 18h
dimanche de 14h à 18h
Nocturne :
le mardi jusqu’à 22h
Entrée Libre
Collège des Bernardins
20, Rue de Poissy 75005 Paris
Metro Cardinal Lemoine, Maubert-Mutualité
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